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| Histoire: | Les archives du Crédit agricole de Grandson retracent la naissance, la vie et la mort d'une institution bancaire régionale créée dans le Nord vaudois juste avant la Première Guerre mondiale.
Cette histoire commence en juillet 1911, à Grandson, à l'initiative de quelques notables de cette région . L'institution peut être lancée grâce à la participation financière de 29 membres fondateurs. Elle est inscrite au Registre du commerce sous le nom de "Crédit agricole du Cercle de Grandson, association à garantie mutuelle illimitée" .
"L'Association s'étend au territoire du Cercle de Grandson, soit aux communes de : Grandson, Champagne, Fiez, Fontaines, Giez, Grandevent, Mauborget, Novalles, Romairon, Vaugondry, Villars-Burquin.
Elle a pour but :
a) de procurer à ses membres les fonds nécessaires à leurs entreprises agricoles ou industrielles;
b) de leur fournir un moyen de placer à intérêt leur argent;
c) de constituer à leur profit un capital indivisible et inaliénable.
L'Associationpeut ouvrir une caisse d'épargne et s'occuper du commerce des matières premières, des produits agricoles et des articles de consommation réclamés par l'industrie, le travail des champs ou de la vigne." (Statuts adoptés par l'Assemblée générale de fondation, le 7 juillet 1911).
La création de cette banque régionale semble relativement tardive par rapport au développement de ce type d'établissements dans le canton de Vaud et à la phase de concentration opérée dans le secteur à partir des années 1912, avec l'absorption de la Banque d'Escompte et de Dépôt par la Société de Banque Suisse . Toutefois, cette nature d'établissement bancaire répond encore entièrement à un besoin existant dans cette région campagnarde relativement éloignée des centres urbains et mal desservie en offres de crédit. Le Crédit agricole de Grandson semble avoir toute sa raison d'être : "Dans un cadre d'activité locale, les diverses caisses d'épargne régionales indépendantes ontjoué un rôle très utile au sein d'unepopulation paysanne, artisanale et commerçante. Au nombre de neuf, réparties entre la Vallée de Joux, le Pays-d'Enhaut et le Plateau vaudois, elles reposent sur de solides bases financières; elles récoltent l'épargne de leur contrée et la redistribuent en crédits hypothécaires essentiellement." (Jean Golay, La Banque vaudoise au XXe siècle, Panorama des banques de 1900 à 1980, Renens-Lausanne, Edition FOMA, coll. Profil économique, 1982, p. 27.) En outre, cette institution se place dans le mouvement réactif qui émerge au début du XXe siècle avec l'apparition des Caisses Raiffeisen en 1902. Ce réseau va marquer fortement les mentalités par le lien entre les milieux campagnards et montagnards et ces établissements bancaires.
Le Crédit agricole de Grandson connaît une croissance rapide du nombre de sociétaires et de son chiffre d'affaires et en 1914 déjà l'établissement procède à une première révision de ses statuts. Il se transforme d'association mutuelle à responsabilité illimitée encoopérative à responsabilité limitée (régie par art. 27 du Code fédéral des obligations) et renouvelle son inscription auprès du Registre du commerce le 1er septembre 1914 sous sa nouvelle raison sociale. A cette occasion, l'établissement de Grandson se voit obligé de démissionner de la Fédération vaudoise des Caisses de crédit mutuel (système Raiffeisen) car les statuts des deux institutions sont devenus incompatibles.
En 1915, le Crédit agricole de Grandson devient intermédiaire pour le règlement des commandes de l'Union suisse des moulins agricoles, ce qui lui garantit une activité régulière et un revenu bienvenu à un moment où l'épargne se fait plus rare.
A la fin de la Première Guerre mondiale, on constate les premières discussions sur l'opportunité de la transformation de la coopérative en société anonyme. La direction de la banque juge en effet que l'administration est trop compliquée, que les exigences statutaires demandent un fonctionnement trop coûteux et que l'anonymat simplifierait les opérations d'enregistrement au Registre du commerce. Mais les sociétaires ne donnent pas de suite à ce processus de transformation.
En 1930, la coopérative procède à une recapitalisation financée par ses sociétaires. Une partie d'entre eux refusent de participer à cette opération et sont exclus l'année suivante (46 sur 165).
Trois ans plus tard, face aux difficultés inhérentes à la crise économique généralisée, l'assemblée générale écarte à nouveau la possibilité d'une transformation en société anonyme, ainsi que toute autre opération de nouvelle recapitalisation. Le choix pour essayer de sortir de cette situation délicate est porté sur l'utilisation d'une partie de la réserve spéciale en cas de pertes éventuelles.
En 1936, l'institution bancaire de Grandson fête ses 25 ans. Et cette même année, elle termine une phase importante dans les opérations d'amortissement, par le biais d'un fonds d'assainissement. D'autre part, elle doitfaire face à de nouvelles exigences fixéespar le nouveau cadre législatif donné par l'entrée en vigueur de la Loi fédérale sur les banques. Cette nouvelle loi exige que les comptes soient contrôlés par une société fiduciaire agréée. En l'occurrence, le Crédit agricole choisit l'Office Fiduciaire d'Organisation et expertises Romand SA, à Genève. Pour l'essentiel, l'état de la banque répond aux normes fixées par la loi. Mais un compte "liquidités" de 30'000 francs doit être constitué. La solution préconisée passe par la transformation définitive en société anonyme. Le Conseil d'administration est chargé de la préparer.
Le 1er janvier 1939, le Crédit agricole de Grandson devient une Société anonyme.
"Ensuite du décès du M. Léon Duvoisin, notre fidèle caissier et gérant depuis la fondation de notre Société, et de la difficulté de le remplacer, nous nous sommes vus obligés de renoncer à l'activité du Crédit agricole de Grandson comme banque régionale." (Lettre du Crédit agricole de Grandson à la Banque cantonale vaudoise, datantd'octobre 1948 (voir P Crédit agricole de Grandson 5), voilà l'explication donnée par les dirigeants de la banque au déclenchement du processus de dissolution décidé en 1947 par l'Assemblée générale de l'institution. D'autres facteurs ont dû contribuer également à cette décision. A preuve, les raisons invoquées par le Crédit Yverdonnois pour refuser l'offre de reprise adressée par l'établissement de Grandson :
1. la concurrence trop forte frappant cette région avec, notamment, l'ouverture de trois caisses de crédit mutuel (système Raiffeisen) dans "les trois meilleurs villages de la région" où le Crédit agricole a des activités;
2. plus de la moitié des certificats de dépôt sont aux mains d'une seule et même personne (Léon Duvoisin) et, vu son décès, la banque devra procéder rapidement au remboursement de cet argent afin de régler la succession;
3. on juge que le resserrement du marché de l'argent se poursuivra et que les perspectives d'évolution ne sont pas positives. (Lettredu Crédit Yverdonnois au Crédit agricole de Grandson, datant du 5 août 1948 (voir P Crédit agricole de Grandson 5).
Le 1er décembre 1948 la Banque cantonale vaudoise reprend les actifs, passifs, certificats de dépôts et livrets d'épargne et l'établissement de Grandson est mis en liquidation, auprès du Tribunal de district.
Le 12 août 1950, la dernière Assemblée générale de cette institution bancaire est réunie pour prendre acte et approuver l'ensemble des opérations de liquidation et constater la disparition définitive du Crédit agricole de Grandson.
EVOLUTION DU NOMBRE DE MEMBRES DU CRÉDIT AGRICOLE DE GRANDSON
(selon les Rapports annuels présentés aux Assemblées générales)
11.07.1911 : 29 (membres fondateurs)
31.12.1911 : 69
31.12.1912 : 154
31.12.1918 : 234
31.12.1921 : 222
31.12.1925 : 185
31.12.1930 : 165
31.12.1931 : 119 (46 exclusions)
31.12.1935 : 94
31.12.1939 : 42 (actionnaires)
NOTICES BIOGRAPHIQUES
Léon Duvoisin
12.08.1876 - 22.06.1946
Originaire de Bonvillars et Fontanezier, néà Grandson. Confession protestante.
Collège classique d'Yverdon (1886-1893), Ecole de Commerce de Lausanne, études à Stuttgart (1893-1895), études de droit à l'Université de Lausanne (1895-1901; président de Stella pendant deux semestres), stages chez les notaires Ney et Chatelan à Lausanne et Auguste Paschoud à Lutry. Brevet de notaire en 1901. Gérant (stagiaire) du Théâtre de Lausanne en 1901. Etablissement comme notaire à Grandson pour le cercle de Sainte-Croix le 1er janvier 1902. Greffier de paix (1906-1929); Conseiller communal (1902-1913); Municipal (1913-1925); député libéral au Grand Conseil (1929-1945). Administrateur de la fabrique de cigares Vautier, frères et Cie. Administrateur et président du Conseil d'administration de la Société Immobilière de Grandson (Hôtel Belle-vue au Mauborget).
" Caissier depuis 1911 de la Caisse de crédit mutuel agricole Raiffeisen. Un des plus grands propriétaires-viticulteurs-encaveurs du nord du canton. Il possède la montagne des Fauconnières, du port de 80 vaches, qui lui vient de son oncle le député Ernest Vautier, ainsi qu'une ferme de 60 poses. Il a pris de nombreuses initiatives dans sa région : améliorations foncières, création de routes forestières, etc. " (14.10.1931, périodique s.n. - ACV, dossier ATS, Duvoisin, Léon).
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Alfred Favre
16.09.1870 - 01.07.1928
Originaire et né à Provence. Classes primaires à Provence (1877-1886). Confession protestante. Agriculteur (dès 1886). Conseiller communal (1892-1911) et Municipal (1906-1911) de Provence; Député radical au Grand Conseil (1901-1911) pour le district de Concise; Préfet du District de Grandson (1911-1928). Capitaine d'infanterie. Conseiller de paroisse. Commission scolaire. Commission exécutive pour la correction et l'endiguement de l'Arnon. Commission d'apprentissage du district de Grandson. Funérailles à Yverdon-les-Bains avec les honneurs, gendarmerie, drapeau cantonal et discours desélus : Norbert Bosset, conseiller d'Etat, au nom du gouvernement vaudois; Foscale, préfet du Lavaux, au nom des préfets et Crosasso, syndic de Grandson.
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Arnold Mayor
1866 - 23.02.1954
De Novalles.
Syndic de Novalles (1909-1948). Juge de paix du cercle de Grandson (1907-1935). Membre de la Commission d'impôt mobilier pour le district de Grandson (dès 1919). Président de la Commission scolaire. Agriculteur.
Président de la Société romande d'apiculture. Membre et président du Comité directeur et de l'Assemblée générale de l'Union suisse des Moulins agricoles (1924). Membre du Conseil d'administration de la Société anonyme " Cibles à marqueur automatique ", à Yverdon. Membre de la Caisse d'Epargne et de Prévoyance d'Yverdon. Capitaine d'infanterie.
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Ulysse Rossier
1883 - 13.06.1962
Brevet d'instituteur pour l'enseignement primaire, remplacement à Payerne et nommé à Grandson en 1903. Retraite le 1er novembre 1938.
Conseiller communal et président du Conseil. Substitut du Préfet de Grandson (1945-1953).
Président de la Société des Amis du tir. Directeur de la Chorale. Inspecteur des denrées alimentaires. Membre du Comité directeur et président de l'Association du Pavillon de Chamblon.
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Henri Simon
27.10.1868 - 28.06.1932
Originaire de Ste-Croix. Né à Grandson.
Ecole industrielle cantonale à Lausanne (1880-1885). Technicum de Winterthour, (1885-1887).
Négociant à Grandson (dès 1888, reprend le commerce de sa famille).
Conseiller communal (dès 1899), Municipal (1897-1914), syndic de Grandson (1914-1920), député au Grand Conseil (1897-) et au Conseil des Etats (1901-1928, prés. en 1924), Conseiller d'Etat (Département des travaux publics, 1919-1932). Juge de paix (1895-1897).
Parti radical. Membre du Conseil d'administration de La Revue. Membre du Conseil général de la Banque cantonale vaudoise (1893-1931). Président du 1er arrondissement des CFF.
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David Vautier
1862 - 30.04.1914
Originaire de Le Châtelard.
Conseiller communal (1885-1914) et syndic de Grandson (1906-1913). Parti libéral.
Fabricant de cigares (maison Vautier frères et Cie, manufacture de tabac, cigares et cigarettes; présente à Grandson, Yverdon, à Chêne près Genève et en Allemagne; 400 à 500 employés).
Premier lieutenant d'artillerie. Conseiller de paroisse. Commandant du feu. Membre du jury de l'Exposition nationale suisse de Genève de 1896.
S'est suicidé suite à des difficultés importantes subies par sa fabrique et une séance des banques créancières (pertes en Allemagne et renchérissement de la main-d'oeuvre en Suisse).
RÉSEAU BANCAIRE DANS LE NORD VAUDOIS
(selon L'indicateur vaudois, annuaire)
Grandson
1911 : Crédit Agricole de Grandson ; Banque Cantonale Vaudoise ; Union Vaudoise de Crédit (une personne pour Yverdon-Grandson). 1936 : installation du Crédit Foncier Vaudois (et Caisse d'épargne cantonale).
Yverdon
1911 : Caisse d'Epargne et de Prévoyance d'Yverdon ; Crédit Yverdonnois ; Banque Cantonale Vaudoise ; Union Vaudoise deCrédit (une personne pour Yverdon-Grandson). 1923 : installation de la Banque Populaire de la Broye. 1936 : installation de la Société de Banque Suisse, Piguet & Cie et des Caisses de Crédit à Terme différé. 1943 : le Crédit Foncier Vaudois acquiert des bureaux propres.
Baulmes
1911 : Crédit Foncier Vaudois (et Caisse d'épargne cantonale).
Ste-Croix
1911 : Crédit Foncier Vaudois (et Caisse d'épargne cantonale) ; Banque Cantonale Vaudoise.
LISTE DES BANQUES ABSORBÉES PAR LA BANQUE CANTONALE VAUDOISE
Banque Commerciale de Lausanne; Banque d'Escompte Suisse, agences de Leysin et Villars ; Banque d'Escompte Suisse, succursale de Vevey; Banque de Bex ; Banque d'Epargne et de Crédit, Lucens; Banque et Caisse d'Epargne du Pays-d'Enhaut ; Banque Populaire de la Broye; Caisse d'Epargne Cantonale Vaudoise ; Caisse d'Epargne d'Aigle; Caisse d'Epargne de Morges ; Caisse d'Epargne de Ste-Croix; Caisse d'Epargne d'Orbe ; Caisse d'Epargne et de Crédit; Crédit Agricole de Grandson ; Crédit duLéman Vevey; Crédit Foncier Vaudois ; Crédit Mutuel de Ballaigues; Crédit Mutuel de Bassins-Le Vaud ; Crédit Mutuel de Begnins; Crédit Mutuel de Genolier ; Crédit Yverdonnois; Union Vaudoise de Crédit |
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