Ferdière (Gaston)

 

Données de base

IdentifiantFerdière (Gaston)
 

Infos de prov.

Zone d'identification

Type d'entité:Personne
Forme(s) autorisée(s) du nom:Ferdière (Gaston)

Zone de la description

Dates d'existence:1907 - 1990
Période d'existence:1907 - 11/12/1990
Histoire:Gaston Ferdière est né en 1907 à Saint-Etienne, fils de Cécile Riche et d'Auguste Ferdière, caissier de profession. Il perd sa mère, qui décède en 1926 d'une tumeur cérébrale bénigne. Il commence ses études de médecine à Lyon cette année-là, puis obtient en 1931 le diplôme de médecine légale et de psychiatrie. Ami des surréalistes, il publie quelques poèmes à leur attention. Il se marie avec Marie-Louise Termet, ce qui déplaît à son père qui l'exclut de la maison.
Il effectue ses années d'internat à Paris en neuropsychiatrie, à Villejuif en 1932, dans la section Henri-Colin, pour les aliénés criminels sous la direction du docteur Por'her, puis il consulte dans le service de neurologie de Jean Lhermitte, puis auprès de Joseph Rogues de Fursac (1872-1942). Parallèlement, il suit des cours à la Salpêtrière et à la Sorbonne, où l'enseignement du psychologue Henri Delacroix l'intéresse particulièrement. Dès 1934, il travaille à l'hôpital Sainte-Anne dans les services de Théodore Simon (1873-1961), puis deux ans dans celui de Paul Guiraud (1882-1974), dont l'ouvrage Psychiatrie du médecin-praticien publié avec Maurice Dide (1873-1944), retient particulièrement son attention. En 1937, il fait sa dernière année à Sainte-Anne dans la "Clinique des maladies mentales et de l'encéphale", auprès du professeur Henri Claude; il y rencontre Daniel Lagache, Claude Lévy-Valensi et Georges Dumas. Pendant les années 1930, il fréquente ses amis Breton, Eluard, et Benjamin Péret, qui lui montrent le livre Bildnerei der Geisteskranken de Prinzhorn. Il fait la connaissance de Michaux. Ferdière soutient sa thèse intitulée "L'érotomanie, l'illusion délirante d'être aimé". Jugé comme trop contestataire, car Ferdière avait écrit un recueil intitulé "Paix sur la Terre" et un poème dans le journal "Libertaire", le professeur Claude lui refuse le poste de chef de clinique. Ferdière travaille dans différents établissements, dont le dispensaire de Clichy, rue Fanny, aux côtés du docteur Louis Destouches, alias l'écrivain Louis-Ferdinand Céline.
En 1938, il s'installe à l'Asile de Chezal-Benoît, où il travaillera jusqu'en 1941.
On ne peut faire l'impasse sur les positions politiques et les activités syndicales que Ferdière a eues face à la guerre civile espagnole. A cette époque il rencontre Julian de Ajuriaguerra, qui s'était réfugié en France en 1933, de même que Théodore Fraenkel avec lesquels il soutient la lutte des républicains.
A cette époque également il créé plusieurs projets autour de la conservation et de l'étude des oeuvres des patients, dont les écrits, provenant de divers hôpitaux, constituent le fonds versé aux ACV.
Depuis l'été 1941, il travaille à l'hôpital psychiatrique de Rodez, avec les internes Jacques Latrémolière, puis également Jean Dequeker. D'un point de vue thérapeutique, en plus des cures d'insuline et des électrochocs, Latrémolière, qui, en tant que médecin de guerre avait appris la "narcoanalyse" auprès de ses confrères américains pratiquant en Allemagne, lui enseigne cette technique. Par la suite, c'est un négociant de Millau, Nel-Guy de son nom de guerre, qui lui enseigna l'hypnose, technique qu'il approfondit à la lecture de l'ouvrage de Léon Chertok (1911-1991).
Les années quarante sont celles de "l'horreur", comme l'écrit Ferdière, en raison des conditions si difficiles dans lesquelles vivent les malades, souffrant de la famine contre laquelle il lutta avec les moyens à disposition (marché noir, etc.). Fustigé à maintes reprises après la guerre car il avait "soumis Artaud à la torture des électrochocs", rappelons cependant que le poète sous-alimenté avait repris un peu de poids à Rodez et que, stimulé par son médecin, il s'était remis à écrire.
Dans le champ de l'art et de la psychiatrie, Ferdière présente l'art des patients de Rodez dans le musée Denys Puech. C'est également en 1945 que se rencontrent à Rodez Dubuffet et Ferdière, qui transmettra au fondateur de l'art brut quelques indications et des adresses utiles. Ferdière avait effectué en 1944 un voyage en Suisse, où il avait rencontré Jung, Steck, Ladame, le dessinateur Géa Augsbourg et le poète Charles-Albert Cingria. Trente ans plus tard, il sera l'invité de la Clinique psychiatrique universitaire de Cery, où il défend l'expression artistique sous toutes ses formes, que les auteurs soient schizophrènes ou pas.
Au cours de l'été 1948, la famille Ferdière quitte Rodez, Hôpital qui sera définitivement fermé puis détruit. N'ayant pu obtenir de poste à Paris, c'est à Anglet, dans le pays basque, qu'il ouvre son cabinet privé où il consulte jusqu'en 1961. De retour à Paris, où il a ouvert un cabinet privé, il consulte également au dispensaire de la policlinique d'Aubervilliers, à la Mutuelle générale de l'Education nationale, à Henri-Rousselle et au sanatorium de Chevilly-la-rue. Parallèlement, il assiste à des congrès au cours desquels il donne des conférences et il publie de nombreux articles.
En 1957, dans le cadre du IIème Congrès international de psychiatrie, il est discutant avec Robert Volmat et Christian Muller pour le symposium intitulé: "The utilisation of spontaneous art in relation to the problems of schizophrenia", session où Hans Steck donne une conférence au sujet de la production picturale d'Aloïse. Quelques années plus tard, en 1964, il est cofondateur de la Société française de psychopathologie de l'expression, où il prononce l'intervention intitulée "Introduction au monde d'un schizophrène". Cette année-là, dans un autre colloque, à l'occasion de la conférence intitulée "Le diable et la psychiatrie", il affirme qu'en tant que psychiatre, "il n'est pas cantonné dans ce camp si fréquemment stérilisant qui s'appelle la psychanalyse".
Sur le plan de sa vie privée, il épouse Simonne Lenseigne en 1942; elle lui donne deux enfants. Elle décède en 1967. La même année, Jeanne Graverol, artiste-peintre qui allait devenir la future compagne de Ferdière, fit une exposition à Paris à laquelle était également présent le spécialiste des "fous littéraires", à savoir André Blavier. Depuis les années soixante, Ferdière fréquente de nombreux artistes à Paris, que ce soit Unica Zürn et Hans Bellmer, Man Ray et son épouse, de même que certains membres du Collège de Pataphysique et de l'Oulipo. Il voyait régulièrement André Martel, qui avait été trépané pendant la guerre de 1914-1918, comme le rappelle Ferdière. Martel écrivait en "paralloïdre". Ensemble, ils écrivirent "une communication à la société Médico-psychologique, suggérant la création d'un office international des néologismes. Il rendait également visite au philosophe Gaston Bachelard, domicilié à la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.
Sur le plan sociopolitique, apprenant en 1971 comment les opposants au régime soviétique étaient traités, à savoir internés de force, ils organisèrent, sous l'impulsion du mathématicien Léon Schwartz, soutenu par la Ligue des droits de l'Homme, par Amnesty international et par des délégués politiques, un meeting de soutien à Leonid Plioutch, à la Mutualité. Le dissident fut ensuite libéré. Ami de longue date de Lucien Bonnafé, il exprime l'admiration pour ce camarade de combat. Ne partageant pas son engagement politique il écrit "qu'il ne désespère pas de voir un jour le parti communiste totalement déstalinisé".
Depuis 1976, il habite dans une maison à Héricy, qui deviendra un "véritable musée de l'insolite". En plus des collections d'écrits de patients, des oeuvres de Forestier, il y a un dessin de Wölfli, des dessins de malades restés anonymes et des oeuvres de trois auteurs qu'il avait remarqués avant Dubuffet: il s'agit de Gaston Chaissac, Guillaume Pujolle et Raphaël Lonné.
Comme en témoigne Roumieux, voici quelques événements des années soixante-dix et suivantes: en 1976, Ferdière, devient le président de l'Evolution psychiatrique. En 1979, Roumieux et Ferdière passent une soirée avec les descendants des familles Zola et Dreyfus, à la suite de l'inauguration de l'exposition organisée à la Bibliothèque municipale de Neuilly-Plaisance. En 1983, ils assistent ensemble au Premier colloque organisé à Bonneval par la "Société Internationale d'histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse".
Dans les années quatre-vingt, Ferdière donne une conférence au Mexique sur Artaud, puis il participe à une exposition consacrée au poète, à Rodez. Il nourrit le projet d'écrire un livre sur le surréalisme et le délire.
Le 11 décembre 1990 au matin, Ferdière décède à son domicile d'Héricy, à l'âge de 83 ans.

(Biographie écrite par Florence Choquard pour les besoins de sa thèse Le regard d'un psychiatre sur les écrits de la folie : la carrière de Hans Steck à l'Asile psychiatrique de Cery (1920-1960), 2 vol., Lausanne : [s.n.], 2012)

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