Paillard-Hermes-Precisa

 

Données de base

IdentifiantPaillard-Hermes-Precisa
 

Infos de prov.

Zone d'identification

Type d'entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Paillard-Hermes-Precisa

Zone de la description

Histoire:Fondée en 1814 à Sainte-Croix, l'entreprise "Paillard et fils" se consacre tout d'abord à la fabrication de boîtes à musique avant de se lancer au début du 20e siècle (1918 environ) dans la production de machines à écrire. Les motifs de ce changement de production sont essentiellement d'ordre patriotique. En effet, la Suisse importe à l'époque la totalité de ses machines à écrire qui proviennent principalement d'Allemagne et de France, deux nations perçues comme menaçantes au sortir de la Grande Guerre. Il y aussi la constatation d'un véritable savoir-faire local en matière de mécanique de précision, alors nécessaire pour la fabrication de machines à écrire de qualité.

C'est donc tout naturellement que l'entreprise se lance dans ce nouveau défi industriel et sort une première machine sur le marché : la "Hermès numéro 1" dont la fabrication a lieu à Yverdon dans une usine nouvellement construite. Ce premier produit connaît un succès assez modeste en Suisse (malgré le slogan : "la machine à écrire suisse") et souffre de nombreux défauts par rapport à la concurrence, on lui reproche notamment un manque de fiabilité et de maniabilité. Il est néanmoins décidé de sortir un deuxième modèle, appelé logiquement "numéro 2" qui connaît un peu plus de succès. C'est au milieu des années 30 qu'a lieu la véritable explosion commerciale de l'entreprise. C'est en effet à cette époque-là qu'un ingénieur italien, G. Prezioso, invente et perfectionne un modèle qui va instantanément connaître un succès planétaire : l'"Hermès Baby". Il s'agit d'une des premières machines portables. Elle est d'une dimension encore étonnante de nos jours et se révèle particulièrement robuste et fiable.

Les ventes de l'Hermès Baby contribuent à l'essor de l'entreprise qui s'appuie également sur sa branche cinéma (Bolex). Elles justifient l'engagement de nombreux ouvriers à Sainte-Croix et à Yverdon. Les structures administratives doivent être adaptées. Chaque séance du conseil de direction (constitué des directeurs de départements et d'un directeur général qui dirige le tout et fait le lien avec le conseil d'administration) et chaque conseil d'administration font l'objet d'un procès-verbal détaillé en plusieurs exemplaires . Ce véritable trésor historique est arrivé presque intact jusqu'à nous et la consultation de tous ces documents s'avère particulièrement éclairante sur la politique de l'entreprise. On met également en place une structure sociale assez généreuse pour l'époque : les employés (féminins et masculins) disposent d'une assurance maladie, d'une assurance-chômage, d'une caisse de retraite et d'invalidité et d'une assurance accidents.

Chaque assurance est dotée d'un règlement précis et de comptes rendus périodiques au conseil d'administration. La lecture des registres des accidents survenus aux employés et des maladies dont ils souffraient donne une bonne idée de la vie quotidienne des habitants de Sainte-Croix au milieu du XXe siècle. La période 1936-1960 (environ) peut être considérée comme l'âge d'or de l'entreprise, qui change de nom et devient "Paillard S.A.". Les nouveaux modèles régulièrement lancés sur le marché connaissent pour la plupart de gros succès et assurent à PSA des finances florissantes. Pour expliquer ce succès, on peut penser qu'outre la qualité de ses produits et la réputation de sérieux helvétique, l'entreprise bénéficie de conditions particulièrement favorables. En effet, la Suisse sort intacte de la Deuxième Guerre mondiale et peut se lancer directement dans une production industrielle de qualité sans avoir à affronter une phase de reconstruction particulièrement longue et pénible. Toujours est-il que PSA diversifie sa production. Outre les machines à écrire, elle se met à fabriquer des caméras et des projecteurs sous la marque "Bolex" et ouvre bientôt une troisième fabrique à Orbe. Le début des années 1960 est également le théâtre de l'absorption par PSA d'une autre entreprise importante de la région de Sainte-Croix : Thorens S.A. Cette absorption s'imposait pour PSA qui cherchait avant tout à éviter l'arrivée d'un concurrent sur le marché du travail à Sainte-Croix, attitude typique pour l'époque. Les principaux produits de Thorens SA étaient les boîtes à musique et les chaînes de haute-fidélité (comprenait notamment des tourne-disques de grande qualité, fabriqués par l'entreprise elle-même). De son côté, PSA avait abandonné de longue date la fabrication de gramophones, mais avec la reprise de Thorens SA, s'est retrouvé dans cette branche d'activité. PSA s'est immédiatement défait des autres producteurs de Thorens : boîte à musique, briquets, etc., puis, peu d'années plus tard, a cédé la branche des tourne-disques à une entreprise allemande, sise en Forêt-Noire, car, d'une part, ce secteur d'activité était peu rentable, et, d'autre part, le développement de nouveaux produits dans une troisième branche, à côté du cinéma de la mécanographie, dépassait ses forces.

PSA vient également de fusionner avec une entreprise dont elle détient une partie importante du capital depuis de nombreuses années : Precisa A.G. à Zurich. Cette dernière entreprise fabrique des produits qui seront parmi les vedettes du groupe : des machines à calculer. La bonne santé commerciale se répercute évidemment sur le moral des employés et sur l'ambiance interne. On organise des sorties d'entreprise et un journal interne est édité qui se révèle particulièrement éclairant sur la vie quotidienne de PSA.

Malheureusement, cette période dorée ne durera pas. En effet, l'évolution technique de la branche s'accélère et en coulisse se prépare une révolution que les dirigeants ne verront pas venir : l'électronique. Mais les problèmes de l'entreprise commencent de manière plutôt discrète. On abandonne tout d'abord la production d'appareils musicaux, devenus peu rentables. Puis c'est au tour du secteur cinéma de connaître des problèmes. Ici, les causes du déclin sont assez claires : les entreprises japonaises arrivent sur le marché avec des produits d'une qualité presque égale pour des prix beaucoup plus bas . Tout est fait pour garder quelques parts de marché, mais il faut bientôt se rendre à l'évidence, la production de caméras et projecteurs n'est plus rentable. PSA se sépare alors de la marque "Bolex" qui devient indépendante avec la création de Bolex S.A. qui reste néanmoins une filiale de PSA jusqu'en 1970, date à laquelle la majorité des actions est cédée à Eumig (basée à Vienne).

Dans le domaine des machines à écrire, le déclin est beaucoup plus lent. En effet, PSA a encore les ressources nécessaires pour racheter en 1967 la Société Belfortaine de Mécanographie en France, société faisant partie du puissant groupe Japy qui se chargera de produire des machines "Hermès" sous licence. Cette façon de faire produire des machines par d'autres entreprises est révélatrice de la volonté de PSA de baisser ses coûts de production en faisant effectuer une partie du travail à l'étranger où la main d'œuvre est moins chère. A titre d'exemple, on fait produire des machines en Hongrie, en Inde.
La concurrence se faisant plus agressive, on essaie également de changer la manière de diriger l'entreprise. Des séances de direction sont organisées plus fréquemment, mais elles ne font plus nécessairement l'objet de procès-verbaux détaillés. On essaie aussi de donner plus de moyens à la recherche et au développement pour essayer de rester à la pointe de la technique. Néanmoins le développement coûte cher et la durée de vie d'un produit est limitée. En effet, la production est à peine lancée qu'un concurrent lance une machine plus perfectionnée sur le marché, et le temps manque alors pour rentabiliser les investissements consentis. Il y a aussi le fait que les machines électroniques ne peuvent pas se vendre aussi cher que les machines purement mécaniques puisque leurs composantes sont très bon marché.

En résumé, pour qu'un produit soit rentable il faut le produire en grande quantité et très rapidement pour en vendre beaucoup avant les nouveaux modèles lancés par les concurrents. Parallèlement à la dégradation des affaires, on assiste à une dégradation du climat social. PSA connaît un arrêt de travail de quelques heures seulement, provoqué par l'annonce maladroite de la diminution du montant modeste appelé pompeusement "participation au bénéfice", qui était versé après l'assemblée annuelle des actionnaires, peu avant les vacances d'été. La direction de l'entreprise revient en arrière sur sa décision, l'affaire se terminant par un arbitrage au Tribunal fédéral, à Lausanne.

A l'étranger, l'entreprise change également se manière de faire du commerce. Avant, on accordait à un représentant national le droit de vendre des machines "Hermès" et on lui laissait le soin de régler les détails avec ses agents répartis sur le territoire. Cette manière de faire, qui donnait d'assez bons résultats en temps de croissance, n'est désormais plus satisfaisante. Pour améliorer le rendement, on crée alors des agences nationales, qui sont des sociétés anonymes dirigées directement par le siège social d'Yverdon. Malheureusement, ces efforts, bien que conséquents, se révèlent inutiles pour retrouver des résultats satisfaisants. Ainsi, dès le milieu des années 70, le conseil d'administration, présidé par Alfred Gisling et comptant en son sein comme administrateur délégué F.W. Meyer, cherche un partenaire puissant capable d'épauler l'entreprise, qui s'appelle désormais "Hermès-Precisa International S.A.". Après plusieurs pistes infructueuses, on retient une solution européenne en la personne du fabricant italien Olivetti, et, en 1981 lors d'une assemblée générale houleuse, ce dernier acquiert la majorité du capital de HPI. Les opérations financières accompagnant cette reprise sont pour le moins douteuses (à l'époque on parle même de délit d'initiés) et provoquent la démission de certains administrateurs. En effet, en 1981, deux administrateurs (F.W. Meyer et P. Uldry) détiennent environ 40 % des actions HPI et l'offre d'achat n'intervient que sur leurs actions, laissant les petits actionnaires avec la désagréable impression que l'opération a eu lieu dans leur dos. De plus, le prix auquel les actions sont rachetées par Olivetti n'est pas rendu public, accentuant encore le malaise général.

Cette opération sonne le glas de l'indépendance de l'entreprise d'Yverdon. Les activités industrielles cessent à Sainte-Croix et sont cédées à une entreprise régionale : Lemo S.A., le parc immobilier est peu à peu vendu et enfin l'usine d'Yverdon et la marque "HPI" sont vendues par Olivetti à un certain Werner K. Rey, qui connaîtra lui aussi une débâcle financière retentissante durant les années 90. C'est ainsi que prend fin tristement l'histoire d'un des fleurons industriels suisse.

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