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| Histoire: | D'une association à une fondation
Voici en quels termes la Fondation Vaudoise du Patrimoine Scolaire (ci-après FVPS) se présente sur son site : "En 1982 s'est créée à Yverdon-les-Bains, l'Association du Musée de l'Ecole et de l'Education. A cette époque, le renouvellement rapide des méthodes pédagogiques, la profusion des nouveaux moyens et la recherche de locaux nécessitée par la croissance de la population scolaire occasionnaient l'élimination massive de matériel scolaire devenu encombrant. Un groupe de personnes, en majorité des enseignants, s'est ainsi donné pour tâche de conserver et de mettre en valeur ce qui pouvait être sauvegardé de ce patrimoine. Tâche ambitieuse, puisqu'il ne s'agissait rien de moins que la création d'un musée.
La collection a pris très vite de l'ampleur. Il n'y a jamais eu à proprement parler de campagne concertée pour la récolte du matériel : le bouche à oreille produisait un afflux de dons irrégulier, mais si abondant que les bonnes volontés, seules ressources de l'Association, suffisaient à peine à les enregistrer.
Peu à peu, l'idée de créer un musée s'est effacée au profit d'une mise en valeur au travers d'expositions et d'une mise à disposition de la collection pour des recherches ou des prêts. Enfin, le constat que le bénévolat ne fournit ni les forces ni les compétences pour une saine gestion du fonds, a amené à la décision de constituer une fondation. C'est ainsi qu'est née, en novembre 2000, la Fondation vaudoise du Patrimoine scolaire."
Cet événement a été envisagé comme une étape significative dans une démarche de collecte et de conservation entreprise dans la spontanéité depuis le début des années 1980, démarche qui se poursuit dès lors selon des principes plus réfléchis et plus systématiques. Il a permis aux directeurs des Archives cantonales vaudoises et du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, de faire partie du Conseil.
Le Musée scolaire cantonal
"La FVPS est en fait l'héritière lointaine et providentielle du Musée scolaire cantonal à Lausanne (1901). Mais la filiation n'est pas linéaire et l'on observe un long intermède d'abandon, à l'instar de ce qui s'est produit en Suisse et à l'étranger. En effet, les nombreux musées scolaires créés dans la seconde moitié du XIXe siècle, à la suite du développement de l'instruction publique (primaire, secondaire et professionnelle) et des équipements scolaires (architecture, mobilier, matériel pédagogique) ont pour la plupart périclité au cours du XXe siècle. A cette première génération de musée ou de collection scolaires, soucieuse de rassembler de la documentation professionnelle, succède une seconde, née des bouleversements de l'école traditionnelle dans les années 1970, en vue de sauvegarder un patrimoine historique."
Le Musée scolaire cantonal, créé par décision du Département de l'instruction publique en 1897, est inauguré et aménagé, le 14 juillet 1901, à l'occasion du Congrès de la Société pédagogique romande, dans les combles du bâtiment de l'Ecole normale qui vient d'être construit à Lausanne, Place de l'Ours. Il hérite d'une partie du matériel des expositions de Paris (1889) et de Genève (1896), ainsi que celle du Congrès pédagogique romand (1889). Il recevra en outre de nombreux dons et fera l'acquisition du reste de son matériel. Il est destiné aux instituteurs pour le prêt de matériel pédagogique et aux commissions scolaires. Lorsqu'il s'agit de transformer le bâtiment de l'Ecole normale, dont l'effectif des élèves a doublé dans les années 1950, le constat suivant est fait : "Les combles de l'Ecole sont actuellement occupés par les collections du Musée scolaire et de la Centrale de documentation scolaire. Les premières ne présentent plus guère d'intérêt : elles donnent une image de l'école telle qu'on la concevait au début du siècle ; leur suppression peut être envisagée sans regret." (Bulletin des séances du Grand Conseil, 13 novembre 1957, p. 266).
La Centrale est installée en 1958 à l'avenue de Beaulieu 9, avec ce qui reste du Musée scolaire. D'autres avatars suivent jusqu'à ce que les vestiges des collections du Musée scolaire et de la Centrale de documentation, propriété de l'Etat, soient sauvegardés par dès les années 1980 grâce à l'initiative privée.
Les activités de l'Association de l'école et de l'éducation. De la collecte débridée
Le dernier quart du XXe siècle aura constitué une période de turbulences pour l'école. Non pas que celle-ci n'ait pas connu de transformations au cours de son évolution antérieure, mais la croissance démographique, la prospérité économique, l'avancée des technologies de la connaissance et de communication, l'explosion des sciences humaines se sont conjuguées pour lancer l'institution scolaire des défis auxquels elle a répondu par une accélération des réformes dans ses programmes, dans ses méthodes et dans ses structures mêmes. Expansion de l'école, profusion de matériel scolaire, euphorie de la nouveauté, mais probablement aussi, inquiétude des maîtres devant cette fuite en avant, nostalgie de la stabilité et de la permanence, indignation face l'éparpillement et à la destruction du patrimoine scolaire. C'est dans ces sentiments probablement qu'il faut situer les origines de l'Association du Musée de l'école et de l'éducation à Yverdon-les-Bains, fondée en 1982 par un petit groupe de personnes, principalement des enseignants de l'Ecole normale d'Yverdon au Centre de d'enseignement secondaire supérieur du Nord vaudois.
Les statuts de l'Association prévoyaient d'emblée des objectifs ambitieux "L'Association contribue à la sauvegarde du patrimoine scolaire. Elle se propose de créer et d'exploiter en Suisse romande un foyer de conservation des objets et documents relatifs à l'éducation, est notamment de
- recueillir tout objet, mobilier, document, moyen d'enseignement qui lui sera confié à titre temporaire ou permanent, concernant l'école et les diverses activités et relations avec elle,
- en assurer la garde, la conservation, l'exposition,
- les mettre à disposition des chercheurs, étudiants, etc."
L'Association affichait dès le départ son ambition d'un musée, au travers d'une maison ou d'une école désaffectée En fait, elle fut absorbée par la masse du matériel recueilli, sans qu'il y ait eu une campagne concertée pour la récolte du matériel : le bouche à oreille produisait un afflux de dons irrégulier mais important que les bonnes volontés, seules ressources de l'Association, y suffisaient à peine. Avec la nouvelle loi scolaire de 1984, le besoin d'espaces supplémentaires, la construction de nouveaux bâtiments, la rénovation des anciennes écoles, l'aménagement de leurs combles, la désaffectation enfin d'autres écoles se sont accompagnés de tris, de destructions et d'élimination inévitables. Le matériel scolaire, mis de côté et accumulé durant des décennies, était subitement considéré comme encombrant et débarrassé dans l'urgence. Ces mêmes phénomènes d'obsolescence du matériel et d'encombrement des locaux n'ont pas épargné les deux centres cantonaux vaudois qui s'occupent de logistique scolaire : la Centrale de documentation scolaire (serve de consultation et de prêt pour les maîtres et les écoles) et l'office cantonal vaudois des fournitures et éditions scolaires (OFES), devenu, en 1997, la Centre d'achat et de diffusion de l'Etat de Vaud (CADEV). Ces deux centres ont généreusement légué du matériel ancien à l'Association, au gré de leurs déménagements et de leur destruction.
... la conservation raisonnée
Parallèlement à l'accroissement du fonds, au cours des années, on a constaté une augmentation des demandes de renseignements, de consultation ou de prêtes. Et cela essentiellement sur deux axes.
- Les commémorations de centenaires n'ont cessé de se multiplier dans les années 1980 et 1990, correspondant à la vague de constructions scolaires de la fin du XIXe siècle.
- Les recherches en pédagogie ou en histoire de l'éducation provoquées par l'intérêt croissant pour les sciences de l'éducation et débouchant sur des mémoires ou des thèses.
Peu à peu, les principes de rationalité ont pris le pas sur les élans des débuts. Pour maîtriser une croissance désordonnée, il a fallu établir une liste de critères, restreindre le champ géographique (en dépit de quelques contacts pris dans d'autres cantons. Il est décidé alors qu'on s'en tiendrait dorénavant à l'école obligatoire vaudoise et à la formation de ses maîtres.
L'environnement suisse et à l'étranger des collections scolaires et musées d'éducation
En 2014, il existe en Suisse deux musées d'école à proprement parler, le Schulmuseum à Amriswil (Thurgovie), installé depuis 2002 dans l'ancienne école de Mühlebach, et le Schulmuseum Bern à Köniz, dont la collection a débuté en 1961 déjà. Tous deux présentent, à l'instar de nombreux musées scolaires contemporains, une reconstitution de salle d'école. Ils organisent des expositions temporaires et des animations. A Genève, la CRIEE (Communauté de recherche interdisciplinaire sur l'éducation et l'enfance) rassemble depuis 1988 une collection évolutive exposée à plusieurs reprises. Dans le canton de Vaud, l'Association du musée de l'école et de l'éducation (1982), puis la FVPS (2000), ont fait oeuvre de pionnière en sauvant l'héritage du Musée scolaire cantonal.
En 2005, un regroupement de ces quatre institutions a eu lieu avec le Centre de documentation et de recherche Pestalozzi à Yverdon (1977), la Fondation Archives Institut Jean-Jacques Rousseau à Genève (1984) et le Musée suisse de l'enfance ¿ Schweizer Kindermuseum, à Baden (1985), pour former l'Association suisse des musées et collections historiques sur l'école, l'enfance t la jeunesse. Cette nouvelle association a accueilli, en 2005, le 11e Symposium international des musées de l'école et des collections sur l'histoire de l'école dans la chartreuse d'Ittingen, canton de Thurgovie. Sur le plan international, le premier symposium de ce genre s'est tenu en 1984, avec la réunion de divers musées et collections scolaires de pays germanophones. Bisannuels, ces symposiums se sont ouverts progressivement à d'autres pays sous une dénomination en allemand, anglais et français. Ils s'organisent en un Groupement européen d'intérêt économique, Preservation of the School History Heritage in Europe, fondé le 4 juillet 2009, à Rouen. Dès 2012, le réseau International Network of School Heritage (INOS) et un site Internet facilitent les relations et la coopération pour la conservation, la recherche et la présentation du patrimoine scolaire.
(L'essentiel des informations est tiré de : Geneviève Heller et Yvonne Cook, "Musées scolaires : documentation professionnelle ou patrimoine historique ? Expérience vaudoise", dans Revue historique vaudoise, 122, 2004, pp. 171-187). |
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