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Histoire: | La fondation de la fabrique de couvertures Girardet remonte à 1871, à l'époque de l'industrialisation du canton de Vaud. Avec l'aide de son parent Georges Samuel Roud, époux depuis le 15 mai 1865 d'Hélène-Eugénie Perregaux (1842-1885), et de Jean-Jacques Mercier (1826-1903), Jean-Philippe-Eugène Girardet (1825-1901) installe alors ses activités dans les bâtiments d'une ancienne papeterie à l'emplacement actuel de la Filature au bord de la Venoge, qui lui fournissait la force motrice et l'eau, indispensables aux activités industrielles, la main-d'oeuvre occupée par l'ancienne papeterie était disponible. Ainsi étaient réunies toutes les conditions requises pour la création d'une industrie qui reçut le numéro 1 du Registre du commerce du district de Cossonay. Les plus anciens documents portent la mention Roud, Girardet & et Cie.
Au début de son activité, les produits de la fabrique de couvertures étaient essentiellement destinés à être exportés, jusqu'au moment où l'application de droits d'entrée élevés l'obligea à s'adapter à la demande du marché suisse.
Eugène Girardet avait épousé en 1855 Henriette Madeleine Perregaux (1830-1904) dont il eut 4 enfants : Alexandre, architecte (1854-1904) ; Marguerite (1859-1945), épouse d'Adrien (?) Veyrassat; Eugène (1868-1936), époux d'Aimée Perregaux (1874-1968), petite-fille de Georges Perregaux (1783-1859), frère d'Henri Perregaux (1785-1850), architecte, et fils d'Alexandre Perregaux, orfèvre et architecte (1749-1808) et Pierre, sculpteur (mort en 1931 environ).
Eugène Girardet, deuxième du nom et fils du fondateur en reprend la direction en 1901 et la fait prospérer. Il entreprend des travaux d'agrandissement en 1913, puis plus tard dans les années 30, qui donnent l'essentiel de l'allure actuelle du site. En 1918, afin de créer une meilleure base financière à son développement futur, la fabrique Girardet, jusqu'ici société en commandite, se transforme en société anonyme, E. Girardet & Cie. Voici en quels termes cette mutation sociale est annoncée dans les journaux de l'époque : "Sous la raison sociale Société anonyme E. Girardet et Cie, il a été créé une société anonyme qui a son siège à La Sarraz et pour but la reprise de l'actif et du passif de la société en commandite E. Girardet et Cie. Le capital social est de 350 000 francs divisé en 350 actions de 1000 francs chacune, nominatives et entièrement libérées."
Eugène Girardet était marié à Aimée Perregaux (1874-1968), fille d'Auguste Albert (1839-1903), qui avait épousé Anne Charlotte Aimée Keller, et ingénieur à Nantes.
Jusqu'à cette époque, on n'avait fabriqué que des couvertures unies et à rayures. Plus tard, on entreprit la fabrication des couvertures Jacquard, ce qui entraîna de nouveaux agrandissements.
Jacques Girardet (1908-1996) reprend la direction de son père à la mort de celui-ci en 1936. Dans les années 60, la fabrique est la première de Suisse à adopter de nouvelles machines et techniques, fournissant ainsi 20% des couvertures du marché national, y compris pour l'armée. C'est alors une entreprise familiale dynamique et créatrice d'emplois. Jusqu'à 115 employés y travaillèrent. La manufacture Berger à Eclépens, une autre fabrique de couvertures évolue en parallèle.
Son fils Michel Girardet (né en 1941), frère de Pierre (1937-1962), le seconde dès 1969, et convertit l'usine en fabrique de duvets. La délocalisation de l'industrie textile est à l'oeuvre en Europe et n'épargne pas les deux manufactures du bord de la Venoge. La taille de la fabrique diminue drastiquement, Michel Girardet est contraint en 1977, par la chute du marché des textiles, de stopper les machines de l'entreprise qu'il peut vendre. Les premiers locaux sont réaffectés à des activités culturelles à la fin des années 80. La forge Péclard, le centre culturel portugais et un petit garage s'y installent. Michel Girardet, qui avait lancé la fabrication de duvets sur une partie du site, revend la fabrique de duvets à Drafil en 1995 et l'exploitation de la force hydraulique à la Romande Energie.
Depuis, la diversification du site ne fait qu'augmenter et la famille Girardet continue de gérer les locaux.
L'investissement de Michel Girardet aidé de Pedro Guichon, pour une mise en valeur des 6000 mètres carrés de surface, porte ses premiers fruits avec l'installation successive d'ateliers de restauration de peintures anciennes, de poterie, de vitrail, ainsi que d'une forge ou encore d'un studio d'enregistrement. Ils attirent l'écrivain allemand Gunter Wallraff, pour suivre la répétition d'une pièce de théâtre tirée de son roman "Tête de Turc", et Roger Hanin, dans le cadre du tournage d'un épisode de "Navarro". "C'est avec l'arrivée de Jacques Gardel (directeur et fondateur du Théâtre de l'Arsenic, à Lausanne) et la création de son théâtre La Filature que le site évolue en un petit Flon".
Denis Girardet (né en 1975), représentant de la cinquième génération, reprend le flambeau en 2014 et renforce la mixité des activités économiques, artisanales, culturelles et artistiques. Il s'engage dans la rénovation écologique des bâtiments et dans la promotion du site et de ces activités créatrices de liens sociaux dans la région, rebaptisé depuis « La Filature ».
[(Informations tirées de notes parues au moment du centenaire de la fabrique Girardet et de Le Temps, samedi 22 juillet 2000 (Eric Loup) et 24heures, 17 avril 2012 (Delphine Neyaga) et des entretiens avec Michel Girardet, 5 et 23 octobre 2015]. |
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