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Histoire: | Graphiste, designer, muséologue, architecte d'intérieur, artiste peintre reconnu et grand voyageur, Pierre Bataillard eut une carrière fort prolifique, et touchant à un vaste domaine. Son nom est associé à de grandes expositions en Suisse et à l'étranger, telles l'Exposition du centenaire de la Croix-Rouge en 1963, l'Exposition nationale suisse de 1964, l'Exposition du centenaire de la naissance d'Ernest Ansermet en 1984-1986, le pavillon du Gouvernement du Québec chasse et pêche à l'Exposition universelle de Montréal et nombres d'autres pavillons et de stands au Comptoir suisse et dans le monde. On lui doit également neuf musées, dont le Musée international d'horlogerie de la Chaux-de-Fonds, la Maison du blé et du pain à Echallens, le Musée du cheval à La Sarraz, ou encore le Musée vaudois de la vigne et du vin à Aigle. C'est également lui qui s'occupa de l'aménagement du Forum de l'Hôtel de ville de Lausanne. Mais son entreprise sera bien plus vaste que ces grandes réalisations déjàpassées à la postérité. En effet Pierre Bataillard contribua également à marquer de son empreinte un pan du paysage iconographique vaudois. Un paysage trop souvent ignoré par les historiens de l'art, mais frappant le quotidien de l'oeil du passant : celui de la publicité. En effet, Pierre Bataillard réalisa pendant quarante ans un nombre incalculable de logotypes - qui ne se souvient pas de celui du Centre Hospitalier et Universitaire Vaudois (CHUV), de l'Université de Lausanne (UNIL), de Nagra - Kudelski, des transports Friderici ou encore des vins Testuz? - d'étiquettes de vin, de signalisations, d'enseignes ou d'affiches culturelles, politiques et commerciales. Ses talents artistiques laisseront plusieurs sculptures et mosaïques dans le canton, comme la mosaïque du sol du Château de Saint-Prex, la peinture murale du hall du Centre neurologique de Lavigny ou encore la sculpture d'entrée du Musée international d'horlogerie.
Ainsi Pierre Bataillard laisse derrière lui une oeuvre dense et aux multiples facettes qui marqua le canton de Vaud et dans une moindre mesure le monde, faisant de lui un personnage incontournable du graphisme de la fin du vingtième siècle vaudois.
Fils de Robert, géomètre vaudois et d'une mère italienne, Pierre Bataillard est né à Morges en 1927. Il suit ses études au collège secondaire scientifique de Morges à partir de 1941 où il a notamment comme professeurs Edmond Pidoux et Ric Berger. Il garde comme amis de cette époque le directeur de chorale André Charlet et le graveur Robert Héritier. En 1943, il entre à la Kunstgewerbe Schule du Technicum de Bienne qu'il quittera pour suivre les cours des Beaux-Arts et d'Arts appliqués de l'Ecole cantonale de dessin de Lausanne. Il obtient son Diplôme d'artiste décorateur, d'Arts appliqués en 1948 et installe son premier atelier avec Claude Mösching, décorateur de cinéma à Paris, au 21 des Escaliers-du-Marché, à Lausanne. En 1949, il part pour Paris avec Claude Mösching où il suit des cours à l'Ecole du Louvre et y rencontre Yvon Monay, neveu du peintre morgien Pierre Monay, Boris Vian et César, alors encore massier aux Beaux-Arts.
De retour à Lausanne, Pierre Bataillard expose ses travaux pour la première fois à la Galerie pour l'Art en 1950 et entame ses premiers travaux graphiques. En 1954, il déménage son atelier et son domicile au 31 du Chemin des Clochetons et engage une année plus tard le premier d'une longue liste de collaborateurs. Les expositions Graphic 57 en 1957 et Aïda en 1959 lancent l'atelier qui devient une entreprise de solide réputation.
Viendra alors une suite prolifique et prestigieuse de réalisations et de mandats en Suisse et à l'étranger, dont la liste est consultable dans l'ouvrage de Mireille Callu Pierre Bataillard (Lausanne, 2001, pp. 142-152). On relèvera néanmoins ici quelques détails : en 1963, Pierre Bataillard obtient la direction graphique de l'Exposition du centenaire de la Croix-Rouge à Genève. En collaboration avec le commissaire del'exposition Edouard Logoz (1926-1991), qui deviendra son ami, il coordonne cinq ateliers graphiques suisses pour aménager 17'000 mètres carrés d'exposition. En 1967, le père Dominique Pire, Prix Nobel de la Paix 1958, le contacte pour la réalisation d'un pavillon pour le Comité Nobel à l'Exposition universelle d'Osaka de 1970. Pierre Bataillard part au Japon pour présenter le projet et y rencontre le fils de l'empereur Hirohito, président d'honneur de l'exposition. Si le projet est accepté, il ne se réalisa jamais de par le décès du père Pire et l'assassinat du pasteur pacifiste américain Martin Luther King, autre commanditaire du projet. En 1973, l'atelier, autrefois cité sous l'appellation Pierre Bataillard, Graphiste, devient une personne morale et prend le nom de Pierre Bataillard Graphic Design SA, Lausanne. En 1984, Pierre Bataillard réalise l'exposition consacrée au Centenaire de la naissance d'Ernest Ansermet. En deux ans, cette exposition itinérante visitera 38 villes de 3 continents, de Londres à Budapest, de New York à Turin en passant par Buenos-Aires, Paris, Bruxelles et la Suisse. En 1986, Pierre Bataillard prend momentanément sa retraite, puis crée avec son épouse la Fondation Nouky et Pierre Bataillard, dont les buts sont de « soutenir et promouvoir toute action visant à la protection de la nature et des animaux et apporter une aide ponctuelle à la création artistique sous toute ses formes ».
L'atelier Bataillard Graphic Design SA a été partenaire pour certains projets à l'étranger avec deux autres ateliers : The display house Inc. (DH) à Philadelphie (Etats-Unis d'Amérique) et avec Communications Par-le Ltée. à Montréal (Canada).
Parallèlement à une carrière des plus remplies, Pierre Bataillard trouva encore le temps de peindre, donnant lieu à un nombre impressionnant d'expositions, de voyager partout dans le monde en compagnie de son épouse et de perpétuellement rénover et aménager ses demeures : d'abord son atelier aux Escaliers-du-Marché,dontil finit par occuper tout l'immeuble, sa résidence-atelier des Clochetons 31, une petite grange aux Diablerets, acquise à la fin des années 1950, puis ce qui deviendra sa ferme-atelier à Poliez-Pittet, acquise en 1964, et dont le premier aménagement sera d'y faire planter les arbres et plantes du Jardin des plantes médicinales de l'Expo 64, voués normalement à être éliminés.
Finalement, on ne peut parler de la vie de Pierre Bataillard sans citer son épouse Nouky (née Yvonne Torrent), à la fois compagne, muse, poétesse et secrétaire de l'atelier. Le couple partage tout et vit, on peut le dire, une réelle histoire d'amour depuis 1947. Ils se sont épousés en 1953. Pierre Bataillard est décédé le 23 mars 2008. Le service funèbre s'est déroulé en l'église Saint François, à Lausanne. |
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