Zone de la description |
Histoire: | Les origines de la maison de Blonay se perdent dans le temps. Maxime Reymond s'essaie pourtant à esquisser certaines pistes ténues qui restent des hypothèses. Ce qui est certain toutefois, c'est que dès ses premières apparitions dans les documents, la famille de Blonay joue un rôle d'importance au niveau régional.
Maxime Reymond propose de faire d'Otton, avoué de l'abbaye de Saint-Maurice le premier d'entre eux, ou du moins la "souche incontestable de Blonay", apparaissant dans une charte vers 1039.
Vaucher, son fils, reçut Vevey et Corsier des mains de l'évêque Lambert; sous Vaucher, les prémices du domaine de Blonay commencent à apparaître, du moins documentairement, il tenait également la terre d'Attalens.
La vie d'Amédée Ier de Blonay, son fils, est mieux documentée. L'on sait de lui qu'il tenait Vevey, Blonay et Attalens. Avoué de Saint-Maurice lui aussi, il domine également le château de Chillon, qu'il tient de l'évêque de Sion. Avec Amédée la stature régionale des Blonay et de leur influence augmente sensiblement; il est cité parmi les principes du Chablais, en 1108, influent sur le Chablais, il contrôle également les voies de communication menant dans la Broye par ses possessions dans la Veveyse.
La maison de Blonay va toutefois connaître un renouveau dès la fin du XIIe siècle. En contact avec les comtes de Savoie, avec lesquels il part en croisade, Amédée doit leur céder Chillon.
Les liens entre les deux maisons ne vont désormais plus cesser, mêlant la rivalité territoriale à la fraternité des armes.
Au XIIIe siècle, Guillaume de Blonay semble marier une Faucigny lui qui apporte en dot la seigneurie de Saint-Paul. Cet apport va constituer un renouveau important pour la famille, qui contrôle désormais le Chablais des deux côtés du lac. Pourtant, le rapprochement évoqué avec les Savoie, va peu à peu faire perdre leur liberté aux Blonay.
Jean Ier et Pierre II de Blonay prêtent en effet hommage au comte pour leur seigneurie respective, de Blonay et de Saint-Paul, jusqu'alors de libres alleux, pour des raisons difficilement établies, auxquelles Aymon de Blonay, leur frère, chanoine de Lausanne, ne semble pas complètement étranger, mais dont le rôle doit avoir servi de prétexte à la réalisation des ambitions territoriales des Savoie sur l'ensemble de la région et du Pays de Vaud.
Quoiqu'il en soit, il en est fait de l'indépendance territoriale des Blonay qui deviennent vassaux des comtes de Savoie. Leur ancien statut n'échappa pas toutefois aux Savoie qui leur conférèrent des charges dignes de leur rang, et firent d'eux les principaux fonctionnaires de l'Etat naissant, comme baillis ou châtelains des places fortes clés de la stratégie savoyarde. Les deux branches de Blonay descendantes de Jean et de Pierre suivent alors une destinée parallèle.
La rupture intervint au moment de la conquête bernoise. Jean X de Blonay doit se soumettre aux Bernois, le 22 février 1536, tandis que le Chablais savoyard est lui aussi occupé.
Les Blonay perdent leurs charges du fait du changement de suzeraineté, pire : leurs finances vont en périclitant et la maison se désorganise.
La chose est tangible du côté des Saint-Paul. La seigneurie de Saint-Paul, morcelée en micro seigneurie ne suffit plus à nourrir ses fils, l'endettement se généralise et les domaines sont aliénés à d'autres familles alliées avec lesquelles le sang finit par couler. On constate que les branches des Blonay de Saint-Paul descendant de Pierre IV, coseigneur de Saint-Paul, disparaissent au XVIIe siècle dans une confusion générale de succession et de procès qui durèrent pour certains pendant plusieurs générations - notamment avec les Dunant alors devenus seigneurs de Saint-Paul.
La relève vint de la branche cadette des Saint-Paul, les descendants de Rodolphe III, frère de Pierre IV, lui aussi coseigneur de Saint-Paul, seront à l'origine d'un renouveau pour la branche cadette de la maison de Blonay, en 1613, Jacques Ier épousa en effet Marie d'Avise, soeur et héritière du sénateur Prosper d'Avise, dont la veuve, Péronne de Montvuagnard, épousa en seconde noce Claude V de Blonay, le fils de Jacques Ier. Les Blonay purent alors se parer du titre de baron d'Avise et se reconstituer. Claude V de Blonay, accumula également dans ses mains tous les biens de la maison en recouvrant Saint-Paul par héritage, et Bernex et Maxilly par décision de justice.
Ses descendants accrurent encore le domaine familial par l'achat du marquisat d'Hermance, de la seigneurie de Chapelle-Marin et plus tard encore du comté de Rossillon pour n'évoquer que les acquisitions les plus importantes. Les Blonay avaient alors relevé la tête, Louis de Blonay, fils de Claude V accéda même au titre prestigieux de vice-roi de Sardaigne.
La Révolution française marqua toutefois un moment d'arrêt dont la famille se releva difficilement; les biens furent confisqués et nationalisés. Au retour de la Savoie dans le giron de son souverain, une partie des biens put être sauvée mais les rivalités entre frères et soeurs aiguisées par des expériences industrielles infructueuses ne permirent pas à la famille de retrouver son ancienne superbe, certes il y eut Ennemond de Blonay qui assura la renommée mondiale de la ville d'Evian en développant la station balnéaire, mais force est de constater que la branche savoyarde se remit difficilement de la nationalisation de ses biens suite, décadence lente qui s'accentua au moment de l'annexion de la Savoie par Napoléon III; celle qui avait perdu son influence patrimoniale, fut alors complètement privée de son aura aristocratique. Les Blonay et leur influence prépondérante en Chablais disparurent en quelque sorte avec l'Etat qu'ils avaient servi sans discontinuer depuis de si longs siècles.
La branche aînée s'adapta aisément au régime bernois, même s'ils ne briguèrent plus de charge politique de premier rang. La stabilité politique dans laquelle entra alors le Pays de Vaud lui assura une certaine aisance qui permit à la famille d'accroître ses domaines par l'acquisition de la seigneurie de Saint-Légier, puis de la baronnie du Châtelard. Après la révolution vaudoise, et dès l'avènement du Canton de Vaud, le nouveau régime fit de la famille une pépinière de diplomates et de militaires.
Il est intéressant de remarquer que les deux branches descendantes de Jean et de Pierre eurent toujours conscience de leur destinée commune et que leurs liens ne furent jamais brisés.
Cette particularité amena tout naturellement Henri de Blonay, dernier des Blonay de Saint-Paul, à se tourner vers ses cousins lorsqu'il se rendit compte qu'avec lui s'éteindrait la descendance de Pierre. Il assura ainsi la pérennité de la mémoire de sa famille en la confiant à son cousin Godefroy de Blonay, esprit curieux qui prit immédiatement la mesure de l'importance de ce qui lui avait été confié. |
|