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Histoire: | Le site des Câbleries et Tréfileries à Cossonay a vu, au cours de presque un siècle d'activité industrielle, plusieurs raisons sociales se succéder. Nous allons présenter ce rapide survol diachronique à travers les deux principales sociétés qui ont développé le site, à savoir Aubert, Grenier & Cie et la Société anonyme des Câbleries et Tréfileries de Cossonay, abrégée dorénavant SACT. Les éventuels changements de raison sociale seront explicités dans leurs notices historiques. Nous ferons aussi une notice historique des filiales du groupe SACT, principalement celles qui sont intégrées dans ce fonds.
Aubert, Grenier & Cie En 1898, Jean-Marcel Aubert (1875-1968), ingénieur né au Chenit, rachète à Arthur Warnery, propriétaire d'une condenserie à Cossonay, un vieux moulin et un terrain d'une superficie d'environ 74'000 m2 au lieu-dit de l'Illétaz (à proximité de la ligne de chemin de fer) dans le but d'y monter une fabrique de fils et de câbles d'installation au bord de la Venoge. Le 24 mars 1898, la société en commandite Aubert & Cie est créée, les associés d'Aubert étant les banquiers Paul Guye et Gustave Fleury ainsi que Louis Cachemaille, contrôleur des postes à Lausanne.
Par la suite, le professeur d'électricité à l'École d'ingénieurs de Lausanne, William Grenier (1849-1937), est intéressé à l'affaire, et, le 18 décembre 1902, la société Aubert, Grenier & Cie est fondée. Dans le même temps, l'entreprise s'assure du concours scientifique du chef de file des « électriciens vaudois », Jean Landry, ainsi que du soutien financier de la famille Mercier. Grâce au développement de l'utilisation de l'électricité, l'entreprise connaît un fort développement tant au niveau national qu'international. A cet effet, la société fonde plusieurs filiales à l'étranger : 1906, Établissement français Aubert Grenier à Pontarlier avec création d'une usine ultramoderne à Dijon; 1908, reprise de la Compania de Cables Electricos à Barcelone avec, là aussi, une nouvelle usine mise en place; 1908, constitution d'un dépôt de vente à Milan; 1913, création de l'organisme de vente Electro-Matériel.
En 1909, Aubert, Grenier & Cie ajoute une tréfilerie à la câblerie au site de Cossonay. De plus, malgré une concurrence féroce, Aubert, Grenier & Cie s'allie à la Société d'Exploitation des Câbles Électriques de Cortaillod pour sauver la fabrique de câble de Brugg de l'emprise étrangère.
En 1912, la concurrence des Usines Métallurgiques de Dornach commence à poindre. En effet, celle-ci envisage de produire des fils de cuivre et de bronze pour les Postes fédérales, production importante Aubert, Grenier & Cie. L'entreprise vaudoise menace alors de produire du laiton, métal pouvant concurrencer les produits de Dornach. La conclusion de cette affaire est en fait un rapprochement des deux entreprises. Cela aboutit tout d'abord à la création en commun d'une usine de laiton à Cossonay, dont Dornach prend la direction technique et Aubert, Grenier la direction commerciale. Ensuite, le rapprochement des deux groupes aura pour résultat leur fusion pure et simple avec la création le 20 juin 1918 de la Société anonyme des Laminoirs et Câbleries avec siège à Dornach et Cossonay.
S.A. des Câbleries et Tréfileries de Cossonay (SACT) La fin de la Première Guerre Mondiale correspond à une crise économique profonde qui touche de plein fouet la S.A. des Laminoirs et Câbleries. De plus, des dissensions de nature stratégique opposent Aubert et Dornach, sans compter des problèmes d'intendance et des problèmes techniques importants sur certains produits. En 1922, l'entreprise souffre d'un manque cruel de capitaux, ce qui est encore accentué par la perte de confiance des principaux bailleurs de fonds envers Jean-Marcel Aubert. Dès lors, Dornach a l'intention de se séparer de Cossonay et de vendre le groupe vaudois à une autre entreprise. Ce sera chose faite, après de longs pourparlers, avec les Câbles de Cortaillod. Ceux prendront la majorité du capital-actions de la future entreprise et lui injecteront de nouveaux fonds pour la renflouer. Le 1er avril 1923, la SACT est officiellement fondée, avec un capital de trois millions de francs. Les actionnaires principaux de l'entreprise sont donc les Câbleries de Cortaillod (60 % du capital environ) et le groupe Mercier (environ 20 %). Jean-Marcel Aubert a été démis de ses fonctions alors que deux hommes vont influencer le cours de l'entreprise : Eugène de Coulon (1874-1958), Président du Conseil d'administration, et surtout Rodolphe Stadler (1891-1978), directeur général puis administrateur de l'entreprise entre 1923 et 1973.
Sous la direction de R. Stadler, la SACT, qui était en grande difficulté à ses débuts, va suivre un développement constant, ceci grâce aux importantes commandes de matériel électrique des régies fédérales au cours des années 1920 (électrification des Chemins de fer fédéraux, développement du téléphone). Sachant s'entourer d'hommes compétents, R. Stadler axe le développement de l'entreprise sur trois points :
1. Développement technologique : amélioration constante des câbles électriques et téléphoniques. La SACT dépose à ce sujet plusieurs brevets. 2. Création d'un groupe industriel puissant par la prise de participation majoritaire dans plusieurs usines suisse et étrangères (cf. point suivant). 3. Création d'un cartel suisse et international puissant pour faire diminuer la concurrence dans la branche, mais surtout diminuer l'influence des fluctuations du prix des matières premières, en particulier le cuivre. En 1928, l'International Cable Development Corporation est fondée, l'industriel suisse jouant le rôle de modérateur entre intérêts parfois divergents. En 1947, Rodolphe Stadler est nommé président du cartel international.
Le rôle de la SACT ne s'arrête pas là. Dès ses débuts, l'entreprise a développé un système social relativement important pour l'époque : caisse maladie, institutions de prévoyance en faveur des ouvriers et des employés, institutions marquées par un paternalisme patronal important.
La SACT a passé la crise économique des années 1930 et la Deuxième Guerre Mondiale sans trop de dommage. Au contraire, elle a toujours cherché à se développer. L'entreprise quintuple son capital entre sa fondation et 1942, date où Aluminium Industrie A.G. entre à hauteur de 20 % dans le capital de la SACT (livraisons d'aluminium pour remplacer le cuivre dans la production de câbles électriques, en pénurie pendant la guerre).
Au cours des années 1950, 1960 et le début des années septante, la SACT a connu son apogée, employant près de 800 personnes sur le site de Cossonay pour un chiffre d'affaires dépassant les 100 millions de francs. Le groupe industriel formé par la SACT (Cossonay et filiales) emploie près de 6'000 personnes en Suisse et en Europe pour un chiffre d'affaires qui se situe entre 450 et 500 millions de francs.
Malgré tout, la crise économique (1974-1982) va mettre à mal la solidité du groupe, même si les suiveurs de Rodolphe Stadler (François Brunner, Emmanuel Failletaz, Jean-Louis de Coulon, etc.) ont tenté de suivre sa voie. Au cours des années 1980, plusieurs filiales importantes sont vendues, d'autres sont restructurées. En 1988, la SACT se transforme en holding (SACT Cossonay Holding S.A.), le site de production de Cossonay devenant une filiale à part entière. En 1992, le groupe Cortaillod, lui-même sous l'influence du groupe français Alcatel, prend le contrôle total du holding. Suite à une baisse drastique de la demande en câble téléphonique traditionnel et à la récession des années 1990, le groupe Cortaillod, devenu par la suite Alcatel Câble Suisse, décide en 1997 d'abandonner le site de Cossonay comme unité de production.
Les filiales Nous ne développerons que les filiales dont nous possédons les archives au sein de ce fonds. Ainsi, même si les Usines Métallurgiques de Dornach sont un des plus grands centres de production du groupe SACT, nous n'y ferons pas mentions au sein de cet historique.
Société Immobilière de Cossonay-Gare A sa fondation en 1923, la SACT n'avait qu'une participation dans une autre société, la Société Immobilière de Cossonay-Gare. Cette société a été créée en 1905 par l'ancêtre de la SACT, la maison Aubert, Grenier & Cie, afin de développer dans la région Penthalaz - Cossonay les logements pour les ouvriers. Il s'agit donc pour la SACT d'une société à caractère social et non un centre de profit.
Electro-Matériel S.A., Zurich Organe de vente destiné à servir d'intermédiaire entre les usines de production (Cossonay, Gardy, etc.) d'une part, la clientèle des installateurs et les grossistes d'autre part, cette entreprise a été fondée par Dornach et Cossonay alors qu'elles ne formaient qu'une seule société. Lors de la fondation de la SACT en 1923, Electro-matériel n'a pas été intégrée dans la reprise des actifs de Dornach. Cependant, comme cette dernière entreprise ne fabriquait pas de produits vendus par Electro-Matériel, il était plus logique que celle-ci fût rattachée à Cossonay. Ce qui sera fait en décembre 1925 (transfert d'actions). Par cette opération, la SACT devient propriétaire d'une organisation de vente de matériel électrique avec des bureaux dans les principales localités du pays (Genève, Lausanne, Berne, Bâle, Zurich et Lugano). De plus, Electro-Matériel deviendra les années suivantes l'un des plus importants débouchés en Suisse pour les filiales du groupe. Pour l'usine de Cossonay seule, Electro-Matériel est le troisième débouché après les Chemins de fer fédéraux et les PTT.
Isolierrohfabrik Hallau Cette modeste entreprise schaffhousoise a été intégrée au groupe SACT en 1928, elle est spécialisée dans la fabrication de tubes isolants.
Société Anonyme de Participations, Appareillage Gardy (abrégé SAPAG), Neuchâtel La SAPAG est avec les Usines Métallurgiques de Dornach la plus importante participation de la SACT avec de multiples filiales à l'étranger (France, Espagne, Belgique). Ce holding a été fondé en 1934 pour structurer financièrement tout l'ensemble du groupe Gardy, dont la SACT était l'actionnaire majoritaire depuis une convention signée en 1925.
Le centre industriel du groupe est basé à Genève (Appareillage Gardy S.A.) et est spécialisé dans la production de matériel électrotechnique divers. De par les nombreuses sociétés qu'elle contrôle (jusqu'au Brésil), la SAPAG occupe au début des années 1970, près de 3'000 personnes pour un chiffre d'affaires oscillant entre 150 et 200 millions de francs. Pourtant la crise de 1974 va frapper très durement le holding et ses participations industrielles. La SACT devra renflouer à plusieurs reprise la société, ce qui ne l'empêchera de la vendre la SAPAG en 1986, en ne gardant d'elle que les entreprises encore viables, Clématéite S.A. à Vallorbe et Panel S.A. à Préverenges. |
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