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Histoire: | Le 24 avril 1723, le Major (Jean Daniel Abraham) Davel est décapité à Vidy. L'événement secoua les esprits. Une reprise en main poussa à quelque volonté de création dynamique, dont naîtront de nouvelles institutions; c'est le cas des Ecoles de Charité. Ainsi le 4 mai 1726, un groupe de 72 personnes fondait l'Ecole de Charité, inspirée de ce que l'on pouvait voir en Angleterre depuis un quart de siècle. Ces fondateurs et premiers contribuants, déjà répertoriés en janvier 1726, étaient constitués de gens d'Eglise, de la magistrature et de simples particuliers, on comptait d'ailleurs plusieurs femmes; ils prirent l'engagement de verser une contribution annuelle. Obtenant pour leur projet l'aval du Conseil des Deux-Cents et la protection de LL. EE., ils s'organisèrent sous le nom de Société Charitable. Les buts premiers de cette institution étaient de créer des classes primaires pour permettre la scolarisation des enfants pauvres car l'éducation était alors payante. Selon ces fondateurs,la pauvreté faisait que ces enfants ne pouvaient bénéficier d'instruction et de cette ignorance surgissaient "l'impiété et le dérèglement" qui favorisaient à terme le vagabondage, la mendicité ou d'autres nuisances qui déplaisaient à la société. Il s'agissait aussi de soulager des parents dans l'impossibilité d'élever leurs enfants comme ils l'auraient souhaité. Aux enfants les plus pauvres on distribuera aussi du pain ou d'autres secours. Si les enfants doivent être vaudois, on accueillera aussi un certain nombre d'enfants de "réfugiés" dans les premières années. Les cours reposent d'abord sur l'instruction religieuse, car il est alors admis qu'un bon enseignement chrétien favorisera la vertu, puis certaines autres matières comme la lecture, l'orthographe, la musique, plus tard l'arithmétique ou la gymnastique, mais on favorisera également une large pratique d'activité manuelle pour apprendre un métier à ces enfants avant de placer certains chez des maîtres d'apprentissage; d'autres trouveront directement un emploi ou retourneront travailler dans leur famille. Les études s'achèveront aux alentours de 16 ans et la communion marquera la sortie de l'institution. L'école des garçons s'ouvre le 2 janvier 1727 dans une salle de l'Hôpital de la Mercerie, mise à disposition par le Conseil des Deux-Cents. Suit très vite l'école des filles qui ouvre ses portes le 10 mars 1727. Dès cette année environ cent enfants pauvres bénéficieront de cette institution. Si dès 1728 on songe à accueillir des orphelins, la Maison des orphelins ne s'est greffée que dès le 24 avril 1744, petit à petit aux écoles. D'ailleurs ce n'est qu'à partir de cet instant que l'on ne parle plus de l'Ecole mais des Ecoles de Charité. En 1776, la question des orphelins est devenue centrale dans l'établissement, leur nombre a en effet considérablement augmenté suite aux épidémies de 1766 et aux mauvaises récoltes de 1769. En 1732, pour se procurer quelques ressources on fonda une petite fabrique, où les enfants filaient le coton. Une petite partie des ventes est remise aux enfants et la même année est créée pour les filles une classe de couture. Plus tard viendront la confection de bas, de vêtements, de souliers. En 1758, on ouvrira une fabrique nattes et de paillassons, qui durera jusqu'en 1824. La Fabrique de coton avait disparu quant à elle en 1748 à cause du prix, devenu trop onéreux, du coton. Après quelques années d'existence l'Ecole s'installe en 1734 dans l'ancienne maison de Ville du quartier du Pont, à l'angle des rues de Saint-François et du Petit-Saint-Jean. En 1735, l'Ecole reçoit, sur sa demande, un jeune homme qui désir devenir régent, de la réflexion née de ce cas, l'Ecole va mettre en place une formation pour les garçons et les filles que l'on destine à la régence, mais cela n'interviendra de manière organisée qu'en 1757, ce qui fait des Ecoles de Charité, la première institution suisse à oeuvrer de manière organisée dans cette direction. En 1746, on compte six classesréparties sur plusieurs niveaux; on veut alors les réunir et en 1747, puis en 1749, on acquiert successivement en haut du Grand-Saint-Jean, à la "Placette" de Saint-Laurent, trois immeubles (maisons Chevallier, Gonthier et Mennet) qu'elle réunit en un seul en 1751: ce fut la maison dite des Ecoles, on y logea aussi les cinq régents et les artisans chargés d'enseigner leur métier aux orphelins. Bien que les Ecoles de Charité aient bénéficié de contributions d'homme prestigieux comme l'historien anglais Edward Gibbon qui paie la pension de l'orphelin Pache ou de Voltaire, en 1769, alors à Ferney, dès 1780 on se plaint de la diminution des contributions. Les contribuants se retrouvent chaque année pour une assemblée générale, le Comité de Commission dont il est issu révise notamment les comptes. Ces souscripteurs sont divisés en deux groupes principaux : les "contribuants ordinaires" qui paient deux écus blanc ou six francs par année pour parrainer un garçon ou une fille; il peut s'agirde communes qui doivent subvenir à l'entretien de leurs pauvres ou de privés philanthropes, puis les "contribuants extraordinaires" ou "bienfaiteurs" qui font une donation annuelle sans s'y être aussi formellement engagé, à leur nombres LL. EE. de Berne qui font aussi des dons en nature comme du grain ou du vin, le bailli ou les "Seigneurs du Conseil de Lausanne". On lui alloua aussi des subsides importants car elle était alors l'unique établissement d'instruction populaire. Grâce aux legs pieux et dons qu'elle reçoit, la Société a pu se constituer un certain capital, ainsi si en 1737, 77% de ses revenus proviennent des contributions et dons, elle va accumuler un certain capital foncier, qu'elle loue, et financier, qu'elle prête à 4 ou 5 %; les intérêts des prêts représentent alors 50% des rentrées d'actif en 1800. Chaque année sort un petit cahier imprimé, appelé Etats puis Rapport, qui est distribué aux contribuants, aux institutions d'Etat et au publique et qui relate l'activitéde l'année écoulée, les séances de la Direction et les comptes. En 1802, la République helvétique envoie une lettre aux Ecoles de Charité pour manifester sa satisfaction quant à la qualité des régents formés par celle-ci et en 1806 un rapport, fait à la demande du Conseil académique, signale que l'instruction donnée dans les Ecoles de Charité est en général supérieure aux écoles primaires. Mais dès 1803 et l'acte de Médiation, l'instruction publique était en effet redevenu l'affaire des cantons. Si la ville de Lausanne a été soulagée par l'action des Ecoles de Charité dans des domaines où elle était alors peu impliquée, les tensions vont naître entre le canton et les Ecoles tout au long du 19ème siècle. Dès la Régénération de 1830, apparaissent en Suisse les premières écoles normales publiques et l'école obligatoire fait augmenter le besoin d'instituteurs, à Lausanne l'Ecole Normale est créée en 1833, ce qui enlève aux Ecoles de Charité un domaine, non seulement dans lequel elle avaitété pionnière mais pour lequel elle avait assumer, comparativement à ce qui se faisait, un haut degré qualitatif. L'Etat s'immiscera toujours plus dans le contenu et le déroulement des cours, ce qui n'ira pas sans crée certains conflits avec les Ecoles de Charité qui n'acceptent pas facilement d'être progressivement dépossédées de leur liberté dans l'instruction des enfants. On s'en rend compte, notamment en 1842, lors de disputes avec la ville de Lausanne au sujet de certains élèves à enlever de l'établissement et d'un conflit entre la ville de Lausanne et l'Ecole de Charité sur la matière de l'enseignement, K XIII/227/10/3. C'est aussi à cette date que les subsides étatiques lui sont retirés. Après 70 ans passés au Saint-Jean, les Ecoles de Charité se trouvèrent à l'étroit et elles voulaient un endroit plus calme pour ses élèves, dès 1819 on pensa à déménager. L'institution chercha un autre site entre 1823 et 1825, vendit à bon prix ses bâtiments du Grand-Saint-Jean qu'elle échangea, entre autres, contre un terrain sur lequel elle fit construire, entre 1826 et 1828, un édifice assez imposant entre la Riponne et la rue du Valentin, aujourd'hui les numéros 4 à 6 du Valentin. Trois architectes participèrent à l'entreprise : Henri Perregaux qui fit les plans, Jean-Siméon Descombes et François Recordon mais c'est surtout ce dernier qui supervisa la construction. A cette date la place de la Riponne n'existait pas encore, le premier marché s'y tint en 1840, et à une date proche (un plan de 1838) les Ecoles furent exproprié de leur terrasse pour permettre la construction d'une route. En 1829, les Ecoles comptent 213 enfants, et le corps enseignant se compose d'un instituteur des orphelins, d'un régent de l'école des garçons et maître de chant sacré, d'un régent de l'école mixte et maître d'écriture pour l'école des filles, d'une régente de l'école des filles et d'une maîtresse de couture. Les Ecoles avait accueillit jusqu'à plus de 250 élèves pendant certaines années. Quelques décennies plus tard, les constructions de la ville avaient rattrapé le bâtiment des Ecoles de Charité, simultanément l'adoption d'une loi de 1870, qui déclarait l'instruction primaire gratuite et obligatoire, avait entraîné la suppression des classes d'externes. Ainsi les 39 filles et 52 garçons, âgés de 8 à 16 ans et répartis dans 17 classes des écoles de la ville seront progressivement rendus à charge de l'Etat. On envoya des courriers à plusieurs institutions vaudoises, dont certaines à Nyon ou à Vevey, pour replacer les filles orphelines. 1870 marque donc la fin des Ecoles de Charité comme telles car la nouvelle loi comble le vide qui avait appelé la création des Ecoles de Charité. Elles loueront des salles de classe à la Ville de Lausanne entre 1871 et 1873 avant que l'Etat de Vaud ne rachète pour 160.000 frs. le bâtiment. Le 6 octobre 1873 est inauguré un nouveau bâtiment que l'institution a fait construire sur un terrain de la Pontaise, à la rue des Belles-Roches,aun°3 de l'avenue Druey, sur des plans des architectes Bertolini et Carrard, mais les factures montrent que les travaux ont durés jusqu'en 1875, ce grand bâtiment avec un jardin imposant devint celui de l'Orphelinat des Belles-Roches, plus tard nommé Orphelinat de Lausanne. Il ne comptait plus qu'une trentaine de garçons orphelins. En 1901 et 1902 on fit aussi construire un atelier et une salle de gymnastique. En juin 1926, on fêta le bicentenaire des Ecoles de Charité; on fait alors remarquer que ce jubilé concerne la plus ancienne des institutions philanthropiques lausannoises et qu'il s'agissait du premier pas vers la gratuité de l'enseignement primaire. Au fur et à mesure que le XXe siècle avance, les sources d'archives se font plus minces, ainsi dès 1939-40, l'Orphelinat de Lausanne devient aussi la Maison Familiale d'Education, elle accueille alors des "garçons difficiles, retardés ou arriérés". Admis dès 6 ans et jusqu'à 16-17 ans, le programme est celui exigé par le Département de l'Instruction Publique. |
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