Centrale sanitaire suisse

 

Données de base

IdentifiantCentrale sanitaire suisse
 

Infos de prov.

Zone d'identification

Type d'entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Centrale sanitaire suisse

Zone de la description

Histoire:"Centrale sanitaire suisse n'est pas une organisation neutre, car il n'est pas de neutralité entre les forces de progrès et les forces réactionnaires. Humanité signifie souci du bien-être de tous les hommes.
Le travail humanitaire doit être en relation étroite avec la pensée progressiste, car chaque progrès ne prend son sens que s'il améliore la qualité de la vie du plus grand nombre possible d'êtres humains.
A l'inverse, la pensée et l'action réactionnaire ne peuvent être en même temps humanitaire, car elles ne prennent pas en compte l'intérêt pour le bien-être du peuple.
C'est pourquoi l'action de la centrale sanitaire suisse se porte vers les hommes qui sont à la pointe du combat pour la liberté".
Dr. med. Hans von Fischer, membre fondateur, janvier 1946.

1. Fondation de la Centrale sanitaire internationale et de la Centrale sanitaire suisse
Dès l'insurrection des généraux contre la République espagnol, en juillet 1936, qui fut soutenue par Hitler et Mussolini, des actions de soutien naquirent spontanément dans le monde. C'est ainsi que la Centrale sanitaire internationale (CSI) fut fondée à Paris, début 1937. Le médecin lausannois Ernst Jaeggy fit partie des fondateurs et, suite à une conférence à Bienne, la décision tomba de créer la Centrale sanitaire suisse. Celle-ci fut constituée le 9 décembre 1937, au Café du Pont de Zurich et devint l'une des vingt sections de la Centrale sanitaire internationale.
Zurich fut choisie comme siège de la Centrale sanitaire suisse (CSS) et donc du secrétariat central. Dans la composition du comité, on peut citer :
- Dr Hans von Fischer, de Zurich, président central
- Dr Reinhard Ruh, de Zurich, secrétaire
- Ernst Rosenbusch, de Zurich, secrétaire central
- Dr Ernst Jaeggy, de Lausanne, secrétaire romand et président d'honneur
Sur le plan du fonctionnement, la Centrale sanitaire suisse travaillait de façon indépendante. Elle livrait du matériel sanitaire et des médicaments correspondant aux besoins constatés en Espagne par la délégation de la Centrale sanitaire internationale.
Les principales étapes sont rappelées. Elles sont d'autant plus importantes que le fonds d'archives ne débute qu'en 1967. Elles sont empruntées principalement à l'Historique du Cinquantenaire de la Centrale suisse, parue en 1987.

2. Difficultés avec l'armée
Le soutien ou même la sympathie envers la République espagnole fut mal perçu par les autorités militaires suisses. C'est ainsi qu'en janvier 1939, Ernst Rosenbusch fut mis en disponibilité en tant que premier-lieutenant, à cause de son soutien à la République espagnole. Le Général Henri Guisan souhaitait par ailleurs que le Dr Roger Fischer soit déchargé de son poste du centre de transfusion sanguine de l'armée, à Genève. Un rapport du service de sécurité du Département Fédéral de Justice et Police l'accusait d'organiser le départ de volontaires vers l'Espagne, de soigner gratuitement des combattants espagnols dans sa clinique et de collecter du sang pour les républicains. En revanche, le Dr Roger Fischer put conserver son poste en raison de ces compétences indiscutables dans le domaine de la transfusion sanguine.

3. Fin de la guerre civile
Au printemps 1939, après la défaite de République espagnole, les survivants de l'armée républicaine et des brigades internationales, soit près d'un demi-million d'hommes cherchèrent asile vers le Sud de la France et ceux-ci furent internés par les autorités françaises. La Centrale sanitaire internationale et la Centrale sanitaire suisse intervinrent activement pour améliorer les conditions d'hygiène et sanitaires dans les camps ainsi que soulager les famines. En Suisse aussi naquit une nouvelle tâche : s'occuper des combattants suisses en Espagne.

4. La Deuxième Guerre mondiale
Les activités de la Centrale sanitaire internationale furent interdites, malgré la misère des camps du sud de la France où affluèrent des dizaines de milliers de "suspects politiques" de toutes nationalités, qui avaient tous pris part dans leur pays au combat antifasciste. Ils furent séparés des autres réfugiés et internés dans des camps spéciaux. Quelques-uns parvinrent à s'enfuir et à gagner la Suisse. Ils demandèrent de l'aide auprès de la Centrale sanitaire suisse pour leurs camarades internés. Malgré bien des difficultés imposées par l'état de guerre, comme par exemple l'interdiction des collectes, la Centrale sanitaire suisse envoya des vivres et, à partir du Portugal, suite au décret interdisant l'exportation de produits alimentaires.

5. Les déportés en Afrique du Nord
En 1941, la plupart des internés du sud de la France furent déportés en Afrique du Nord où on les utilisa pour la construction du chemin de fer transsaharien. La Centrale sanitaire suisse envoya alors son aide là-bas aussi.

6. Prisonniers de guerre en Finlande
Quand les troupes soviétiques entrèrent en 1939 sur le territoire neutre de la Finlande, il se développa une action d'entraide qui réussit en peu de temps, malgré l'interdiction des collectes, à réunir plus de 4 millions de francs.

7. La résistance
En France et Italie, les résistants s'activèrent contre le fascisme. La section romande en collaboration avec l'Alliance suisse des Samaritains ouvriers leur apporta donc une aide matérielle.

8. Missions médicales en Yougoslavie
En 1944, la Centrale sanitaire suisse se procura en grande partie au marché noir ou en contrebande d'Allemagne nazie, du matériel chirurgical qu'elle achemina jusqu'en Yougoslavie à l'intention de l'armée des partisans.... Le Dr Marc Oltramare, qui fut par la suite président de la section romande, fit partie de la mission. Il y eut 4 missions successives et la Centrale sanitaire suisse poursuivit son soutien médical à la Yougoslavie jusqu'en 1948.

9. Aide en Allemagne après la Guerre
9.1. Des actions de colis furent organisées en faveur des survivants de camps de concentration et des victimes du nazisme par le bais de la "Süddeutsche Ärzte und Sanitätshilfe" (SAes), sorte d'organisation soeur de la Centrale sanitaire suisse.
9.2. Aide aux enfants, centres de convalescence et colis de bienfaisance

10. Aide à d'autres pays
Une aide fut apportée aux anti-franquistes via le comité régional "Pablo Picasso" à Toulouse (vivres, vêtements et médicaments), notamment par le biais de l'hôpital Varsovie. Par ailleurs, la Centrale sanitaire suisse vint en aide à la Pologne, à la Bulgarie, à la Tchécoslovaquie, à la Grèce et aux victimes du fascisme en Autriche.
La section romande vint en aide à la France par l'aménagement d'une baraque pouponnière pour la ville sinistrée de Nantes et par l'envoi d'un camion radiophoto à Sochaux pour lutter contre la tuberculose.
La section tessinoise fut active en Italie (exposition sur la résistance italienne, construction d'un village d'enfants à la Rasa, près de Varese)

11. Décès de Hans von Fischer
Dans les années 1950, s'installa un climat de maccarthysme en Suisse. Les organisations jugées à gauche furent opprimées, notamment lors des évènements de Hongrie en 1956.
Par ailleurs en 1961, survint le décès de Hans von Fischer. C'est Ernst Rosenbusch qui lui succéda à la présidence jusqu'en 1977.

12. Aide au Vietnam
Au printemps 1965, naquit en Suisse un mouvement de solidarité avec le peuple vietnamien. Un comité est créé pour secourir les victimes de la guerre à La Chaux-de-Fonds. Par la suite, des comités d'aide au Vietnam sont fondés à Neuchâtel, au Locle, dans le canton de Vaud et un comité Centrale sanitaire suisse est constitué à Genève. Pour coordonner tous ces comités, un "Comité national d'aide au Vietnam, section de la Centrale sanitaire suisse" fut constitué et fut présidé par le Dr Marc Oltramare ; le Dr Maurice Mühethaler en fut le secrétaire. Une des actions les plus importantes a été la publication d'une brochure sur la guerre chimique et bactériologique rédigée par le Dr Jean-Pierre Guignard, qui fut par la suite président de la section vaudoise. Ladite publication fut utilisée par le Tribunal Russell pour juger les crimes de guerre américains au Vietnam.
Fin février 1966, du matériel chirurgical est envoyé au Vietnam. En 12 ans, l'aide matérielle de la Centrale sanitaire suisse va dépasser les 3 millions de francs. Cette aide était destinée à la Croix-Rouge de la République du Vietnam et au service de santé du Front national de libération du sud Vietnam. Jean Ziegler a temporairement présidé le Comité national d'Aide au Vietnam. Suite à une évolution des mentalités, le Conseil fédéral accepta au début de 1973, une aide financière à la Centrale sanitaire suisse pour le Vietnam. Après la guerre, la Centrale sanitaire suisse a continué à apporter de l'aide pour la reconstruction. Ainsi, en 1988, une récolte de fonds servit à financer un réseau de 10 centres de soins, ce projet étant géré avec d'autres ONG tel le Secours populaire français.
La Centrale sanitaire suisse aida la population du Nord Vietnam par l'intermédiaire de la Croix-Rouge nord-vietnamienne et la population du Sud-Vietnam par l'intermédiaire du Front National de Libération. En revanche, rien ne fut envoyé aux gouvernements des régions occupés par les américains.

13. Réorganisation de la Centrale sanitaire suisse
Suite à la guerre du Vietnam, la Centrale sanitaire suisse retrouva un nouvel élan, apparu d'abord en Suisse romande. Le Comité national d'aide au Vietnam, qui coordonnait plusieurs comités locaux, était une section de la Centrale sanitaire suisse. En 1978, les trois sections régionales (alémanique, romande et tessinoise) devinrent autonomes sur le plan organisationnel et financier (avec leurs propres cotisants et leurs propres actions).

14. Diversification des activités de la Centrale sanitaire suisse
Après 12 ans d'aide au Vietnam, la Centrale sanitaire suisse vient en aide dans tous les continents beaucoup d'autres peuples luttant pour leur liberté et leur indépendance.
L'aide au Vietnam se poursuit par l'équipement de deux dispensaires dans le Sud Vietnam, l'aide matérielle au Dr Duong Quinh Hoa à l'hôpital des enfants malades de Ho-Chi-Minh-Ville, la participation à la lutte contre le rhumatisme articulaire aigu et l'envoi d'aide alimentaire en 1986.
La section suisse alémanique apporta son aide à la Namibie opprimée par les forces militaires d'Afrique du Sud. Elle envoya du matériel au SWAPO (Front de libération du Sud-Ouest africain) en Angola et en Zambie. Par ailleurs elle récolta des fonds pour l'envoi de médicaments au mouvement de libération ANC (African National Congress) en Afrique du Sud.
Depuis 1978, la Centrale sanitaire suisse apporta son aide au Front de libération de l'Erythrée, sous forme de nourriture, de médicaments et de vaccins.
Depuis 1982, la Centrale sanitaire suisse aide les palestiniens en collaboration avec le Croissant-Rouge palestinien (envoi d'instruments oculaires et d'une chaise dentaire). Par ailleurs, en collaboration avec l'OLP, la Centrale sanitaire suisse fit un envoi de plasma au Liban. La Centrale sanitaire suisse collabora aussi avec l'Oeuvre suisse d'entraide Ouvrière (OSEO).
La Centrale sanitaire suisse apporta son aide au Guatemala car le pays est sous le contrôle de l'armée. Ainsi, la Centrale sanitaire suisse a pu soutenir le développement et l'équipement d'une unité de soins sur les hauts plateaux puis en mettant sur pied un système de santé autonome (en particulier par l'emploi de plantes médicinales).

15. El Salvador
Le Salvador fut le théâtre d'une guerre civile atroce entre les troupes gouvernementales et le mouvement de libération Front Farabundo Marti de Libération Nationale/Front Démocratique Révolutionnaire (FMLN/FDR). La Centrale sanitaire suisse apporta son aide au Salvador depuis 1981 en collaboration avec "medico international" à Francfort (matériel médical). Exceptionnellement, la Centrale sanitaire suisse apporta une aide financière (contrairement à sa doctrine qui consiste à n'envoyer que du matériel. Par ailleurs, en 1985-1986, la Centrale sanitaire suisse a organisé une campagne de parrainage d'enfants salvadoriens.

16. Nicaragua
Au Nicaragua, quand les sandinistes succédèrent au dictateur Somoza, le pays était exsangue. En 1983, la Centrale sanitaire suisse a alors envoyé pour la première fois depuis 1946, du personnel sur place. Elle a en outre participé à la construction d'un hôpital à Jalpala (projet de "medico international") par l'équipement de la salle d'opération. La Centrale sanitaire suisse soutint par ailleurs des brigades de santé envoyées par le Comité Amérique centrale de Zurich à Matapalga. Un autre projet en collaboration avec la ville de Carouge fut l'édification d'un foyer maternel à Puerto-Cabezas où une sage-femme genevoise fut envoyée. La Centrale sanitaire suisse envoya aussi un technicien en radiologie à Managua.

17. Sahraouis
Au Sahara occidental, une guerre éclata entre le Maroc et les Sahraouis en 1973. La section tessinoise décida de leur venir en aide par l'envoi de médicaments, vivres et vêtements. L'aide aux sahraouies fut reprise par la section romande, en collaboration avec le Polisario-Comité hollandais.

18. Liban
Entre 1982 et 1984, la Centrale sanitaire suisse vint en aide au Sud Liban par l'envoi d'antibiotiques et de vaccins et aida exceptionnellement le Secours populaire libanais pendant le siège de Beyrouth.

19. Chili
La Centrale sanitaire suisse aida l'association chilienne PIDEE (organisation pour l'aide aux enfants victimes de la répression) par des envois réguliers de lait en poudre et d'antibiotiques.
Par la suite, la Centrale sanitaire suisse apporta son aide à Cuba, dès 1992, au Kosovo, dès 1993 et au Kurdistan.
Les sections romande et alémanique se sont séparées en 2001 pour devenir des entités juridiques et administratives séparées.

A présent, la Centrale sanitaire suisse songe à fusionner avec Médecins Sans Frontière. Quant à la section alémanique, elle fait partie désormais de l'ONG d'origine allemande "Medico International".

Informations internes des archives

Code d'identification:[01904]

Relations avec des ressources archivistiques

Identification et intitulé de la ressource associé:PP 943