Déclaration de Berne

 

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IdentifiantDéclaration de Berne
 

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Type d'entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Déclaration de Berne

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Histoire:Voici comment se présente la Déclaration de Berne sur son site (http://www.evb.ch/fr/p9610.html) : "Agir ici pour un monde plus juste «Nous ne réaliserons pas notre vocation humaine si nous nous accordons du statu quo.» Cette phrase tirée de l'un des textes fondateurs de la Déclaration de Berne illustre bien la dynamique de cette association créée en 1968. Elle regroupe des citoyennes et des citoyens décidés à agir ici pour un monde plus juste. Elle interpelle les décideurs politiques et économiques suisses sur les inégalités dans le monde et les blocages qui empêchent le développement des populations pauvres de la planète. Sa revue "Vers un développement solidaire", ses campagnes de sensibilisation et ses actions politiques invitent chacune et chacun à s'engager en connaissance de cause, pour le respect de la dignité humaine et la sauvegarde de l'environnement."

Texte fondateur de la Déclaration de Berne.

La Suisse et les pays en voie de développement

Cette déclaration a étéélaborée lors de deux réunions, l'une à Gwatt (le 4 janvier 1968) et l'autre à Berne (le 10 mars 1968)

1. Un défi à notre génération
Parmi les hommes qui, chaque jour, naissent à la surface de la terre, il y en a un nombre considérable dont on peut dire, sur la base de statistiques, qu'ils ne mangeront pas à leur faim; qu'ils n'auront pas l'occasion de fréquenter une école ni d'apprendre un métier; qu'ils ne jouiront pas des droits élémentaires qui sont les leurs. Nous appartenons à la première génération d'hommes qui connaisse l'ampleur de ce désastre et qui ait les moyens d'y mettre un terme; nous prenons dès lors une grande responsabilité si nous ne faisons pas tout ce qui est en notre pouvoir pour lutter contre la faim et contre la misère, pour les droits et pour la dignité de l'homme.

2. L'oeuvre du passé n'est pas vaine
Les oeuvres privées (laïques ou ecclésiastiques) d'aide au Tiers-Monde accomplissent outre-mer un travail beaucoup plus considérable que ne le laisseraient supposer le nombre des hommes et l'ampleur des moyens. Elles font des expériences difficiles, parfois décevantes. Mais leurs réalisations sont tout à la fois un exemple sur le plan professionnel, un signe de contradiction dans un certain contexte économique et social, une lueur d'espoir dans un climat de résignation fataliste. Il faut être reconnaissant aux missionnaires chrétiens d'avoir - la plupart du temps sans le savoir - inventé l'aide aux pays en voie de développement.

3. Insuffisance de l'aide actuelle
Aujourd'hui, l'aide des Etats, heureusement, est venue s'ajouter à l'aide privée. Les Chambres fédérales ont voté des crédits et mis en place des hommes compétents. Mais il faut préparer l'opinion pour que ces crédits officiels soient à l'avenir plus élevés. Car moins d'un franc par habitant de la Suisse et par mois, ce n'est pas encore un montant décent si on le compare à l'ampleur du problème.

4. L'ambiguïté des échanges
Les marchandises venant des pays en voiede développement devraient être payées au juste prix, et le travail qui s'y effectue mieux rétribué. Nous devrons y arriver sans faire prévaloir dans les pays du Tiers-Monde des systèmes artificiels qui freinent leur développement à long terme. Sinon, les relations économiques que nous leur imposons actuellement réduiront à néant l'aide que nous apportons d'autre part. La Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (UNCTAD/CNUCED) a bien mis en évidence la complexité de ces mécanismes.

5. Les mutations politiques nécessaires
Il faudra modifier sur tous ces points notre politique sans provoquer de heurts trop brutaux dans notre économie. La Suisse devra renoncer à certains privilèges, et l'opinion publique doit en être consciente pour qu'elle prenne progressivement certaines options politiques précises et se prépare à transformer assez profondément les structures du pays.

6. Un institut national pour les problèmes du Tiers-Monde
Un institut devrait êtrecréé pour étudier les problèmes posés à notre pays par la situation du Tiers-Monde, pour coordonner les efforts entrepris et pour mieux informer l'opinion publique.

7. Choisir entre la vie et la mort
Il faudra bien arriver - c'est là un but plus lointain - à consacrer à cette lutte contre la faim et contre la misère une partie des dépenses consenties chaque année dans le monde entier pour la course aux armements, comme le réclamaient la Conférence mondiale "Eglise et Société" du Conseil oecuménique des Eglises (1966) et l'encyclique "Populorum progressio" (1967), et conformément à la proposition faite en 1964 à l'Assemblée de la Fédération des Eglises protestantes de la Suisse. Il faudra réaliser cette reconversion progressivement, sur le plan international et de manière contrôlée; mais il faudra la réaliser; car on ne pourra pas à la longue, on l'a dit, financer tout à la fois sur la terre la vie et la mort.

8. Faire une place au Tiers-Monde dans les programmes d'enseignement
A tous les niveaux, il faut faire une place, dans l'éducation et dans l'instruction publique, aux problèmes du Tiers-Monde, en sorte que les jeunes se demandent quelle part ils vont prendre (et peut-être: quel engagement professionnel) dans cette lutte contre la faim et contre la misère, pour les droits et pour la dignité de l'homme.

9. C'est la volonté d'agir qui manque
Nos contemporains sont d'ailleurs de plus en plus conscients de l'importance de ces questions, soulignée à maintes reprises par les plus hautes personnalités du monde et par les plus marquants de nos économistes. C'est la volonté d'agir, surtout, qui manque, et un engagement personnel qui, s'il était imité par un grand nombre, créerait inéluctablement une volonté nationale.

10. Un signe concret
C'est pourquoi les signataires de cette Déclaration ont décidé que pendant trois ans à dater de leur signature ils consacreront 3 % de leur revenu, chaque mois, à une ou plusieurs oeuvres (laïques ou ecclésiastiques) d'aide au Tiers-Monde. Ils savent que les contributions individuelles ne sont pas suffisantes et que des solutions doivent être trouvées à l'échelon national, régional et mondial. Ils veulent simplement marquer par cet engagement leur volonté d'agir simultanément sur tous les plans.

11. Les chrétiens et les incroyants sont solidaires
Si les peuples riches sont aujourd'hui, pour la plupart, des peuples fondés sur une civilisation judéo-chrétienne, c'est en partie à cette libération spirituelle qu'ils doivent leur développement et leur évolution sociale et en partie aussi aux conditions souvent misérables dans lesquelles d'autres peuples ont travaillé pour eux. Les chrétiens, aujourd'hui, ne peuvent profiter seuls de leur richesse sans trahir l'Evangile; ils savent qu'ils doivent mettre une limite à leur prospérité pour permettre à tous les hommes (et à eux-mêmes aussi) de réaliser leur vocation humaine. Et de nombreux incroyants qui ont, plus que les chrétiens parfois, luttépour la justice sociale, cherchent aussi dans ce combat un sens à donner à leur vie.

12. Le courage nécessaire des autorités
Les soussignés adressent aujourd'hui ce manifeste au Conseil fédéral, appuyé par 1080 personnes de toutes les régions de la Suisse qui se sont engagées à verser 3% de leur revenu à des oeuvres (laïques ou ecclésiastiques) d'aide au Tiers-Monde, et cela pendant trois ans à dater de leur signature. Ils le prient d'interpréter cet engagement personnel comme un appel très pressant qu'ils lui adressent. Ils lui rappellent respectueusement les positions très affirmées qui ont été les siennes à maintes reprises dans ce domaine. Ils lui demandent de mettre tout en oeuvre pour aider la Suisse à sortir du scepticisme et de l'indécision quant à l'aide au Tiers-Monde; et, dans le même esprit, de faire tout ce qui est en son pouvoir (comme ils s'y efforceront eux-mêmes) pour mettre fin, dans notre pays, aux déséquilibres les plus criants. Car en Suisse non plus tous n'ontpas une part égale, et de loin, à la prospérité nationale.

13. Appel au peuple suisse
Cette Déclaration ayant été présentée et remise au Conseil fédéral au mois de décembre 1968 chacun est invité à y souscrire au moyen du bulletin ci-après, qui ne comporte pas un engagement financier du même ordre. Les initiateurs ont en effet décidé que si les premiers signataires devaient s'engager à verser au moins 3% de leur revenu, ce pourcentage devait être laissé par la suite à l'appréciation de chacun, afin que personne ne soit retenu de signer par des empêchements matériels valables. Les résultats de cette campagne seront communiqués aux autorités et publiés par la suite.

Au nom des signataires:
pour la Suisse romande
Max Anspach, syndicaliste, Genève
André Babel, rédacteur, Genève
André Biéler, professeur, Begnins
Pierre Bonnard, professeur, Lausanne
Pierre Bungener, directeur de l'Institut africain, Genève
R.P. Raymond Bréchet, sj, rédacteur, Genève
André Cattin,avocat, Saignelégier
Michel de Coulon, ingénieur, Neuchâtel
Mme Pierre Darbre, Lausanne
Raymond Dutoit, professeur, Lausanne
Jean-Jacques Gautier, banquier, Genève
Maurice Gay-Balmaz, fonctionnaire, Vernayaz
Paul Jubin, secrétaire des Laïcs missionnaires de Suisse romande, Fribourg
R.P. Jean de la Croix Kaelin, Lausanne
Freddy Klopfenstein, rédacteur, Genève
Othon Mabillard, directeur du Grand Séminaire, Sion
R.P. Guy Musy, o.p., Lausanne
Lucien Nussbaumer, syndic de Fribourg
Mme Etienne de Palézieux, Aubonne
Henri Parrat, préfet de Delémont
Lukas Vischer, Conseil oecuménique des Eglises, Genève
Jacques Vittori, secrétaire syndical, Genève
Pierre Vittoz, pasteur, Lausanne
Gilbert Zbären, secrétaire missionnaire, Gland

pour la Suisse allemande:
Dr. Marga Bührig, Zurich
Dr. Erich Camenzind, Freiburg
Dr. Margrit Erni, Erziehungsrätin, Luzern
Prof. Dr. Johannes Feiner, Paulus-Akademie, Zürich
Prof. Dr. Max Geiger, Tenniken-Basel
Dr. PeterGessler, Boldern, Männedorf
Peter Grunder, Reallehrer, Adelboden
Pfarrer Kurt Marti, Bern
Prof. Dr. Josef Pfammatter, Chur
Pfarrer Jacques Rossel, Basler Mission, Basel
Dr. Hans Ruh, Schweiz. Evang. Kirchenbund, Bern
Pfarrer Hans Schädelin, Bern
Prof. Dr. Alois Sustar, Chur

Commentaire
1. Nous espérons obtenir de très nombreux engagements afin de manifester la volonté du peuple suisse de sortir résolument d'une certaine indifférence à l'égard des souffrances du monde extérieur et d'un certain égoïsme national sur le plan de nos relations économiques et politiques. Une plus grande solidarité n'est pas du tout contradictoire avec notre intérêt bien compris.

2. Du stade de la charité à court terme et de l'aumône occasionnelle, dictée par l'émotion passagère ou la pitié superficielle, il faut passer à la prise de conscience éclairée qui conduit à un engagement personnel et à une action suivie, individuelle et politique.

3. A cette fin, la "Déclaration de Berne"ne donne que des orientations générales provisoires qui seront complétées et modifiées par l'étude, la réflexion et l'expérience personnelles ou de groupes. L'engagement financier continu est à la fois un témoignage et une action pédagogique; il indique un départ, une mise en route; il n'est pas une fin en soi.

4. Nous avons besoin de la collaboration personnelle et active de tous les signataires. L'expérience montre, en effet, que c'est l'action personnelle directe qui obtient les meilleurs résultats pour déclencher les décisions. N'hésitez pas à demander la collaboration effective de tous les groupements auxquels vous appartenez, sans aucune discrimination politique ou confessionnelle. Et commandez à l'adresse indiquée les exemplaires de la Déclaration de Berne dont vous avez besoin pour une intelligente diffusion.

5. On nous a demandé de divers côtés comment nous pouvions contrôler les engagements pour en garantir l'exactitude. Notre seule réponse est que nous comptons sur l'honneur des signataires pour qu'ils s'acquittent honnêtement de leur promesse pendant les trois ans de leur engagement.

6. Nous sommes bien conscients des critiques que peut susciter le principe d'un engagement financier déterminé. On peut élever l'objection du légalisme ou même du pharisaïsme. Mais il ne nous a pas paru possible d'éviter d'assumer consciemment ce risque, car seul un engagement de cette nature est capable d'attester le sérieux de notre détermination, de dépasser le stade des déclarations verbales inefficaces et d'apporter peut-être ainsi une contribution, si modeste soit-elle, aux efforts nécessaires à la transformation de l'opinion publique suisse à l'égard de l'aide au pays en voie de développement.

7. Il est nécessaire d'insister sur le fait que les signataires sont libres d'affecter le pourcentage de leurs revenus qu'ils indiquent à n'importe quelles oeuvres travaillant pour le Tiers-Monde.

8. On nous a demandé s'il s'agit du pourcentage de notre revenu brutou de notre revenu net, tel qu'il apparaît dans notre déclaration fiscale. Libre à chacun d'en décider pour lui-même. Précisons aussi que ce pourcentage minimum englobe la part de notre effort financier pour le Tiers-Monde déjà entrepris avant l'engagement.

9. Le but déterminé de notre action est d'apporter un appui et un encouragement à tous les efforts qui sont déjà accomplis. L'élargissement de ces efforts doit conduire notre pays à une prise de connaissance plus large des problèmes mondiaux en vue d'une politique suisse plus efficace, plus généreuse et plus entreprenante sur le plan international.

10. Les personnes qui désireraient participer aux frais de la campagne sont invitées à verser leur contribution au CCP: Déclaration de Berne, Secrétariat Romand, Lausanne 10-10813. Du montant des dons reçus à cette fin dépendra l'ampleur de la campagne.

Informations internes des archives

Code d'identification:[01877]

Relations avec des ressources archivistiques

Identification et intitulé de la ressource associé:PP 922