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Histoire: | Le 24 février 2007, André Rapin, membre d'honneur de la Société vaudoise d'histoire et d'archéologie (SVHA), s'est éteint dans sa 80e année. Cet ancien haut fonctionnaire fédéral aux douanes, était un passionné, érudit d'archéologie et d'histoire, ardent défenseur du patrimoine vaudois. Ce domaine, fort peu sauvegardé par les autorités, était particulièrement menacé au début des années soixante, lors de la soudaine reprise du développement économique et des constructions de l'après-guerre. C'est le mérite d'un petit groupe de personnalités conscientes des enjeux et de la situation, au premier rang desquelles figurait Andrée Rapin, de s'être alors engagé vigoureusement en faveur de «l'archéologie vaudoise» (CVA).
La fondation du Cercle vaudois d'archéologie préhistorique et historique à Lausanne, en 1962, a été l'une des actions fédératrices de ce mouvement, qui a été de fait à l'origine de l'organisation vaudoise actuelle de la conservation du patrimoine. Anne Bielman dans son exposé retraçant les 25 ans d'existence du Cercle (Revue historique vaudoise 1989) a dit ce que nous devons à André Rapin qui fut son fondateur, président et organisateur pendant un quart de siècle. Plus de 300 conférences, présentées non seulement par les spécialistes reconnus, tant suisses qu'étrangers, mais aussi par les jeunes chercheurs, 50 visites de fouilles, des voyages, plusieurs expositions consacrées à l'archéologie d'ici et d'ailleurs ont largement contribué à éveiller l'intérêt du public vaudois pour ce patrimoine et pour l'archéologie en général. Le CVA est ainsi devenu un groupement spécialisé, lié à la Société vaudoise d'histoire et d'archéologie.
Les archéologues professionnels étant encore absents de la scène vaudoise dans les années soixante, André Rapin, toujours sous l'égide du Cercle, a pris l'initiative de fouilles de sauvetage, bénévoles, dans des sites menacés, comme ceux de Vidy lors des travaux de l'Expo 64, la villa romaine de Champ d'Asile à Lausanne, la villa romaine de Crissier, l'abri du Vallon des Vaux. Alors que le patrimoine bâti subissait les assauts des démolisseurs, André Rapin et le Cercle ont sans relâche mené campagne et oppositions, ce qui a permis la sauvegarde de la Maison Chavannes-Porta, de la Maison de Villamont à Lausanne, de maisons vigneronnes à Lutry.
Ces actions, qui n'avaient sans doute pas les moyens et la méthodologie des interventions actuelles, réunissaient des acteurs de tous les horizons, animés par une passion et un plaisir partagés. La participation de ses deux fils et de son épouse, Yolande Rapin, d'origine italienne, décédée il y a quelques années, ajoutait une coloration inoubliable à ces actions qui prenaient parfois tournure d'épopée dominicale.
André Rapin a également réuni une abondante documentation sur les sites archéologiques vaudois et sur les monuments, constituant une carte archéologique à jour, à laquelle l'aménagement du territoire vaudois a recouru en 1971 pour définir les sites à protéger par les arrêtés fédéraux urgents (AFU). II a d'ailleurs alimenté son fichier jusqu'à ses derniers jours. Sa disponibilité et son engagement pour le patrimoine lui ont par la suite valu sa nomination au comité de la SVHA, de 1967 à 1969, puis de la Société Suisse de Préhistoire, où il siégea de 1970 à 1978 et dont il assura la présidence de 1973 à 1975. Bien que le Cercle ait été son enfant chéri, A. Rapin a également été membre fondateur de l'Association Pro Lousonna en 1963 afin de promouvoir auprès du public les recherches sur le passé romain de Lausanne.
Outre son engagement pour le patrimoine, André Rapin a aussi eu la passion des livres et au cours de sa vie il a constitué une importante bibliothèque historique et archéologique. L'abbatiale de Payerne avait été dans sa jeunesse un des sujets d'études à l'origine de sa passion pour l'architecture et l'histoire médiévale et dans les dernières années de sa vie, il s'est à nouveau rapproche de ses origines et a orienté ses recherches sur Saint Nicolas, patron de l'église de Corcelles-près-Payerne.
Le regret d’André Rapin de n'avoir pas pu suivre un cursus d'études dans ce domaine aura été sans doute tempéré par la considération des effets de son dévouement à la cause de l'archéologie, et par la satisfaction de voir un de ses fils devenir archéologue à part entière.
(Extrait de la nécrologie parue sans signature dans "Revue historique vaudoise", 115, 2007, pp. 333-334). |
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