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Histoire: | L'origine du Domaine de Favières remonte au milieu du XVIIe siècle. A cette époque, les terres de Bugnaux faisaient partie d'un domaine beaucoup plus vaste qui comprenait, outre les vignes, prés, champs et pâturages et les bois de la région du hameau de Bugnaux, de nombreuses terres et forêts, dans la région d'Essertines-sur-Rolle, Saint-Oyens et Gimel et même à Vincy près de Gilly. Le centre de ce grand domaine était au hameau de Châtel, sur Bugnaux; s'y voit encore l'un des bâtiments qui servait de ferme et de logement dont l'origine doit remonter au début du XVIIe siècle ou même à la fin du XVIe siècle. A cette époque, ce grand domaine était la propriété de: - Mathieu Dumartheray (né en 1675 et mort en 1760). Il avait épousé Suzanne Debonneville (décédée en 1758), d'une ancienne famille de Gimel. Il avait acheté la bourgeoisie de Rolle. Ils eurent cinq enfants, trois fils et deux filles: - Jean-Isaac (né en 1716 et mort en 1806). Il épousa Benigne Gaillard de Rolle (née en1714 et morte en 1783); ils eurent deux enfants, un fils et une fille: - Suzanne-Elisabeth (née en 1746 et décédée en 1803 sans descendance); - Pierre-Louis Mathieu (né en 1751 et décédé en 1830); - Jean-Louis (né en 1718 (?) et mort en 1789). Le nom de son épouse nous est inconnu; ils eurent un fils, Rodolphe; - Jean-Pierre (né en 1717), resté célibataire; - Etiennette (née et décédée en ?), mariée à Pierre-Michel Biaudet de Rolle; - Lisebette (née en 1720, décédée en ?), mariée à Jacques-Antoine Des Vignes de Genolier.
Mathieu Dumartheray entreprit de reconstruire la façade à lac de la "grande maison" de Favières vers 1755 et, selon la tradition familiale, cette façade, alors en chantier, s'écroula lors du terrible tremblement de terre de Lisbonne, à la Toussaint 1755. Sa reconstruction fut entreprise immédiatement et la date de 1756 fut gravée sur la clé de voûte de la porte d'entrée de l'étage avec les initiales MDM. Elles s'y voient encore. A la fin de sa vie, Mathieu Dumartheray lègue une grande partie de son domaine à ses trois fils ensemble et non séparément, sauf qu'il lègue spécialement la vigne de la "Maréchaude" à Jean-Pierre.
Jean-Isaac s'occupe avant tout des terres de Bugnaux et des forêts, l'une à Vincy près de Gilly, une forêt de châtaigniers et l'autre au lieu-dit Pierre-Sanche, non loin de Gimel, dans le vallon de la Saubrette, en dessous du "Prieuré" de Saint-George;
Jean-Louis s'occupe des terres de Châtel situées en majeure partie sur le "Plateau" d'Essertines-sur-Rolle; il était "justicier" à Rolle. Son fils Rodolphe reprendra ce domaine;
Jean-Pierre reçoit la vigne dite de la "Maréchaude", sise à bise de Beauregard, sous Bugnaux, au titre de dédommagement pour son aide à son père pour la culture de cette vigne laquelle retournera à son père au décès de Jean-Pierre.
Pierre-Louis Mathieu Dumartheray, fils de Jean-Isaac (né en 1751, mort en 1830), épouse Charlotte Cuénod (née en ? et décédée en1804), d'une ancienne famille de Vevey et qui sera préceptrice en Russie. Il fut syndic d'Essertines-sur-Rolle mais hypothèque gravement son domaine. Ils ont un fils, Henry.
Henry Dumartheray (né en 1791 et décédé en 1848), notaire de son état, fait l'impossible pour sauver le domaine. Il épouse: - en premières noces: Cécile Dumur, dont il a une fille et un fils: Adèle (qui épouse M. Mayor) et Eugène; - en deuxièmes noces: Betsy Chatelanat dont il a une fille: Emma (qui sera parente de la famille Messieux de Gimel). Devenus orphelins, Adèle, Eugène et Emma sont pris en charge par la famille Messieux qui est propriétaire à Gimel d'un domaine rural et d'une très belle ferme au centre de la localité. Henry Dumartheray, dans le souci d'améliorer l'exploitation de son domaine, remplace l'ancienne grange de Favières jouxtant la cour de ferme mais à lac, devenue trop petite, par une nouvelle grange, construite à joux de la cour; plus vaste et plus haute, cette nouvelle grange a été achevée en 1846, date sculptée sur la clé de voûte de la porte de grange au-dessous des initiales HD.
A sa mort, en 1848, le domaine passe à ses enfants dont l'aîné, Eugène Dumartheray (né en 1824 et décédé en 1893), juge cantonal, épouse: - en premières noces: "Mademoiselle" Mellet, décédée en couches; - en secondes noces: Charlotte Soutter de Morges où son père avait un important commerce de vin. Il reprend le domaine après de nombreuses difficultés et rachète sa part à sa demi-soeur Emma. En deuxièmes noces, il a deux fils: Fernand et Rodolphe. Il tente de partager son domaine, non sans difficulté, après s'en être très activement occupé. Il entreprend d'importants travaux pour "moderniser" la grande maison de Favières, travaux confiés aux architectes Chatelanat et Dorier de Nyon qui dotent la maison de deux tourelles, l'une à l'ouest et l'autre au centre de la façade lac, tourelles inspirées du néo-gothique tardif, alors à la mode dans le pays. A la fin de sa vie, Eugène Dumartheray doit faire face aux attaques de phylloxéra qui anéantirent pratiquement tout le vignoble. Il en mourra de chagrin en 1893.
Fernand Dumartheray, fils aîné d'Eugène, est né en 1860 et décède en 1910. Il était diplomate au service de la Confédération et mourut en poste à Vienne. C'est lui qui fait les démarches nécessaires pour modifier le nom de famille Dumartheray en "du Martheray". A la mort de sa mère en 1906, il reprend le domaine de Favières et désintéresse son frère Rodolphe qui, dépité de ne pas avoir Favières, achète alors la propriété de l'Ermitage, à proximité du château du Rosey, à Rolle. Fernand, bien qu'appelé à vivre constamment en poste à l'étranger, s'occupe activement de Favières; c'est lui qui entreprend de faire détourner la rue du village qui passait devant la "grande maison" en une route communale tracée à lac du potager de la maison. Ces travaux sont exécutés en 1908-1909. A la mort de Fernand du Martheray, le domaine de Favières échoit à son frère Rodolphe.
Rodolphe du Martheray (né en 1867 et décédé en 1912) était régisseur de domaines à Nyon, associé de la Régie Sauter et du Martheray. Il décède deux ans après avoir pris possession du domaine de Favières. Il avait épousé en 1890 Yvonne Guiguer de Prangins dont la famille était propriétaire des domaines viticoles de Germagny à Mont-sur-Rolle et des Cordelières sur le territoire d'Essertines-sur-Rolle (en tout environ 20 poses de vignes). Ils eurent quatre filles: - Isabelle (née en 1891 et décédée en 1992) a épousé, le 4 juillet 1917, Georges Bonnard de Nyon (né en 1886 et décédé en 1967), maître au Gymnase puis professeur à l'Université de Lausanne; - Yvonne (dite Yvette) qui a épousé Georges Walter, ingénieur civil; - Germaine qui a épousé Alfred Mundler, pasteur de l'Eglise libre vaudoise; - Madeleine (née en 1900), décédée en 1933, restée célibataire.
A la mort de son mari, Yvonne du Martheray garde, sur le conseil du régisseur, le domaine de Favières en hoirie avec ses quatre filles, ainsi que la propriété de l'Ermitage, et constitue l'Hoirie Rodolphe du Martheray qui deviendra propriétaire du domaine. Dès 1917, elle demande à Georges Bonnard, son beau-fils, d'assurer la régie du domaine avec l'assistance de M. Prin, collaborateur de la Régie Sauter de Nyon (jusqu'en 1925 ?), puis, plus tard, de celle d'Alfred Mundler. Dès lors, c'est à grand-peine que le domaine de Favières est maintenu dans la famille qui, en 1926, doit se résoudre à vendre la propriété de l'Ermitage à M. Carnal, directeur de l'Institut du Rosey voisin, à Rolle. Georges Bonnard assurera la régie de Favières jusqu'à son décès le 15 avril 1967 tout en assurant aussi celle du domaine Bonnard de la Rommaz proche de celui de Favières. Au cours de ces cinquante années de régie (1917-1967), outre les opérations usuelles, viticoles particulièrement, il fallut: - collaborer de longues années durant avec le Syndicat d'améliorations foncières des Coteaux de Chatagnéréaz (1955-1965 environ); - adapter l'exploitation viticole aux nouvelles exigences (nouveau pressoir, nouvelle centrale de surfatage et son réseau de tuyauteries souterraines (1965-1966); - entreprendre de lourds travaux d'entretien des bâtiments ("Grande maison" de Favières - réfection des toitures, bâtiment de ferme, grange, l'écurie et les étables (reconstruction après l'incendie de 1940) et maison du vigneron); - en 1953-1954, réaménager la "Petite maison", au centre du hameau, achetée en 1952 par Georges et Isabelle Bonnard pour leur retraite à Bugnaux, au coeur du domaine, ce qui leur permit d'assurer le suivi journalier des exploitations viticoles, agricoles et forestières. Au décès d'Yvonne du Martheray en septembre 1950, alors en hoirie avec sa soeur Noëlle Guiguer de Prangins (son frère Olivier, ingénieur aux CFF/traction était décédé en 1933), ses trois filles restèrent en hoirie avec leur mère. En 1956, suite au décès de Noëlle Guiguer, la famille prit la décision de dissoudre les Hoiries Rodolphe du Martheray et Guiguer de Prangins. Au cours des longues opérations du partage successoral qui suivit, décision fut prise de réserver le domaine de Favières à Isabelle Bonnard, ses deux soeurs reprenant ensemble en 1957 le Domaine de Germagny et le vignoble des Cordelières, avec la maison vigneronne sise à bise de Chatagnéréaz.
Isabelle Bonnard entra en jouissance du Domaine de Favières en 1958. Avec son mari, Georges Bonnard, elle s'y consacra entièrement, lui, poursuivant la régie du domaine, veillant à la relève des fermiers (les Clerc, père et fils), comme à celle des vignerons (les Decurnex père et fils). Le remaniement parcellaire des vignes sous Bugnaux entraîna un surcroît de travail de régie, en accord avec les vignerons, pour la remise en culture des parcelles viticoles réattribuées. Au décès de Georges Bonnard, le 15 avril 1967, ses quatre descendants se constituèrent à leur tour en hoirie Georges Bonnard.
L'hoirie Georges Bonnard, constituée par Jaques, Catherine Dubuis, Claude et Camille Mowat. Jaques, aidé par Claude, assurant la régie des terres, vignes, pâturages et forêts reprises par leur père ensuite du partage du domaine Bonnard de la Rommaz (en 1947-1948), leur mère, Isabelle Bonnard, restant indépendante comme seule propriétaire du Domaine de Favières. Dès le décès de son père, Jaques reprit la régie des domaines de Favières et de l'Hoirie Georges Bonnard, assistant sa mère, Isabelle Bonnard, pour le domaine de Favières, avec l'aide de Claude, son frère, pour les questions financières et juridiques et en accord avec leurs soeurs Catherine Dubuis et Camille Mowat qui, de leur côté, veillèrent sur leur mère de manière continue. Au décès d'Isabelle Bonnard, le 28 août 1992, la régie du domaine de Favières fut poursuivie par Jaques, régulièrement assisté par Claude; ils continuèrent celle de l'Hoirie Georges Bonnard conjointement, se réunissant régulièrement en séances de travail pour assurer la régie des deux domaines et, particulièrement, le suivi des questions financières. Les procès-verbaux (manuscrits) de ces séances sont déposés aux archives de régie. La succession d'Isabelle Bonnard fut ouverte le 4 novembre 1992 par le Juge de Paix de Gilly, En accord avec Jaques et leurs soeurs, Claude désigna Me Pierre Rochat, notaire à Lausanne, en vue d'élaborer le partage successoral de leurs parents.
Le décès de Claude, le 6 septembre 1994, amena Christiane, sa veuve, et leurs cinq descendants à se constituer en hoirie, l'Hoirie Claude Bonnard qui, dès lors, fit partie de la masse successorale.
Après des années de recherches et de démarches pour maintenir les exploitations viticoles du domaine de Favières et de l'Hoirie Georges Bonnard en une seule exploitation sous la forme d'une communauté d'exploitation étudiée et proposée par Me Pierre Rochat, il fallut y renoncer et se résoudre au partage successoral conclu le 11 décembre 2001 qui consacra le démantèlement du domaine de Favières et de la dissolution de l'Hoirie Georges Bonnard: - les bâtiments de Favières et leurs abords (Grande maison, ferme, grange et dépendances) repris par l'Hoirie Claude Bonnard sauf le four à pain attribué à Jaques); - la "Petite maison" du village étant attribuée à Catherine Dubuis, avec la petite "maison Zbinden"; - la maison du vigneron étant vendue à Jean-Pierre Decurnex, vigneron; - les prés, champs et pâturages étant répartis entre les héritiers; - les vignes étant attribuées comme suit: "La Maréchaude" à Catherine Dubuis, La "Plantaz" à l'Hoirie Claude Bonnard, "Le Champ-Carré" (aux Péclettes) à Camille Mowat, et Jaques reprenant les vignes de l'Hoirie Georges Bonnard (inscrites à la Cave de Mont-Féchy depuis 1948 - Les "Plattes" et "Rommaz-Dessous"); - les forêts ayant été cédées à Claude Bonnard à fin 1992, sauf la forêt dite de "La Côte", derrière Bugnaux, attribuée à Catherine Dubuis. |
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