Cercle littéraire de Lausanne

 

Données de base

IdentifiantCercle littéraire de Lausanne
 

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Zone d'identification

Type d'entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Cercle littéraire de Lausanne

Zone de la description

Histoire:Origines
Le Cercle littéraire de Lausanne a été fondé le 24 janvier 1819, à l’Hôtel de Ville de Lausanne. Sa fondation a lieu, un an après celle de la Société de Lecture de Genève avec laquelle il présente de frappantes analogies qu’expliquent des relations personnelles entre les pères de la société genevoise et divers initiateurs du Cercle. Plusieurs autres sociétés de lecture furent fondées en Suisse avec lesquelles le Cercle littéraire a eu des relations plus ou moins suivies. Aujourd’hui les contacts demeurent avec la Société de Lecture de Genève, celle de Bâle, la Société du Musée de Zurich et celle du Casino d’Herisau. Ses fondateurs ont voulu un établissement d’utilité publique au service du développement moral et intellectuel d’une ville appelée à être la capitale d’un jeune Etat confédéré. Il est symptomatique que parmi les cent quatorze membres fondateurs, figurent 10 sur 13 conseillers d’Etat en fonction, ce qui démontre mieux dès lors le souci d’intérêt public qui anime le Cercle et la bienveillance de l’Etat à son égard. Regroupant hommes du monde et intellectuels, le Cercle entendait offrir un centre de connaissance à la jeunesse studieuse et un lieu de rencontre pour les étrangers. L’histoire de la société est liée au bâtiment qu’elle possède sur la place Saint-François dès 1821, là où, selon toute vraisemblance, Benjamin Constant est né. L’achat de l’immeuble, le maintien dans un même lieu et les transformations d’embellissement de l’immeuble ont renforcé l’énergie des membres. Des règles très strictes sont prises dès le 11 novembre 1821 pour refuser tout cercle parallèle, et l’adoption d’un règlement stipulant que, en cas de dissolution ou de changement des buts du Cercle, les biens de la société passeront, après paiement des dettes, pour moitié au Musée cantonal et pour moitié à l’Hospice cantonal, la bibliothèque allant à la Bibliothèque cantonale. Ainsi se trouvait scellé ce que beaucoup ont nommé « le testament du Cercle ».

Compris dans un réseau de sociétés locales
A sa fondation en 1819, c’est bien sa qualité de littéraire qui fait l’originalité du nouveau cercle. Nouveau, car Lausanne a connu et connaîtra encore d’autres sociétés de ce type. Deux d’entre elles méritent d’être citées, leur histoire les reliant au Cercle littéraire. Il s’agit des Cercles de la Palud et du Commerce, fondées respectivement en 1766 et 1799. Tous deux offrent à leurs membres la possibilité de jouir des plaisirs de l’existence. On y boit – chaque année les comités s’inquiètent de la qualité de vins, vieux ou nouveaux, proposés à leurs adhérents. On y peut jouer aussi aux cartes ou au billard. On y fume enfin. Tel buffet du Cercle de la Palud est doté de tiroirs individualisés où chacun peut déposer pipe ou tabac à fumer. Ces sociétés coexistent durant plusieurs années. Assez brusquement, en juin 1842, la direction du Cercle de la Palud constate qu’il se trouve dans un état précaire, ses membres démissionnaires rejoignant le Cercle littéraire. Devant cette situation, la direction du Cercle de la Palud paraît attendre une démarche du Cercle littéraire qui ne vient pas. Au contraire, le cercle du Commerce lui fera une offre ferme: il est prêt à recevoir ses membres sans ballottage et sans finance d’entrée. En conséquence le Cercle de la Palud prononce sa dissolution, lui que avait son siège de 1780 à 1789 à la Maison Fraisse. A son tour, le cercle du Commerce connaît une phase de déclin et, en 1850, il cherche son salut au Cercle littéraire. Après quelques discussions, on tombe d’accord. Les sociétaires du Commerce seront reçus sans ballottage membres de première classe du Cercle littéraire. Ils y apporteront leur billard, le Cercle s’engageant à agrandir pour cela son salon de jeux. Ils sont ainsi trente-deux à être agrégés au Cercle le 8 mai 1850. Par ces fusions, le Cercle littéraire peut revendiquer des racines jusqu’en 1766. Outre plusieurs cercles politiques, professionnels ou religieux, un autre créé au XIXe siècle mérite mention. Il s’agit du cercle de Beau-Séjour. Il est ressenti comme un concurrent potentiel. A son apogée, Beau-Séjour comptera jusqu’à cinq cents membres. En 1936 le cercle de Beau Séjour est mis en liquidation, il disparaît définitivement en 1947.

Fondée en 1691 à l’Hôtel de Ville de Lausanne, tout comme le Cercle littéraire, émanation de la bourgeoisie et de l’aristocratie locales, l’Abbaye de l’Arc est la plus ancienne société lausannoise encore existante. Elle est à l’image des autres sociétés de tir qui existent dans le Pays de Vaud et sont encore très vivantes aujourd’hui. En 1812, elle acquiert un terrain sur Montbenon sur lequel elle fit construire un bâtiment qui est toujours le sien aujourd’hui. On constate une certaine osmose entre l’Abbaye de l’Arc et le Cercle littéraire. A preuve, vers 1897, sur environ cent soixante membres du Cercle, une soixantaine le sont aussi de l’Abbaye de l’Arc, ce qui amène les comités à parler de fusion. Toutes les tentatives échouèrent. Ainsi, il en fut question lors de l’assemblée extraordinaire du 22 juin 1901, en 1924, 1936, 1943 et lorsqu’il s’est agi de trouver un lieu d’accueil, en 1956, lors des transformations lourdes du bâtiment de Saint-François. « Ainsi se termine, sans fusion mais dans un respect mutuel, l’histoire des relations du Cercle et de l’Abbaye de l’Arc. Une longue tentation à laquelle le Cercle sut finalement échapper. »

Le bâtiment de Saint-François
L’achat de 1821 a ancré le Cercle au cœur de la ville de Lausanne. Durant pendant deux siècles, il a constamment maintenu son immeuble qui reste, sur la place Saint-François, le témoin d’une architecture élégante et solide. Les grandes dates de travaux sont de 1842, 1855, 1872, 1886 1888, 1896, 1935, 1955-1957 et 2000.

La raison du Cercle, c’est surtout sa bibliothèque
« L’enrichir, l’accroître sans cesse est notre ambition la plus chère. »
L’invitation à créer un Cercle littéraire motivait ce projet par la nécessité de fournir aux futurs sociétaires la possibilité de lire régulièrement « des ouvrages périodiques publiés dans les principales langues de l’Europe relatifs aux arts, aux sciences et aux lettres. » Il s’agit de nourrir la réflexion des membres qui disposent à cet effet d’un salon voué à la lecture et au silence, puis d’alimenter leurs discussions dans un local réservé à la conversation. Le 12 décembre 1819 déjà, au terme de la première année du Cercle, l’assemblée adopte une proposition du comité, « convaincu de l’utilité d’une bibliothèque dans un établissement du genre du Cercle littéraire, et engagé par les offres de livres qui lui ont été faites par divers membres. » Le premier catalogue imprimé date de 1830. Le Cercle possède alors 2750 volumes reliés, le mouvement de circulation des livres est de 3600 environ. Un nouveau catalogue est présenté le 6 décembre 1846. Il comporte plus de 560 titres regroupés en cinq grandes classes: Théologie et morale religieuse (36 titres); Jurisprudence, législation, droit (26 titres); Sciences et Arts (92 titres); Belles-Lettres (149 titres); Histoire (258 titres). A tout cela s’ajoutent 102 titres de journaux et une collection de brochures reliées en 60 volumes. Ces chiffres modestes montrent que, au fils des ans, le Cercle s’est séparé d’une bonne partie des ouvrages qu’il avait acquis ou reçus. Un troisième catalogue est terminé le 16 août 1883. Il comporte 95 pages contre 56 pour celui de 1846. Un quatrième catalogue paraît en 1908. Il recense 5000 titres, 112 recueils de brochures et 177 journaux et revues. Il s’agit, en fait, d’une bibliothèque modeste si on la compare à celle de la Société de Lecture de Genève qui devait compter alors plus de 30 000 titres. Il est suivi d’un répertoire des auteurs et d’un autre des ouvrages anonymes. En 1914, on débute un catalogue par fiche. Il est question en 1947 d’établir un fichier par matières et des contacts sont pris avec l’Ecole de bibliothécaires de Genève. Les montants à engager découragent. La bibliothèque offre aujourd’hui plus de 70 000 volumes aux personnes curieuses ou désireuses d’approfondir leur culture ou leurs connaissances. Ces collections ne résultent pas d’un plan bien précis. Elles se sont constituées au cours du temps, au gré des modes. Peu à peu, le rôle des bibliothécaires a pris une importance considérable. Cette charge, très administratives à ses débuts, est devenue essentielle.

Les membres du Cercle
Selon les statuts de 1822, les sociétaires sont répartis en quatre classes. Tous « ont un droit égal aux avantages de la fréquentation du Cercle et de la lecture des papiers et ouvrages qu’il possède ». Majeurs, les membres « propriétaires ou de 1re classe « sont « collectivement seuls propriétaires et administrateurs du Cercle ». Ils forment l’assemblée générale, délibèrent sur les intérêts de la société, présentent des étrangers désireux de fréquenter le cercle. Les membres de 2e classe, « pris dans l’ordre des jeunes gens assez âgés et assez instruits pour sentir le prix de l’admission et se rendre utiles à l’établissement », sont en principe des étudiants âgés de 18 ans ou des fils de propriétaires. Ils ne payent aucune finance d’entrée et, pour la plupart, une demi-cotisation; ils quittent le Cercle à leur majorité ou demandent leur admission en 1re classe. On mit fin à ce système en 1882, année où le Cercle se trouve dorénavant formé, comme c’est toujours le cas, de membres sociétaires et de membres temporaires. Cette même année, les membres sociétaires sont définis comme des Suisses majeurs ou des étrangers âgés de 20 ans et ayant résidé trois ans à Lausanne.

Ils se sont trouvé 114 Vaudois pour la plupart, mais aussi Confédérés et étrangers pour fonder le Cercle en 1819 dans une ville qui comptait alors environ 13 000 habitants. En 1828, on compte 198 membres de 1re classe, 52 de 2e classe, 18 temporaires et 2 honoraires. En 1849, ils sont 232 membres, alors que de 238 en 1845, leur nombre a passé de 238 à 205. Durant la fin du XIXe siècle, le déclin des effectifs est continuel: 195 membres sont attestés en 1895. A la fin de la Première Guerre mondiale, le nombre de sociétaires tombe à 150 membres. Il remonte en 1955 à 191 membres, pour attendre le chiffre de 240 en 1960. Le cap des 300 membres est franchi en 1989 et l’admission des femmes en 1994 ne provoque aucun raz-de-marée. En 2007, le Cercle compte 353 membres sociétaires, soit 248 hommes et 69 femmes. Tous payent une taxe d’entrée de 100 fr. et une cotisation annuelle de 200 fr. Les temporaires, 4 à la même date, ont moins de 25 ans et règlent une demi-cotisation.

Le Cercle doit sa durée à un facteur matériel, son ancrage en un lieu privilégié mais surtout à son respect de valeurs intemporelles, le goût de connaître, l’esprit d’ouverture, la volonté de ne pas seulement ses membres mais d’enrichir la vie de la Cité.

(Extraits faits à partir de : Maurice Meylan: "Le Cercle littéraire de Lausanne de 1819 à nos jours", Genève : Editions Slatkine, 2007, 185 p.

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Code d'identification:[01799]

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