Larguier des Bancels (famille)

 

Données de base

IdentifiantLarguier des Bancels (famille)
 

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Zone d'identification

Type d'entité:Famille
Forme(s) autorisée(s) du nom:Larguier des Bancels (famille)

Zone de la description

Histoire:La famille Larguier des Bancels est originaire du sud de la France, de Saint-Germain de Calberte en Lozère. Les membres de cette famille sont tous réformés. En effet, le protestantisme est une religion très répandue dans la région, depuis la seconde moitié du 16e siècle. Toutefois, certains membres de la famille ont précisé dans leur testament qu'ils souhaitaient être enterrés selon les rites de la religion catholique, religion officielle du royaume de France. En effet, pour que leurs biens soient transmis à leurs descendants, les protestants devaient faire profession de la foi catholique, acte qui leur permettait d'avoir une existence civile.
Le premier membre connu de la famille Larguier des Bancels est Antoine Larguier, dont les dates de vie sont ignorées. Il est mentionné dans les notes de Jean Samuel Larguier et un document, la quittance que ses deux fils cadets, André et Jaques Larguier des Bancels, lui ont remise, le 2 avril 1671 pour qu'il puisse disposer librement de son héritage, sans qu'André et Jaques ne puissent rien prétendre. Cette quittance constitue d'ailleurs le seul document qui renseigne à la fois André et Jaques Larguier des Bancels. Antoine Larguier est le frère aîné d'André et de Jaques; c'est à partir de ses descendants directs que nous pouvons suivre la famille Larguier des Bancels jusqu'au 20e siècle. En effet, le fonds ne comprend aucun document renvoyant à la descendance des frères d'Antoine Larguier des Bancels.
Antoine Larguier des Bancels a eu, quant à lui, quatre enfants : Jérémie, François, Pierre et Suzanne. De ceux-ci, un seul est documenté par le fonds : Jérémie, l'aîné. Jérémie est resté vivre à Lagarde, le domaine de la famille Larguier des Bancels, en Lozère, dans le canton de Saint-Germain de Calberte. En dehors de l'acte de mariage de Jérémie Larguier des Bancels, nous sont parvenus des documents qui attestent des titres et droits seigneuriaux de la famille Larguier des Bancels ainsi que les ventes et acquisitions faites par Jérémie Larguier des Bancels. Ces acquisitions ont trait principalement aux terres et aux titres attachés à ces terres. Une des principales préoccupations de la famille Larguier des Bancels, tout au long de son histoire, est bien illustrée par les démarches de Jérémie Larguier qui obtient, en 1723, tous les actes qui attestent des droits de sa famille sur le territoire des Bancels; il réunit ainsi tous les documents qui peuvent retracer l'histoire d'un titre de noblesse ou de propriété acquis par un Larguier des Bancels. En effet, les documents sur les propriétés de cette famille à Lausanne, acquises au 19e siècle, remontent plusieurs siècles avant l'achat des terres ou des immeubles.
François Larguier des Bancels, le fils de Jérémie, est le premier de la famille à s'installer à Lyon où il exerce la profession de négociant. Il se marie avec une dame Zollikoffer dont le nom francisé que l'on rencontre dans les actes officiels est " Sollicoffre ". Jeanne Elizabeth Sollicoffre est d'origine saint-galloise. En 1748, François Larguier des Bancels obtient la bourgeoisie d'Orbe.
Le fils de François Larguier des Bancels, David, est le dernier Lyonnais de la famille que l'on rencontre dans le fonds. En raison de sa foi protestante, ses droits, ainsi que ceux de sa femme et ses enfants, n'ont été reconnus qu'à partir de 1788, date à laquelle il use du droit que lui procure l'Edit de Versailles, proclamé par Louis XVI, en novembre 1787. En effet, cet édit, que l'on connaît aussi sous le nom d'Edit de Tolérance, introduit la reconnaissance des unions conjugales des sujets non catholiques du roi de France. David Larguier des Bancels vivait encore à Lyon quand a éclaté la Révolution française. On peut penser que, d'origine noble, il aura senti le danger, sous la Terreur. A cette fin, il demande une confirmation écrite de sa bourgeoisie d'Orbe. Malgré cet acte de bourgeoisie censé le prémunir contre toute atteinte, David Larguier est jugé par la commission révolutionnaire de Lyon et condamné à la peine capitale, cette même année 1793. La veuve de David Larguier des Bancels, Marie Louise Larguier des Bancels, née Calas, obtient, cette même année 1794, la confirmation de sa bourgeoisie d'Orbe : " [.] les femmes y conservent la qualité de Bourgeoise et de Citoyenne après la mort de leurs maris, [.]. ". C'est grâce à cette démarche qui prouve son appartenance au peuple suisse que Marie Louise Larguier des Bancels se voit restituer tous les biens qui avaient été confisqués à son mari et garantir sa sécurité : " Considérant que les Suisses et les Genevois, ces descendants de Guillaume Tell, donnèrent à la terre un exemple éclatant à suivre en secouant le joug de la tyrannie; [.]. La Commission révolutionnaire les renvoi d'accusation et ordonne qu'ils seront mis sur le champ en liberté pour rentrer dans la société et y remplir les devoirs du républicain. En conséquence les scellés de séquestre apposés sur leurs biens seront levés. " [P Larguier des Bancels 25].
Antoine Larguier des Bancels, frère de François et fils de Jérémie Larguier des Bancels, n'est pas de ceux qui s'installent à Lyon. En effet, il reste à Saint-Germain de Calberte, plus précisément dans son domaine de Lagarde.
Les documents concernant ses actions en justice illustrent bien ce qui sera très longtemps une préoccupation majeure pour la famille Larguier des Bancels : les eaux du domaine de Lagarde. Entre 1751 et 1766, Antoine Larguier des Bancels sera en procès contre Jean Daniel Verdelhan des Molles sur ce même thème de la répartition des sources d'eau pour les différents propriétaires de la région. Les descendants d'Antoine Larguier des Bancels étaient convaincus que s'il avait dû perdre son procès, la raison première en aurait été son appartenance à la religion protestante.
Le fils aîné d'Antoine est François Larguier des Bancels. Ce dernier est allé vivre à L'Isle de France (Ile Maurice) où il restera jusqu'à sa mort en 1790. Dans la colonie française, François Larguier est établi en tant que commerçant.
Pierre Frédéric Larguier des Bancels, le frère cadet de François, part vivre et travailler à L'Isle de France, comme son aîné.
Dans une lettre du 28 août 1784, adressée à sa mère, Pierre Frédéric Larguier des Bancels décrit la marche de ses affaires : " Malgré les faillites et le délabrement du commerce de notre colonie, je ferai une bonne année. J'ay eu des commissions très considérables puisque ma vente depuis le 1er décembre se monte déjà à neuf cent quarante mille livres. Et j'attends les vaisseaux L'Eléphant et les deux cousins venant de Lorient sur lesquels Marais nous a chargé pour cinq cent mille livres de marchandise, et pour six cent mille de l'Inde. Sans compter le retour du [Gueront de Langristin] que je viens d'envoyer au Bengale, et le retour d'un autre que j'envoye sous huit jours en traite qui ira vendre ses noirs à L'Amérique et qui me portera icy une cargaison de guerre en retour. Il est impossible que vous puissié avoir une idée du commerce qui se fait icy, avec quelle facilité on le fait et ce q'on y gagne quand on est un peu heureux, [.] " [P Larguier des Bancels 38].
Le 12 novembre 1788, sa soeur cadette, Louise Larguier des Bancels, fait enregistrer son mariage et reconnaître les droits de ses enfants, selon la possibilité offerte par l'Edit de Versailles dès 1787. Louise Larguier des Bancels prend l'initiative de cette démarche pendant l'absence de Pierre Frédéric qui se trouve alors à la colonie française, où il meurt 23 ans plus tard, en 1811.
Le premier fils de Pierre Frédéric Larguier des Bancels, Henry, né à Lausanne, est mort en bas âge à Saint-Germain de Calberte. Le second, Antoine Frédéric, est né à Saint-Germain de Calberte. Il a vécu 13 ans à L'Isle de France, puis est mort, en 1800, pendant la traversée entre la colonie et Hambourg.
La seule fille de Pierre Frédéric Larguier des Bancels, Sophie, part, comme ses aînés, vivre à L'Isle de France. Son mari Alexandre, meurt en 1817. Il semblerait que Sophie Larguier des Bancels ait vécu dans la colonie des moments particulièrement difficiles au niveau de sa santé autant que de ses finances.
Jean Samuel Larguier des Bancels est le plus jeune enfant de Pierre Frédéric. Il est un des membres de la famille les mieux documentés par le fonds. Jean Samuel sera le dernier propriétaire du domaine de Lagarde. Les raisons qui ont poussé les Larguier des Bancels à se séparer du domaine de Lagarde sont détaillées dans l'autorisation de vente délivrée par la Justice de paix de Lausanne, en 1828 : " L'éloignement de ces propriétés du domicile dudit Monsieur Larguier, le peu de [probabilité] qu'aucun des membres de sa famille s'établisse au lieu où elles sont située, le domaine n'étant pas susceptible d'être divisé en plusieurs parties, la surveillance qu'elles exigent étant difficile et coûteuse à Monsieur Larguier Père à raison de leur éloignement et de son âge, les bâtiments exigent des réparations majeures et l'urgence. Enfin que le revenu dudit domaine et pensions foncières sont bien au dessous de l'intérêt du capital qu'on peut en retirer en les vendant dans ce moment; ces diverses considérations ont engagé le dit Monsieur Larguier, son épouse et ses enfants, à écouter les propositions qui leur ont été faites de vendre le dit domaine de Lagarde [.] " [P Larguier des Bancels 73].
Jean Samuel Larguier des Bancels assume notamment les responsabilités de plusieurs postes au sein du système juridique vaudois. En effet, entre 1831 et 1852, il exercera successivement les fonctions d'assesseur de paix, à Lausanne; de juge au tribunal de première instance du district de Lausanne. Puis Jean Samuel devient juge suppléant au tribunal criminel du 2e arrondissement. L'étape suivante de sa carrière juridique est marquée par sa nomination au poste de juge d'instruction du 6e arrondissement, toujours à Lausanne. Ce parcours est couronné par son accession au poste de préfet du district de Nyon; Jean Samuel démissionne de sa fonction de préfet en 1852, à l'âge de 80.
En outre, Jean Samuel Larguier des Bancels semble s'être intéressé à ouvrir un établissement d'enseignement pour jeunes filles à Anduze, projet qui n'a pas abouti.
Les documents qui concernent Jean Samuel Larguier des Bancels constituent un pic au niveau quantitatif. En effet, ses enfants et leurs propres descendants ne sont pas autant renseignés par le fonds.
On retrouve cependant un membre de la famille, une des filles de Jean Samuel, Jenny Larguier des Bancels, qui présente une certaine variété de documents. On attirera l'attention sur les souvenirs qu'elle a rédigés de son voyage à L'Isle de France avec son père, entre 1815 et 1818. Jenny Larguier des Bancels semble être la première et la seule de la famille à ne pas considérer les gens de couleur de la colonie comme une simple marchandise : " Il est sûr qu'un grand nombre d'esclaves sont aussi ou même plus heureux que bien des paysans ou pauvres d'Europe. Mais il reste toujours vrai qu'ils peuvent d'un jour à l'autre tomber en très mauvaises mains; on les vend ou les achète et plusieurs sentent et souffrent de cette injustice. On les châtie pour cause de vol [.] et on ne leur a donné aucune instruction morale. Ne les a-t-on pas eux-mêmes volés à la nature [ ?] "
Ces souvenirs rédigés à l'époque de la Restauration font penser à des passages de l'oeuvre d'Henri Grégoire (1750-1831), contemporain de Jenny Larguier des Bancels : " Si l'on en croit beaucoup de planteurs, les esclaves travaillant sous le fouet d'un commandeur étaient plus heureux que nos paysans d'Europe, quoique jamais il n'ait pris envie à aucun de ces prolétaires des colonies nommés Petits Blancs d'échanger sa situation avec celle d'un Noir; et en dépit des arguments par lesquels on veut convaincre ces Noirs de leur bonheur, ils s'obstinent à ne pas y croire. " (Abbé Grégoire : De la traite et de l'esclavage des Noirs, Arléa, Paris, 2007)
Un des frères cadets de Jenny, Jean Jaques, part en 1831 pour le Brésil. En1854, Jean Samuel Larguier achète la campagne des Bergières à l'initiative de Jean Jaques, son fils, qui est le premier Larguier des Bancels propriétaire domaine des Bergières.
Le neveu de Jean Jaques Larguier, Jaques, est le fils de Samuel Louis Larguier des Bancels. Jaques fait ses études de médecine à Lausanne entre 1861 et 1870 et hérite de la propriété des Bergières, en 1888, à la mort de son oncle. Premier président de la Société académique vaudoise, en 1890, Jaques fait notamment partie des membres fondateurs du Musée du Vieux-Lausanne.
Le fils de Jaques Larguier des Bancels, Jean Charles, naît à Lausanne, rue de Bourg 29, le 3 avril 1876. Comme Jaques et Samuel Louis, avant lui, Jean Charles est bellettrien. Ses études, commencées en 1894 et terminées en 1902, le mènent à la psychologie. Jean Charles exerce d'abord cette branche en tant que professeur à la Faculté de médecine de l'université de Lausanne, dès 1907. Puis il publie, en 1921, un ouvrage d'introduction à la psychologie. Dès 1910, Jean Charles Larguier des Bancels est le seul propriétaire des Bergières, où il logera jusqu'à sa mort en 1961. Jean Charles meurt sans enfant et la famille Larguier des Bancels s'éteint avec lui.

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Code d'identification:[01784]

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