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Dates d'existence: | 3 mars 1916 - 3 mai 2007 |
Période d'existence: | 03/03/1916 - 03/05/2007 |
Histoire: | De son vrai nom Louis Plomb, Jack Rollan est né, le 3 mars 1916, à Lausanne. Il est genevois d'origine. Son père, Henri Plomb (1881-1932), se remarie après la mort de sa première femme avec Alice Amaudruz. Louis Plomb naît de cette seconde union. De son premier mariage, Henri Plomb a donné trois demi-frères et soeurs à Jack Rollan: Jean, André et Suzanne. Enfant, Louis Plomb rêve de devenir un artiste. Son père, violoncelliste, le met en garde à propos de la vie de musicien mais lui trouve une place d'apprentissage de photographe chez Gaston De Jongh, à Lausanne. En fait, le métier ne lui convient, il ne termine pas la formation. En 1932, il est engagé comme figurant-accessoiriste au Théâtre Municipal de Lausanne. Le directeur, Jacques Béranger, lui fait étudier le chant avec sa femme, Lucie Berthrand, qui est cantatrice. Blessé après avoir reçu un piano sur le pied, Louis Plomb quitte le théâtre. Le 12 décembre 1932, son père décède. Sa mère le fait embaucher à l'Innovation à Lausanne. Cet emploi est de très courte durée. Le jeune Louis Plomb, tourné vers des rêves d'artiste, a la tête ailleurs. Il joue à cette époque en amateur dans le Cercle Théâtral de Lausanne. Louis Plomb se lance dans la musique. Il apprend la batterie et joue dans des orchestres, notamment avec son ami Eduard Gros. Ils forment, tous les deux, momentanément les "Peter's Boys", dont le patron de la formation était Francis Echenard (1885-1935), directeur de l'Hôtel de la Paix, à Lausanne, et qui s'était déjà occupé de l'Orchestre Décosterd, dans lequel Henri Plomb jouait. Louis Plomb gagne ainsi sa vie pendant sept ans comme percussionniste. Il joue dans les tea-rooms chics, au Palace de St. Moritz, et exceptionnellement avec l'Orchestre de la Suisse Romande. En 1937, il épouse Lily Clerc dont il a un fils, Jaques. Pendant la Guerre, n'étant pas mobilisable, il continue à faire de la musique. Une histoire d'amour malheureuse lui ouvre alors les portes d'une nouvelle carrière. Tombé amoureux d'une danseuse de cabaret peu après son mariage, il écrit une chanson qu'il trouve si belle qu'il veut la faire écouter au monde entier. Il chante cette première chanson, "Pourquoi?", à Ruy Blag lors d'une audition à Radio Genève en 1941. L'animateur ne tombe pas sous le charme de cette chanson d'amour, mais se laisse convaincre par une autre, au ton satirique, intitulée "Vocation". Il engage alors Louis Plomb à produire deux chansons par mois. Le répertoire de Louis Plomb s'étant peu à peu étoffé, il se produit sur scène dans divers cabarets. Ruy Blag l'introduit en 1942 au "Casino-Théâtre" par un rôle dans l'opérette "Plume au vent". Il le convainc de porter un nom d'artiste, Louis Plomb devient Jack Rollan. Il rencontre Wanny, André Lauriac et Jean Nello avec qui il forme un quatuor vocal qu'il nomme "Quatre sur un piano" et dont il fait une émission de radio à succès. Jack Rollan devient peu à peu une voix familière du paysage radiophonique romand. Son émission hebdomadaire "La Gazette en clé de sol" rencontre un succès qui annonce celui du "Bonjour de Jack Rollan", titre que prend l'émission sur les ondes de Radio Lausanne. À la suite d'une relation amoureuse avec Wanny, la compagne de son mentor Ruy Blag et sa partenaire dans "Quatre sur un piano", il se voit contraint de quitter les studios de Radio Genève. Il donne sa démission en mars 1943 et offre ses talents à la concurrence. C'est le début d'une carrière radiophonique imposante. Il crée et anime un nombre impressionnant d'émissions en direct au cours de ses dix ans de collaboration avec Radio Lausanne, en usant d'un ton alerte et s'exprimant le plus souvent dans l'improvisation. Sa notoriété prend rapidement des airs de gloire. Au "Bonjour de Jack Rollan" s'ajoutent bientôt une quantité d'autres émissions dont "Jane et Jack" avec Jane Savigny, "Trois et une" avec Paul Herbier, André Lauriac et Gisèle Robert, "À qui l'tour?", "Samedi'magazine" et "Y'en a point comme nous". En 1946, il lance avec Roger Nordmann l'émission "La Chaîne du bonheur", devenue par la suite une fondation qui est toujours active aujourd'hui. Le 14 octobre 1952, les auditeurs entendent le "Bonjour de Jack Rollan" pour la dernière fois. L'animateur y dénonce les agissements d'un régisseur genevois auprès duquel il refuse de s'excuser. L'affaire dite "de la salle à manger" lui coûte sa place à Radio Lausanne. Parallèlement à son activité radiophonique, Jack Rollan avait déjà pratiqué dans la presse écrite. Il compose des chroniques dans divers journaux. Pendant la Guerre et dans l'immédiat après-guerre, les journaux Curieux et La Nouvelle Revue de Lausanne lui ouvrent leurs colonnes. L'aventure ne se poursuit pas: Jack Rollan évoque dans le cas de La Suisse un départ causé par la censure que lui impose la rédaction. Après son départ de la radio, Jack Rollan lance son propre journal Le Bon Jour de Jack Rollan. De 1952 à 1959, 135 numéros se succèdent. Cet hebdomadaire (paraissant plus ou moins régulièrement) est considéré, aujourd'hui encore, comme l'un des rares journaux satiriques romands couronnés de succès. Il tira jusqu'à 100'000 exemplaires. Jack Rollan y dénonce diverses affaires, s'appuyant sur des enquêtes de détectives privés, et s'entoure des meilleurs chroniqueurs et dessinateurs de l'époque (Samuel Chevallier, André Marcel, André Paul, Jacques Faizant). Profitant du succès de son journal, Jack Rollan s'essaie au spectacle itinérant. Malheureusement, c'est un échec financier retentissant. La faillite l'oblige à interrompre l'aventure du Bonjour. Mais Jack Rollan ne s'avoue pas vaincu: en janvier 1960, il crée Le journal de Jack Rollan, dont il est le seul rédacteur. Mais la ligne rédactionnelle et le graphisme diffèrent considérablement du Bon Jour et ne séduisent pas le public. Après neuf numéros, la revue cesse de paraître. Cependant, Jack Rollan ne disparaît pas pour autant du champ journalistique romand. En effet, dès 1963, Jack Rollan tient une rubrique dans La Suisse: il reprend la chronique de Ruy Blag et compose "La ballade du dimanche" jusqu'en 1965. Sa chronique se transforme alors en reprenant sa marque de fabrique: Le bonjour de Jack Rollan paraîtra, d'abord tous les deux jours, puis quotidiennement, jusqu'en 1974. Elle illustre la vie mouvementée de l'artiste: "Le Bonjour" parvient, pendant de long mois, de Paris, mais également des lieux de villégiature ("Le Bonjour d'Italie" et "le Bonjour de Cannes"). La collaboration est stoppée net, à la suite de la non-publication par la rédaction de La Suisse d'un billet consacré à la mort dans les bras d'une prostituée du cardinal Jean Daniélou (1905-1974). Jack Rollan profite de l'occasion pour lancer son troisième journal: Le Bonjour de Jack Rollan. Une équipe de chroniqueurs l'épaule: on y retrouve les fidèles (André Marcel et André Paul), ainsi que des nouveaux (Lova Golovtchiner). Malheureusement, la parution du journal cessera après le neuvième numéro. Jack Rollan reprend alors son activité de chroniqueur, qu'il n'avait pas complètement abandonnée. Ainsi en 1970, il consacre quatre articles à l'initiative James Schwarzenbach, la combattant vigoureusement. Il débute également une carrière de chroniqueur dans la presse féminine: de 1974 à 1980, il fait entendre son "Bonjour, Madame" dans Femina. Cependant, la rédaction le censure d'une ligne et Jack Rollan s'en va. Entre-temps, il a également écrit dans Flair sous le pseudonyme de. Catherine Verdon. Démasqué par ses collègues féminines, il avoue, poursuit sous le nom de Jack Rollan, puis s'en va. Comme chroniqueur du journal gratuit Biel/Bienne, il trouve enfin une rédaction où il peut donner libre cours à sa verve caustique. De 1978 à octobre 2006, c'est chaque semaine qu'il y publie un billet: il l'envoie également par fax à un cercle d'abonnés n'habitant pas la région biennoise. On le sollicite également pour des participations occasionnelles: en 2001, il rédige deux articles pour le nouveau journal Dimanche.ch. Mais son caractère tranché provoque dans plusieurs cas l'interruption rapide des collaborations: ainsi il n'écrit que trois chroniques pour 24heures, avant de claquer la porte (en faisant publier une photographie du bébé rhinocéros Jack en lieu et place de sa chronique). Son activité dans la presse écrite compte également de multiples participations occasionnelles à divers magazines, des plus cocasses (Mon ami le chien) aux plus humanistes (Fondation pour les aveugles Laurent Bernet). En grand amateur de football, il tient également une chronique "Le bon shoot de Jack Rollan" dans La Semaine Sportive. En outre, il entretient une importante correspondance avec les journalistes romands. Le sous-fonds contient également des exemplaires annotés de ses propres journaux, démontrant la réutilisation de sa propre matière littéraire pour d'autres projets: ainsi diverses chroniques seront publiées par la suite dans des ouvrages (Le petit maltraité d'histoires suisses notamment). La Liberté de Fribourg avait le projet d'établir une correspondance entre l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Pierre Mamie et Jack Rollan qui aurait tenu le rôle, selon ses propres déclarations, du mécréant. La démarche n'aboutit pas. En 1947, paraît "Le Bonjour de Jack Rollan" aux Éditions Marguerat. À ce premier livre s'ajoutent entre 1950 et 2003 plus d'une dizaine de publications signées Jack Rollan. Tour à tour humoristique avec le "Petit maltraité d'histoires suisses" en 1950, poétique avec "Ma maison perdue" en 1961, ou provocateur avec "Moi j'aime les P." en 1979, Jack Rollan se fait ainsi écrivain. Il publie également plusieurs recueils de ses chroniques de presse. En 1955, il lance sa propre maison d'édition: "Jack Rollan Éditeur". Il fonde "La Thune du Guay", une collection humoristique qui fonctionne comme un club de lecture. Les abonnés reçoivent approximativement un livre par mois (11 titres par année). La collection édite 90 titres entre 1955 et 1966. Entre 1959 et 1960, Jack Rollan lance, sur le même principe d'abonnement, le "Bonjour sonore" sur des disques microsillons. A côté de ses activités radiophoniques et journalistiques, Jack Rollan fait son chemin dans le monde du spectacle. Dans les années 1948-1950, il produit des sketches pour la Revue de Béranger au Théâtre municipal de Lausanne. En 1948, avec le spectacle "Le Courant d'Airs", Jack Rollan et Collette Jean succèdent à Edith Burger et Jean Villard-Gilles au cabaret le "Coup de Soleil". En 1958, Jack Rollan abandonne son journal "Le Bon Jour de Jack Rollan", en plein succès, pour monter un spectacle d'envergure hollywoodienne. Il s'agit d'une adaptation de son livre le Petit maltraité d'histoires suisses dont il a également tiré 22 épisodes radiophoniques avec le titre "Y en a point comme nous !". Il baptise le spectacle du même nom. Les moyens mis en oeuvre sont grandioses. Jack Rollan abrite son spectacle sous un véritable chapiteau de cirque qui tourne de mai à juillet 1958 en Suisse romande et en Suisse allemande. L'histoire suisse ainsi revisitée par Jack Rollan remporte un succès populaire phénoménal mais précipite son auteur-compositeur-réalisateur-acteur dans une débâcle financière. Ruiné, il doit vendre la maison qu'il avait acquise grâce à son journal. L'ouvrage Ma maison perdue témoigne de la douleur que fut pour lui cette perte. S'ensuit une période difficile. Cependant, l'issue quelque peu malheureuse de cette première aventure ne le détourne pas du monde du spectacle. En 1965, vexé d'avoir été ignoré par la direction de l'Exposition nationale de Lausanne de 1964, Jack Rollan compose une cantate satirique sur le thème même de l'Expo 64. Il s'entoure de l'Orchestre de la Suisse Romande sous la direction de Jean-Marie Auberson et des Choeurs de la Radio Romande dirigés par André Charlet. Lui-même participe au spectacle en tant que récitant. Le résultat, "Si l'Expo m'était comptée", remporte un franc succès. Les représentations ont lieu de février à juin 1965 à Genève, au Victoria Hall, et, à Lausanne, au Théâtre de Beaulieu. L'année suivante, Jack Rollan enchaîne avec le "Cours (d'un soir) d'initiation sexuelle". Si l'affiche et le spectacle sont interdits par la Municipalité de Genève, le public, en revanche, est conquis. Le spectacle tourne dans toute la Suisse romande entre le mois de décembre 1965 et le mois de mars 1966. En mars 1968, Jack Rollan monte le spectacle à Paris. Prévues jusqu'en mai, les représentations sont cependant interrompues à la fin du mois de mars suite à un conflit avec la direction du théâtre entraînant l'artiste dans un nouveau drame financier. Pour couronner ses 33 ans de carrière, Jack Rollan monte un "one man show anti-show en forme de récital-inventaire de ses oeuvres incomplètes, inachevées, oubliées, méconnues, inédites ou retrouvées". Les représentations ont lieu sous un petit chapiteau installé à côté de son habitation à Thônex. Intitulé "Dites 33", le spectacle est donné pendant l'été 1978. En décembre de la même année, le spectacle est filmé par la Télévision Suisse Romande à Genève pour une série d'émissions consacrées à l'artiste. Entre 1983 et 1986, Jack Rollan donne un "Récital pour homme solo et coeur de femmes", spectacle "antishow" dans lequel il fait la lecture de certains de ses textes notamment tirés du projet "Les Encambronneuses", livre très attendu mais qui ne verra jamais le jour. Jack Rollan a écrit et pensé encore bien d'autres spectacles, pièces ou récitals. Certains projets, inachevés, restent à l'état d'ébauche. D'autres sont prêts à être produits, comme la pièce "On ne badine pas avec la mort". Programmée au Théâtre de la Comédie à Genève dès 1965, elle est détrônée par d'autres projets comme celui de "Si l'Expo m'était comptée". Après avoir été plusieurs fois ajournée, la pièce est finalement lue au Théâtre du Grütli en 1994, à défaut d'être jouée. Par le biais de ses émissions de radio, de ses propres journaux ou de ses chroniques de presse, Jack Rollan ne cesse de dénoncer - ouvertement et parfois à son détriment - ce qui le révolte. Son rôle de personnage public lui donne la possibilité de donner une certaine visibilité aux causes pour lesquelles il milite. Son engagement va souvent plus loin que le journalisme, comme en 1954, lorsqu'il lance avec Samuel Chevallier une initiative populaire pour la réduction des dépenses militaires ou lorsqu'il entame une grève de la faim pour soutenir celle du fondateur de "Terre des Hommes". Edmond Kaiser. Il se crée ainsi bon nombre d'ennemis et doit faire face d'une manière récurrente à des attaques virulentes, des menaces ou des procès. Il invente alors une astucieuse parade et neutralise ses détracteurs par le ridicule en publiant leur prose dans "Mes lettre d'injures" Personnage très séducteur, Jack Rollan n'a eu de cesse tout au long de sa carrière de faire partager avec humour à son public un penchant pour les femmes et les aventures coquines. Se remémorant sa première audition à Radio Genève, il révèle cependant que c'est le poète romantique et mélancolique en lui qu'il aurait voulu montrer au monde entier. Il confesse ainsi: "Je voulais être tendre, on me forçait à être drôle". En janvier 2004, il épouse, en secondes noces Irène Betanelli, sa compagne depuis près de 30 ans et jusqu'à la fin de ses jours. Jack Rollan décède le 3 mai 2007, à Lausanne, à l'âge de 91 ans. Ses cendres sont dispersées dans le lac Léman. Selon ses voeux, la cérémonie est intime et son décès rendu public avec une semaine de décalage. Il avait en effet exprimé cette dernière volonté: "Je ne veux ni église, ni cathédrale, ni télévision, presse ou radio; je veux le Léman et surtout pas de faux-culs, ni d'emmerdeurs. Alors ne parlez pas de ma mort avant l'adieu final." |
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