Parti Ouvrier et Populaire du canton de Vaud

 

Données de base

IdentifiantParti Ouvrier et Populaire du canton de Vaud
 

Infos de prov.

Zone d'identification

Type d'entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Parti Ouvrier et Populaire du canton de Vaud

Zone de la description

Histoire:La tentative de résumer l'histoire d'un parti en quelques lignes, pourrait comporter une synthèse qui banalise les multiples aspects d'un organisme politique complexe comme le Parti Ouvrier et Populaire vaudois (POP). Le risque majeur pourrait être celui de réduire les éventements dans un recueil de faits qui suit un simple ordre chronologique, sans se pencher sur le plan thématique; ou, au contraire, s'occuper trop d'une analyse thématique abstraite en oubliant le niveau des événements. Afin d'éviter tous périls d'interprétation abstraite ou d'uniformisation chronologique du sujet traité, on développera un compte-rendu de l'histoire du POP lié aux faits principaux autour de trois niveaux d'observation : 1) la structure, 2) l'activité extraparlementaire, 3) l'activité parlementaire et institutionnelle.
L'histoire du POP s'insère dans l'histoire des partis communistes et du mouvement ouvrier. L'expérience du Parti communiste suisse, échouée avec son interdiction dans le canton de Vauden 1938 et en Suisse en 1940 (avec un arrêté fédéral), l'éclatement de la Deuxième guerre mondiale et les disputes parmi le militants communistes et sociale-démocrate du Parti socialiste (avec l'exclusion de la courante maximaliste de Léon Nicole qui a engendré la brève expérience de la Fédération socialiste suisse), sont le contexte d'origine du Parti ouvrier genevois et du Parti ouvrier et populaire vaudois, ce dernier né le 21 mai 1943 au Cercle ouvrier de Lausanne. Subitement le POP a commencé son activité militante en participant aux élections au Grand Conseil du 1944 et en pénétrant sur le territoire vaudois comptant 21 sections et plus de 2000 membres en 1945.
L'implantation du Parti parmi la population est le reflet d'une stratégie imposée par le haut qui montre une certaine complexité organisationnelle sur un niveau horizontal et un niveau vertical. Au niveau horizontal, le POP est une simple élément appartenant à une coordination de type territorial, qui est composée d'un plan international (avec l'acceptation d'une ligne politique philo-soviétique), un stade national (le Parti suisse du travail), et une dimension cantonal représentée par le POP lui-même. En étant une section du Parti Suisse du Travail (PST), le Parti a une fonction de pouvoir qui est limité au territoire du Canton de Vaud, mais en tant que parti communiste il applique le même schéma de fragmentation de l'organisation du pouvoir en sections régionales et locales. La dimension d'organisation verticale, au contraire, s'occupe de partager les diverses fonctionnes du pouvoirs. Sur ce plan le POP ne se comporte plus comme une section d'un organisme plus grand, mais il devient un organisme quasi autonome.
Comme dans un parti communiste " traditionnel ", l'organisation et la division du pouvoir politique à l'intérieur du POP peuvent être comparées à la structure à entonnoir de l'Enfer de Dante. Cette structure conique décrit bien la complexité et, en même temps, la linéarité hiérarchique de l'organisation d'un parti communiste. Avec une base très large au sommet et un centre de pouvoir positionné en bas qui devrait être l'expression identitaire de la fondement militante, le POP s'insère bien dans cette typologie structurelle du centralisme démocratique qui voit l'exercice du pouvoir d'un centre unique sur des " zones ", des " cercles ", des " girons " et des " fosses ".
Le premier cercle, qui fait d'antichambre extérieure à la structure, est une sorte de limbes composés par des sympathisantes, électeurs, associations parallèles et membres de ces associations qui sont difficilement quantifiables. La haute partie de la structure est formée par les militants, les inscrits au Parti, les petits cadres et les associations satellites; cette fraction est composée par des cercles concentriques toujours plus petits au fur et à mesure que l'on s'avance vers le centre. Les premiers cercles sont ceux des associations satellites et constituent une base militante de pénétration dans le tissu social du territoire cantonale. Au contraire, les cercles plus bas sont subdivisés en girons, ou chaque giron représente une section. Chaque giron, de son côté, est sectionné en fosses, ou chaque fosse est un secteur. Cette " zone " du POP est représentée par le Congrès cantonal, un organisme de pouvoir symbolique qui a la tâche de voter les propositions, de formuler des idées d'actions aux couches dirigeantes et d'élire le Comité directeur et le Président du Parti. En bas à la structure, dans le point plus profond et inaccessible, il y a un centre tricéphale, composé par le Comité directeur, le Président et le Secrétariat, qui a la fonction de coordonner, administrer, et décider les activités du parti politique. À côté de ce centre il y a un Comité cantonal, qui est autrement que le Comité directeur élargi aux délégués de section.
La structure, ressemblant à un entonnoir, est dominée au centre par des figures charismatiques qui incarnent le schéma du centralisme démocratique. Parmi ces personnalités on retrouve des personnages comme Armand Forel (municipal à Nyon, député, conseiller national de 1947 au 1980), Fernand Petit (président du POP, député et conseiller communal de Lausanne pour 40 ans), Pierre Noverraz (conseiller communal de Lausanne et député), Adrien Miéville (conseiller national entre 1947-1950 et député), Maurice Jeanneret-Minkine (conseiller communal de Lausanne, député et conseiller national), Marianne Huguenin (président du POP, municipale à Renens et député), Claude Cantini (secrétaire cantonal du POP entre 1973 et 1983, député et conseiller communal de Lausanne), Josef Zisyadis (secrétaire du POP, conseiller communal de Lausanne, député, conseiller national et conseiller d'Etat de 1996 au 1998), ou André Muret (secrétaire politique du POP de 1943 pour 30 ans, conseiller national pour 23 ans, député de 1945 au 1984 et conseiller communal de Lausanne pour 26 ans). Notamment, André Muret, personne charismatique et omniprésente avec une biographie personnelle qui se mélange à celle du Parti, symbolise bien ce rapport de pouvoir que le centre du Parti entretienne avec la périphérie.
L'élément hiérarchique de l'organisation du pouvoir à l'intérieur du POP est aussi une garantie au fonctionnement et à l'efficacité des appareils administratifs, bureautiques et de propagande du Parti, dans une dimension de lutte extraparlementaire et de participation parlementaire.
Dès sa fondation, le POP fut très actif en se mobilisant autour des sujets sociaux et politiques au niveau cantonal et national. Parmi ces thématique dominantes de lutte, il y a eu l'antifascisme, avec la période dite de " l'épuration " marquée par l'organisation de meetings populaires et une propagande faite par le journal du Parti " La Voix Ouvrière ", contre des noms d'agents nazis et fascistes en Suisse; puis il y a eu les revendications de l'AVS, des allocations familiales, les luttes antiatomique ou celles lié à la pénurie de logements, avec des initiatives populaires et des pétitions coordonnées avec des associations et des comité satellites ou parallèles au POP.
Les revendications du POP s'insèrent dans un climat international et national de guerre froide, marqué par un anticommunisme acharné, de la côté des autorités, et des relations étroites de sympathie et collaboration avec l'URSS de la côté du POP-PST. L'insurrection de Budapest en octobre-novembre 1956, l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie en août 1968, la peur d'une possible bolchevisation de l'Europe, ils ont étés un prétexte pour la criminalisation, la répression et la surveillance méthodique avec des fiches, des citoyens de gauche par les autorités suisses. André Bonnard, qui a été accusé d'avoir fourni des renseignements politiques sur des personnalités du Comité International de la Croix-Rouge dans l'intérêt d'une organisation de l'étranger et au préjudice de la Suisse; Charles Reichenbach, fonctionnaires des CFF révoqués par la directive du Conseil fédéral sur le licenciement de certains fonctionnaire indignes de confiance; Josef Brüniger, accusé de vagabondage et incitation d'ouvriers étrangers à la révolte, ont été l'expression allégorique de ce climat d'intolérance qui a régné pendant la seconde partie du XXe siècle.
Le climat anticommunisme n'a pas empêché l'activité politique du Parti. Après mai '68, les révoltes antiautoritaires des étudiants, la naissance des nouveaux mouvements sociaux et l'émergence de nouvelles thématiques de lutte, le POP a dû adapter ses revendications aux intérêts et aux exigences des électeurs progressistes, avec l'appropriation de certaines luttes (comme celle pour l'écologique, le service civil, la solidarité internationale, l'urbanisation, le temps libre, l'immigration ou la démocratisation de l'école). Les années '70 ont été marquées par un certain antagonisme entre les mouvement gauchistes (comme la " Ligue marxiste révolutionnaire " ou " Rupture pour le communisme ") et le POP, avec la tentative des nombreux groupements de s'approprier des toutes champs de lutte. Un exemple de ce climat de rivalité a été la grève à chez Paillard S.A. à Yverdon-les-Bains, Orbe et Sainte-Croix, et la tentative de la Ligue marxiste révolutionnaire de pousser la grève à la radicalisation, dans une perspective que le POP a jugée comme " simpliste ".
Le POP a donc recours à de nombreux moyens de mobilisations extraparlementaires, entre autre en appuyant les grèves dans les usines, à la manifestation de place, aux actions " légalitaires " comme la pétition ou le lancement d'une initiative populaire (parmi les plus importantes on peut mentionner celle de l'unification de la sécurité sociale par l'extension de l'AVS, celle intitulée " pour de véritables allocations familiales ", celle sur les logements, etc.), on peut aussi citer des actions plus radicales comme la grève de la faim en chaîne, qui fut lancée par le Parti le 24 janvier 1994 contre la décision du Conseil d'Etat de remettre en question les subsides attribués à l'assurance maladie, ou le piquet de proteste.
A côté de l'action de mobilisation extraparlementaire, le POP était aussi très actif au niveau parlementaire, sur le plan communal, cantonal et national. Dés 1944, avec l'élection au Grand conseil du candidat Robert Jordan, le POP a été présent dans le législative cantonal pour toute son existence (avec son apogée dans l'élection de Josef Zisyadis au Conseil d'Etat en 1996), une présence qui a été aussi presque constante au niveau national (de 1945-1983 et de 1991 jusqu'aujourd'hui). Toujours, en se penchant sur les thèmes de mobilisation, le Parti a cherché d'amener sur un niveau institutionnel les débats et les revendications de type sociales.
Au niveau communal, les sections du POP montrent la grande présence du Parti sur une grande partie du territoire cantonal, notamment les zones urbaines. À ce niveau, avec l'élection de Vérena Berseth à la Municipalité de Renens en 1978, le POP a su montrer aussi un certain dynamisme stratégique avec l'élection de la première femme à la Municipalité d'une commune de plus de 10'000 habitants.
Les femmes furent des grandes protagonistes de la vie participative du POP, en plus à Vérena Berseth, on peut aussi nommer Marianne Huguenin, conseillère national et premier syndic popiste du canton Vaud, ou Marceline Miéville, qui fut la première candidate féminine au Conseil des Etats en Suisse.

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