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Histoire: | La révolution industrielle marque la rupture entre l'artisan et la production industrielle. Plusieurs artistes d'Allemagne, d'Angleterre (cfr. Arts & Crafts) tirent la sonnette d'alarme. La Suisse réagit également et voit se créer, pour la région alémanique, l'association du Schweizerischer Werkbund (SWB) et, en Romandie et au Tessin, l'association de L'Œuvre, désormais OEV (Association suisse romande de l'art et de l'industrie). C'est à l'instigation d'Alphonse Laverrière (1872-1954, architecte, président du Comité de Fondation du Werkbund suisse, premier président de L'OEV jusqu'en 1935) et de Charles L'Eplattenier (peintre, maître à l'Ecole d'art de La Chaux-de-Fonds du futur Charles Edouard Jeanneret-Gris, pseudonyme Le Corbusier (1887-1965), lui-même membre jusqu'en 1918) que la première assemblée générale se tient à Yverdon-les-Bains le 9 novembre 1913. Le siège a été fixé à Lausanne. Plusieurs comités assuraient le bon fonctionnement : citons le comité de propagande, chargé de l'organisation de conférences, expositions, publications et du contact avec les autres associations. Mentionnons encore parmi les membres actifs Nora Gross, promotrice d'un artisanat féminin régénéré, Auguste Bastard et Maurice Braillard (architecte, 1879-1965) militants de l'"Art public" et de la synthèse des arts. Le but de la nouvelle association est de "faciliter par tous les moyens la collaboration des artistes et des industriels pour améliorer dans un sens artistique les produits de l'industrie". Cela implique de "développer les arts appliqués et arts industriels, de travailler au perfectionnement des industries suisses d'art et de soutenir la concurrence avec les produits étrangers". Les termes de "culture populaire" et de "facteur de prospérité économique" se côtoient. En 1947, le vice-président Jean-Pierre Vouga (1907) apporte un esprit nouveau : promotion de la culture technique et esthétique du quotidien. La place passe des architectes aux décorateurs et au design industriel. L'Exposition nationale de 1964, soigneusement préparée, promeut la réintégration de l'art dans la cité. En 1973, les buts s'élargissent suivant en cela l'évolution des techniques : "conservation et protection de l'environnement pour assurer à l'homme un espace vivable". D'autre part, les membres potentiels sont étendus à toute personne active dans les domaines artistique ou culturel. Organisation : L'OEV comporte, potentiellement, six groupes régionaux (cantons romands et Tessin). Chacun est autonome et s'implique principalement dans sa région. Le groupe neuchâtelois, né en 1932, perd rapidement de la vitesse, tandis que les groupes fribourgeois, tessinois (en 1933), valaisan (1954) et jurassien se dissocient progressivement. Suite à diverses tensions, les groupes genevois et vaudois modifieront leurs statuts afin de se retrouver une nouvelle impulsion. Le Conseil de direction compte initialement 17 membres représentant les groupes régionaux (nombre variant selon le nombre de membres du groupe), le monde industriel et d'un représentant de la Commission fédérale des arts appliqués (Entre Deux-guerres, Daniel Baud-Bovy). Il organise des manifestations à l'échelle nationale voire internationale. Les architectes Jacques Philippe Favarger (1889-1967) et Charles Thévenaz (1882-1966) succèdent à Alphonse Laverrière à la présidence. En 1973, le changement de statuts subordonne le Comité de direction (composé de 3 membres élus) au Conseil des groupes, ce qui n'améliore pas la situation bien au contraire. Le secrétariat est créé en 1918. Mentionnons quelques secrétaires : Paul Perret, de 1913 à 1923 (démissionne suite à son élection au Conseiller municipal de la Ville de Lausanne), Frédéric Louis Gilliard, architecte, de 1924 à 1925, Gustave-Edouard Magnat de 1926 à 1950 (sa gestion sera remise en cause), Arthur Margot assure l'intérim jusqu'en 1951, puis Henri Droux (avocat). La comptabilité de 1952-1953 contient une convention relative au secrétariat qui confie la gérance administrative du secrétariat au Secrétariat patronal. Sont ainsi sous-traités la tenue des procès-verbaux, la rédaction de la correspondance, l'encaissement des cotisations, la tenue des comptes et de la liste des membres, la gestion des archives. Après Jacques Monnier, c'est Josiane Tüscher (1975 1997) qui reprend le secrétariat. Elle démissionnera suite aux restrictions budgétaires qui impliquaient trop de bénévolat. Les statuts de 1918 évoluent, notamment, en 1973, 1983, et 1998, toujours à la suite de tensions internes. Le financement repose principalement sur les subventions fédérales, octroyées dès 1918 avec la reconnaissance de l'association comme étant d'utilité publique. Les cotisations des membres (de FRS 20,-- à FRS 120,-- en 1986, FRS 150,-- en 1999) sont souvent difficiles à percevoir et chaque augmentation entraîne une vague de démissions. Les membres sont recrutés majoritairement parmi les artistes (plasticiens, architectes, photographes, graphistes et designers, artisans, décorateurs). Les industriels et les commerçants ont leur place d'après les statuts mais se font rares. De manière générale, "toute personne exerçant une activité créatrice ayant les compétences professionnelles et les disponibilités" peut devenir membre. Ainsi, des animateurs et critiques d'art influents, directeurs de musées, éditeurs, avocat spécialiste du droit d'auteur deviendront membres actifs. Outre le statut de membres actifs, citons encore les membres d'honneur et la création, les dernières années, de membres étudiants. D'une centaine de membres en 1914, L'OEV plafonnera à environ 200 actifs romands et tessinois. La candidature des membres actifs doit être soutenue par 2 parrains. Elle est ensuite étudiée par le Groupe régional, soumise à l'approbation du Conseil de direction et enfin présentée à l'Assemblée générale. Activité : L'Œuvre prend position, à la demande de la Confédération, sur les projets de lois relevant des arts et de la culture. Elle joue également un rôle important dans la transmission des informations (concours, exposition) grâce à la publication d'un bulletin. Enfin, la recherche et la promotion des idées nouvelles sont au centre des préoccupations des expositions, conférences, visites, concours organisés ou soutenus par L'OEV. Quelques exemples d'expositions organisées par L'OEV : Les Arts du feu (itinérante, 1916), L'Art et l'enfant (Genève, 1917), Intérieurs ouvriers (Lausanne, 1918), Art funéraire (Lausanne, 1919 [en 1921 d'après les Cahiers historiques (N° 1) mais pas d'après les premiers documents retrouvés dans le fonds ACV, PP 807]), Arts graphiques et emballages (itinérante, 1921), Exposition de reliures (Lausanne, 1926), Salon de L'Œuvre (Genève, 1926, 1928, 1935, 1938, 1942, La Chaux-de-Fonds, 1930), Exposition de l'OEV au Musée des Arts industriels (Zurich, 1944), au Musée d'art et d'histoire (Genève, 1952), à la Galerie du Capitole (Lausanne, 1956) "L'artiste travaille pour l'enfant", Matériaux et espaces (Lausanne, 1960), Bâtir et habiter (Genève, 1961), Exposition des photographes de l'OEV (Théâtre municipal Lausanne, 1962), L'artiste répond à vos questions (exposition itinérante, 1967), Labels OEV 1969-1979 (itinérante, 1981) L'OEV accorde, de 1969 à 1979, un label de qualité (Label OEV) dans les domaines de l'urbanisme, des arts graphiques, de l'architecture, de l'aménagement intérieur et de l'industrie. Le prix est attribué à un objet, une entreprise ou une association suisse pour ses réalisations marquées par la qualité et l'invention dans le domaine des arts appliqués. Une exposition itinérante "Le cadre de vie et l'homme" a récapitulé 10 ans de labels. L'association participe à l'organisation de nombreux événements :Concours d'affiches pour le 3ème Comptoir vaudois d'échantillons (Lausanne, 1917), Cimetières du village (1919), Exposition nationale d'arts appliqués (Lausanne, 1922), 4ème Comptoir suisse (Lausanne, 1923), Exposition internationale des arts décoratifs (Paris, 1925), 7ème Comptoir suisse : Exposition d'art rural (1926), Exposition internationale des arts décoratifs (Monza, 1927), Exposition nationale d'arts appliqués (Genève, 1931), Exposition internationale des Arts et techniques dans la vie moderne (Paris, 1937), Exposition nationale : « Industrie du meuble de la Suisse romande" (Zurich, 1939), 2ème millénaire de Genève : accessoires (1942), Comptoir suisse (1943, 1952), Foire de Genève (1944-1945), 10ème Triennale de Milan (1954), Exposition nationale (Lausanne, 1964) avec notamment, Concours pour un drapeau pour l'Expo 64, Réflexion et création en Suisse (1982), Colloque Notion de qualité (Lausanne, 1986). Le concours national de réflexion et de création en Suisse est emblématique des actions de L'OEV. Ce concours fait suite à celui des Créateurs suisses organisés en 1975, 1976 et 1978 dans le cadre du Salon de l'ameublement à Lausanne. Le Département fédéral de l'Intérieur demande à l'association de redonner souffle à un concours destiné à encourager les arts appliqués. Un premier tour, ouvert à toute la population, "Vos idées pour mieux vivre", commence en 1982. Le second tour, réservé aux professionnels, se concentre sur les déchets (Conception d'un équipement destiné à la collecte et à la récupération des déchets ménagers et artisanaux toxiques, solides et liquides) sur l'impulsion de d'Hélène Würgler-Desaules, lauréate du premier tour. Toutefois, cette seconde phase n'a pas permis de trouver des projets concrets à soumettre aux collectivités publiques et a soulevés plus de questions qu'elle n'en a résolus. Un troisième tour, ouvert aux Hautes Ecoles, a débuté en 1984 sur la proposition du Centre CRIDEC (Centre de Ramassage et d'Identification des Déchets spéciaux, pour le traitement et l'élimination des déchets industriels, artisanaux et de voirie) à Eclépens. Le Groupe vaudois OEV met sur pied des expositions d’envergure : Concours national « Le Mobilier Urbain » (1991), « Eloge du béton » (Château de la Sarraz, 2001) ainsi que d’autres à caractère romand : « Photographes à pied d’œuvre » (1994) , « le Groupe vaudois de l’Œuvre s’expose » (1995), « Regards sur l’Œuvre » (1997), … Les collaborations de l’OEV s'intensifient progressivement avec les autres organisations culturelles suisses : SWB (Schweizerischer Werkbund), SIA (Société suisse des ingénieurs et architecte), FAS (Fédération des architectes suisses) et bien d'autres. L'OEV adhère au CARAR (Cartel des Sociétés d'artistes et d'artisans d'art du Canton de Genève) Genève, elle reçoit des parts sociales dans la revue Habitation, organe officiel de l'USAL (Union suisse pour l'amélioration du logement), de l'ASPAN (Association suisse pour l'aménagement national) et de la FAS (Fédération des architectes suisses). Le Groupe vaudois participe à la « Commission du Fonds des arts plastiques de la Ville de Lausanne », au côté de la SPSAS et de la Société romande des femmes peintres et sculpteurs. Il joue un rôle actif dans la Fondation Operum Via et l’édition des « Itinéraires de valorisation des œuvres et ouvrages en béton » aux côté de la SIA vaudoise, du GPA et du GPI- Le bulletin Mensuel OEV – de revue de presse artistique et agenda d’expositions- devient organe rédactionnel en 1997, animé par le Groupe vaudois OEV, puis Revue bimensuelle de l’ ŒUVRE en 1998 ; le Groupe genevois assure la rédaction d’un numéro en 2000. Parmi les activités déployées par le Groupe vaudois OEV, on citera le lancement des Editions du Groupe vaudois OEV qui produira des estampes de sept artistes importants entre 1992 et 1999, dans le but de rendre l’art accessible au plus grand nombre. Les publications sont nombreuses. Elles vont d'une simple collaboration à quelques pages dans une revue à la publication complète d'un périodique (parfois simple polycopié adressé aux membres) à la rédaction de catalogue d'exposition, règlement de concours, etc. Citons : L'Œuvre (1914-1915 : 6 numéros), Bulletin mensuel (-> 1932), L'Architecture actuelle (1932-1933), Architecture-Art appliqués qui fusionne avec L'Art en Suisse et donne Œuvre (1933-1935) qui absorbe Bâtir en 1934, patronage de Vie Art Cité (-> 1952), Carreau (quelques temps organe de l'OEV en 1953). Nouveau Bulletin de l'OEV (polycopié 1954-1958) qui devient Informations OEV avec des lacunes dans la parution. Cahiers historiques, ... Une crise identitaire apparaît dès 1991, ce qui donne lieu à des journées de réflexion sur les nouvelles directions à prendre par l'association. Des tensions internes fortes entre l'organe central et certains groupes régionaux précipitent la dissolution de L'OEV, en 2003. L'assemblée générale d'Yverdon (22.03.2003) vote la dissolution de l'Association par 8 voix pour contre 3 et une abstention. |
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