Compagnie du chemin de fer électrique Aigle-Sépey-Diablerets

 

Données de base

IdentifiantCompagnie du chemin de fer électrique Aigle-Sépey-Diablerets
 

Infos de prov.

Zone d'identification

Type d'entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Compagnie du chemin de fer électrique Aigle-Sépey-Diablerets

Zone de la description

Histoire:La première demande de concession pour une ligne ferroviaire reliant Aigle au Sépey remonte au 28 octobre 1897. Celle-ci émane d’un groupe d’investisseurs réunis autour d’Auguste Veillon (1833-1898), industriel à Bâle mais originaire de la région, et d’Auguste Dupraz (1832-1906), avocat à Lausanne. Disposant de l’aide technique des ingénieurs de Vallière et fils, leur but est d’établir un chemin de fer dans la région pour profiter de l’essor du tourisme alpin dans la Vallée des Ormonts. Le 10 juillet 1898, cette première requête est complétée par une demande de concession pour un tracé entre Le Sépey et Leysin. Cependant, ces démarches se voient fortement freinées par la mort d’Auguste Veillon. Si en 1905 une nouvelle concession est demandée pour le tracé entre Le Sépey et Ormonts-Dessus, il faut attendre l’implication financière de l’Etat de Vaud, des communes concernées et de la société allemande Allgemeine Elektricitäts-Gesellschaft (AEG), qui souscrit au capital-actions de la future compagnie par l’entremise des de Vallière en échange de l’opportunité de fournir le matériel électrique des automotrices, pour que le projet se concrétise. Le 24 décembre 1910 se tient l’assemblée constitutive de la société du chemin de fer électrique Aigle-Sépey-Diablerets (ASD).

Les travaux de la ligne reliant Aigle aux Diablerets, via Le Sépey, débutent le 11 juin 1911 et vont s’effectuer en deux temps. Dans un premier temps, c’est la section du tracé entre Aigle et Le Sépey qui est mise en chantier. Au lendemain de la mise en exploitation de cette partie de la ligne le 22 décembre 1913, ce sont les travaux sur le tronçon Le Sépey-Les Diablerets qui débutent. La construction de la ligne débouche sur la création de 250 ouvrages d’art, dont le viaduc du Vanel et le Pont des Planches pour les plus impressionnants, 24 kilomètres de voies et emploiera entre 800 et 900 ouvriers, dont 6 ouvriers qui y laisseront leur vie. Le tracé complet de la ligne est inauguré le 6 juillet 1914.

Si les premiers temps de l’exploitation partielle de la ligne jusqu’au Sépey ainsi que l’exploitation de la ligne complète lors du mois de juillet 1914 laissent présager un avenir radieux, l’ASD est rapidement rattrapé par la situation mondiale et les conséquences de la Première guerre mondiale. La fréquentation de la ligne chute, le trafic ferroviaire fonctionne au ralenti, les finances de la société se dégradent et les communes vont être sollicitées régulièrement par l’ASD afin d’assurer le paiement des intérêts des emprunts de 1er et second rangs contractés par la compagnie. Si la situation s’améliore dans les années 1920, l’ASD sera rapidement soumise à la concurrence de la route et reste à la merci des aléas météorologiques, notamment concernant le tourisme hivernal, rendant la fréquentation fluctuante. Pendant ces années, le trafic de marchandises et plus particulièrement de bois va représenter une bouée de sauvetage bienvenue pour l’ASD. Autre coup dur pour la société, l’incendie du dépôt d’Aigle et la destruction du matériel roulant qu’il contenait, le 26 juin 1940, et qui forcera la compagnie à reconstruire 2 des 3 automotrices incendiées, les montants versés par l’assurance n’étant pas suffisant pour acheter de nouveaux engins.

Pendant l’entre-deux-guerres et après la Seconde guerre mondiale, ces aléas et cette situation financière parfois exsangue n’empêchent cependant pas l’ASD de se montrer dynamique et d’investir. Ainsi, au fil du temps, de nombreux travaux d’améliorations sont effectués, comme la refonte du tracé aux Fontanelles en 1947 ou l’amélioration de l’approvisionnement électrique de la ligne. L’ASD met aussi en place un service de livraison de marchandises à domicile par camion dans la Vallée des Ormonts et assure le service postal entre Le Sépey et La Forclaz. Mais surtout, la compagnie investit dans le développement des installations de remontées mécaniques dans la région des Diablerets, achetant ainsi 25'000.- d’actions dans la société anonyme du Télésiège Diablerets-Isenau en 1953 et prenant aussi des participations dans la société du Téléphérique Pillon-Glacier des Diablerets en 1960. L’intérêt pour le développement du tourisme dans la Vallée des Ormonts reste un élément très présent au fil de l’histoire de la compagnie.

Malgré ce dynamisme, l’ASD va voir son existence être mise en sursis lors de la seconde partie du 20e siècle. Fragile, le chemin de fer a besoin de l’apport des pouvoirs publics, notamment pour couvrir ses déficits d’exploitation. Bien que la compagnie soit une des bénéficiaires de la loi fédérale du 20 décembre 1957 sur les chemins de fer, accordant l’aide de la Confédération dans le cas où leur modernisation ou le maintien de leur exploitation se justifie par leur caractère indispensable à l’économie de la région qu’ils desservent, dès les années 1960, elle va se heurter à la volonté de l’administration fédérale de transférer l’exploitation ferroviaire vers un service routier. Ainsi, le 24 septembre 1976, l’Office fédéral des transports décide la fermeture de la ligne et son remplacement par un bus – à l’instar des lignes de l’Aigle-Ollon-Monthey-Champéry et du Nyon-St-Cergue-Morez. Contrairement à ces dernières, l’ASD ne recevra finalement pas de crédits fédéraux pour sa modernisation, toute subvention fédérale restant dépendante du passage à la route, mais verra néanmoins sa concession être reconduite pour 50 ans par le Conseil Fédéral en septembre 1985. Dès 1981, c’est donc le Canton de Vaud et les 6 communes traversées par la ligne qui vont soutenir la compagnie et la maintenir à flots, finançant la modernisation du chemin de fer entreprise dans les années 1980 et l’achat du nouveau matériel roulant en 1987. Ce n’est qu’en juillet 1999 que la Confédération relance le subventionnement de la ligne. De fait, cette lutte pour la sauvegarde de la ligne ferroviaire et pour sa survie représente aussi un trait caractéristique de l’ASD et se retrouve dans son fonds d’archives.

Pour survivre face à cette histoire mouvementée, l’ASD va entamer un processus de rapprochement avec les autres compagnies ferroviaires du Chablais dès les années 1940. Ainsi en 1940, une direction d’exploitation commune est mise en place par l’Aigle-Leysin, l’Aigle-Sépey-Diablerets et le Monthey-Champéry-Morgins, à laquelle succédera une direction commune Aigle-Leysin et ASD en 1945. Le 20 janvier 1975, ces deux chemins de fer fondent, avec celui du Bex-Villars-Bretaye, la communauté d’exploitation des Transports publics du Chablais, rejoints par l’Aigle-Ollon-Monthey-Champéry en 1977. Cette structure vise à assurer une exploitation économique des lignes et permettre l’échange de personnel et de matériel roulant entre les compagnies. En 1999, ce rapprochement va se concrétiser par la fusion entre l’ASD et les chemins de fer Aigle-Leysin, Aigle-Ollon-Monthey-Champéry et Bex-Villars-Bretaye, donnant naissance aux Transports publics du Chablais SA, entité qui va assurer la survie et la pérennité de ces quatre lignes régionales du Chablais vaudois.

Informations internes des archives

Code d'identification:[02099]

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Identification et intitulé de la ressource associé:PP 1095