Fondation Ecole Pestalozzi

 

Données de base

IdentifiantFondation Ecole Pestalozzi
 

Infos de prov.

Zone d'identification

Type d'entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Fondation Ecole Pestalozzi

Zone de la description

Histoire:L’Ecole Pestalozzi est une fondation d’utilité publique. La fondation possède et exploite l’Ecole Pestalozzi qui comprend un internat socio-éducatif, une école spécialisée, deux MATAS I et un MATAS II et un accueil socio-éducatif de jour. Elle est également propriétaire d’un domaine agricole et de biens immobiliers. Cet établissement accueille des enfants en rupture scolaire/sociale/familiale. Sa mission est d’accompagner et protéger dans toutes ses dimensions l’enfant en grande souffrance.

Le XIXe siècle
En ce début de XIXe siècle, si les conditions de vie de pratiquement tous les enfants étaient pénibles, elles l’étaient plus particulièrement pour les orphelins, les abandonnés et les handicapés. A l’exception des enfants de riches (nobles et bourgeois), il était normal que les enfants aident leurs parents dans leur travail. A cette époque, les gens ne vivaient pas vieux et de nombreux enfants se trouvaient orphelins. Quant à ceux qui souffraient d’un handicap, qui étaient considérés comme stupides, donc peu rentables au travail, ils étaient souvent abandonnés.

Henri Pestalozzi, le précurseur
Henri Pestalozzi (1746-1827) est né à Zurich le 12 janvier 1746. Issu d'une famille bourgeoise, il suit des études de théologie et de droit. Mais dès son enfance, son cœur est marqué par la détresse des enfants pauvres, très nombreux à cette époque. En 1769, il épouse Anna Schulthess. Ensemble, ils achètent un grand domaine en Argovie, et y font construire une maison du nom de Neuhof. Ils projettent d'y accueillir les enfants abandonnés du voisinage, afin de les nourrir, les vêtir, les éduquer et les instruire.
Mais après quelques années, Pestalozzi sera obligé de fermer les portes de sa maison par manque d'argent. Il s’occupera alors d’orphelins de guerre et plus tard il ouvrira une école avec des méthodes pédagogiques modernes qui attireront de nombreux visiteurs de Suisse et de toute l'Europe. Pour continuer son travail, il répond à une invitation des responsables d'Yverdon.
A l’été 1804, il arrive dans cette ville, où il s'installera dans le château. Il y tiendra pendant vingt ans un Institut pour jeunes garçons de sept à quinze ans. Il y aura des riches et des pauvres, de toutes religions et langues mélangées. En 1806, il crée, à côté de l'Hôtel de Ville, un Institut séparé pour les jeunes filles, dans le but de former des éducatrices pour la petite enfance. En 1813, il ouvre un Institut pour enfants sourds-muets, le premier en Suisse.
En 1818, Pestalozzi, âgé de 72 ans, crée et anime une Ecole pour enfants pauvres à Clendy, près d'Yverdon.
Dans toutes ces écoles, on utilise la méthode Pestalozzi (école active avec en plus: musique, chant, gymnastique, dessin).
Intéressés, les visiteurs et les savants accourent à Yverdon de toute l'Europe et même d'Amérique. Devenu vieux et fatigué, Pestalozzi quitte Yverdon en 1825 et se retire dans sa maison du Neuhof où il écrit encore ses derniers ouvrages.
Il meurt le 17 février 1827.

Sigismond Scheler
C’est un parent d'Henri Pestalozzi, Sigismond Scheler, pasteur de l’église allemande à
Lausanne, qui sera à l’origine de notre institution. Scheler, cousin par alliance de la femme de Pestalozzi, sensibilisé aux théories novatrices sur l’enfance de celui-ci, entreprend de réunir quelques amis pour mettre en oeuvre un projet consistant à lutter contre les conditions scandaleuses qui affectaient l’enfance malheureuse et abandonnée.
En ce début de XIXe siècle, il n'y avait pas d'aide sociale instituée. Les communes qui avaient pour tâche de subvenir aux besoins de leurs mineurs en détresse avaient pour coutume de placer ces enfants à charge chez les paysans. Cela se passait sous forme d'une pratique qui aujourd'hui serait qualifiée de choquante voire de scandaleuse, et qui consistait à miser en enchères, comme du bétail, les enfants abandonnés.
Pourtant, si l'on se resitue dans le contexte de l'époque, on peut comprendre que cette pratique était naturellement admise par la population qui voyait pour ces enfants démunis une solution acceptable qui leur permettait de bénéficier du gîte et du couvert.
Dans la réalité, si quelques enfants trouvaient une seconde famille chez le paysan où ils étaient placés, beaucoup d'entre eux étaient exploités. Il faudra attendre 1848 pour qu’un débat à ce sujet s’instaure officiellement au Grand Conseil.

Fondation de "l’Asyle"
Le pasteur Sigismond Scheler fera donc acte de précurseur en s’attaquant à ce problème.
En 1827, il réunira à Lausanne, quelques amis "hommes bienfaisants" (MM. Rivier Van der Mühlen et de Sévery) sensibles au sujet. Le 7 avril 1827 se tenait la première séance du comité de "l’Asyle du Maupas pour orphelins, enfants pauvres et sans ressources".
C’est dans le cadre de la "maison Joseph" que les premiers enfants seront accueillis dès le 10 juillet 1827. Encadrés par un régent (qu’il aura fallu aller chercher en suisse alémanique), les enfants recevront une formation à la lecture et l’écriture et réaliseront des ouvrages en paille, du tressage et certains travaux agricoles dans les environs. Lausanne à l’époque était un gros bourg agricole, mais les responsables de l’asile comprendront vite que l’urbanisation est en marche et percevront rapidement que cette institution trop petite et au milieu de la ville doit être délocalisée. Le Comité se mettra à la recherche d’un domaine à la campagne.

Le domaine d'Echichens
Deux sites étaient en compétition, l'un situé dans la région de Vevey, l'autre dans la région morgienne. Une propriété répondant le mieux aux critères fixés par le comité est rapidement trouvée à Echichens. Elle sera acquise en fin 1827 pour la somme de 20 000 livres. Après quelques aménagements internes et externes le domaine sera prêt pour accueillir les résidents de l'Asyle du Maupas. Le 18 juin 1828, les premiers pensionnaires sont transférés à Echichens. Les nouveaux locaux seront finalement inaugurés le 2 août 1828.

Les activités de l’asile
A l’époque, l’effectif était de 30 à 40 élèves. On pensait qu’il y avait de par le canton environ 300 enfants susceptibles de bénéficier des prestations de l’asile.
Il avait été décidé que l’on admettrait des enfants de six à quinze ans, avec une restriction visant les "vicieux" (s’agissait-il d’enfants souffrant de troubles de la personnalité?) qui ne pourraient pas être admis au-dessus de douze ans. Les enfants partageaient leur vie entre les travaux agricoles et des activités scolaires. Le régent avait pour tâche le développement moral, religieux et intellectuel des enfants. Ce dernier aspect avait été particulièrement retenu par le comité, qui estimait que les pensionnaires ne devaient "pas rester en arrière". Les branches suivantes étaient enseignées: l’arithmétique, la grammaire, l’écriture française, l’allemand et l’écriture allemande, la religion, la géographie et le chant. On ajoutera plus tard des leçons d’agriculture.

Le temps des régents
Les enfants se levaient en été à 4 h 30 et en hiver une heure plus tard. La classe se tenait le matin de 6 h 30 à 8 heures et le soir de 18 heures à 19 h 30. La discipline était très sévère à cette époque. On ne permettait aucun écart de comportement ou de langage aux enfants. Toute désobéissance était sévèrement sanctionnée. Bien que le premier règlement vaudois (en 1806 déjà) prônait la douceur envers les élèves "les maîtres devront traiter leurs écoliers avec douceur et s’abstenir de tout emportement et de toute violence... / extrait du règlement sur les écoles", les châtiments corporels étaient de mise à l’asile. Un projet de prison interne était même projeté vers 1844. Une cellule d’isolement (cachot) sera finalement réalisée. On pouvait être renvoyé sur un simple vol de saucissons ou d’œufs au poulailler.

Le XXe siècle

De 1900 à 1950
Le début du XIXe siècle sera marqué par des crises financières et de gestion. A plusieurs reprises des critiques sévères seront faites, dénonçant le fait que l’exploitation agricole prime sur l’éducation. Les enfants ont des conditions de vie déplorables. A certains moments ils souffriront de malnutrition. Il faut rappeler toutefois que l’on est en pleine période de guerre suivie de la "grande crise". Les pressions du canton conduiront l’asile à se restructurer, notamment en acceptant des enfants désignés sous le terme d’arriérés. 100 ans après sa fondation, l’Asile rural vaudois, ainsi nommé, devient, le 29 février 1928, une association placée sous les auspices de la Société Pédagogique Vaudoise (SPV). Celle-ci devient ainsi marraine de l’institution, ce qu’elle est encore de nos jours par la présence obligée, selon nos statuts, d’un membre de la SPV au Bureau du Comité et à la Commission de gestion.

L’arrivée de la psychologie
En cette première moitié du XIXe siècle, les enfants en difficultés commenceront à intéresser de plus en plus de professionnels de la médecine, de la psychologie naissante, de l’enseignement et du monde de la politique. Ainsi, dans plusieurs cantons romands, des structures de type médico-psychologiques voient le jour, notamment à Genève et en Valais.
C’est dans les années 1940 que le canton de Vaud verra la mise en place du premier Office médico-pédagogique. La première psychologue qui va œuvrer dans le cadre de la future Ecole Pestalozzi, Madeleine Rambert, sera particulièrement influente dans la création de cet office. Sa modestie inversement proportionnelle à ses compétences et sans doute le fait qu’il s’agissait d’une femme, la laisseront dans l’ombre, voire aujourd’hui dans l’oubli. Cette remarquable psychanalyste aura une grande influence sur la direction de l’asile dès l’année 1947. Ses interventions et ses hypothèses de compréhension, appliquées à chaque pensionnaire, permettront d’adoucir les méthodes éducatives issues des conceptions du XIXe siècle. Elle créera un fonds destiné à l'Ecole Pestalozzi.

La fin de l’Asile rural
L’après-guerre, de 1939 à 1945, verra l’asile rural d’Echichens à nouveau en butte aux difficultés financières et de gestion (tant sur le plan administratif que pédagogique).
Le directeur de l’époque rétablira en moins de vingt ans une situation financière saine, des principes de gestion comptable modernes et favorisera une approche des enfants basée sur les connaissances les plus nouvelles de la psychologie de l’enfant. En 1950, l'institution est regroupée autour de la ferme. De nombreuses institutions privées vont être créées et l’Asile rural vaudois devenu entre-temps l’Ecole Pestalozzi voit sa réputation mise à mal. Ce qui était alors à l'avant-garde, faute d’adaptation aux approches nouvelles, devient obsolète et n’incite plus les placeurs à solliciter l’école.

La nouvelle Ecole Pestalozzi

De 1950 à 1970
C'est à cette période, qu'un nouveau discours pédagogique construit sur les connaissances actuelles de la psyché enfantine, permettra des restructurations conceptuelles importantes.
Les effectifs des classes seront réduits. De 18 à 26 élèves on passera à 15 élèves par classe. L’encadrement des enfants sera confié à des éducateurs dont on souhaitera qu’ils bénéficient de formations adéquates, une ébauche de relations avec les familles s’établira. Les effectifs des groupes éducatifs diminueront également. L’influence des pédagogies actives permettra d’inverser quelque peu le rapport à l’autoritarisme verbal de l’enseignement, postulant son adaptation à l'élève en difficulté. Le constat d’une nécessaire réorganisation impliquera une modernisation et une extension des locaux. La population sera sollicitée au travers d’une importante promotion par le biais de la presse écrite, de la radio et de 27 000 brochures distribuées dans tout le canton. Grâce aux nombreux dons reçus, la construction d’un centre administratif avec réfectoire, cuisine et lingerie ainsi que de deux pavillons d’habitation pour les enfants, sera réalisée en 1954. En 1950 on estimait le coût d’une brique à 1 franc suisse c’est ainsi qu’une collecte intitulée le "franc de Noël" fut instituée en vue de financer une part des nouvelles constructions dont le coût s’éleva à 1 800 000 francs. L'année 1960 verra l’entrée en vigueur de l’assurance invalidité ce qui aura à terme une influence positive sur les finances de l’Ecole Pestalozzi.
Sur le plan des conceptions pédagogiques, cette époque sera très riche en questionnements et en réalisations nouvelles. Au milieu des années 60, on s’interrogera officiellement sur l’inefficacité du dressage enfantin "...il (le dressage) joue un rôle trop grand et déprimant. L’ordre, la propreté, l’obéissance n’ont plus à être le principe premier et exclusif de l’éducation...". Il faut savoir que c’est seulement en 1954 que les châtiments corporels seront interdits.
Pour la première fois la notion de la mixité sera évoquée et, dans l’attente de sa réalisation, des gymnasiennes du canton accepteront d’être marraines des élèves. Elles établiront avec les enfants une correspondance régulière et feront une visite annuelle à l’institution. Certaines garderont des contacts privilégiés avec leur filleul bien après sa sortie de l’Ecole Pestalozzi.

Les années 70
En 1971, l'image de l'institution était des plus négatives. L'Ecole Pestalozzi, boudée par la majorité des services placeurs de l'époque, ne recevait alors que les cas les plus lourds pour lesquels les mesures proposées jusque-là s'étaient révélé des échecs. Elle accueillait en internat exclusivement des garçons en âge de scolarité. 57 enfants très gravement perturbés sur le plan de leur comportement et atteints dans leurs possibilités d'apprentissage intellectuel (débiles légers, caractériels) se voyaient encadrés par une direction bicéphale (administrative et pédagogique) et une équipe d'enseignants, d'éducateurs, de quelques rares spécialistes "psy" à temps très partiel.
Le système pédagogique de l'Ecole Pestalozzi, était établi sur un mélange de diverses tendances, reposant notamment sur des concepts d'ordre essentiellement moral, un peu de psychologie et surtout beaucoup de dressage enfantin. Les élèves particulièrement difficiles, aux pronostics extrêmement réservés, imposaient tout naturellement de valoriser les systèmes de cadrages rigides, de préférer l'imposition de règles et l'utilisation de méthodes très techniques plutôt que de tenter le dialogue et la souplesse relationnelle.
En 1974, un changement de direction permettait d’imaginer un nouvel objectif. Il s’agissait de modifier l'image de l'institution, de l'ouvrir sur l’extérieur, de décloisonner les différentes professions et d’établir le dialogue entre enfants et adultes.
Il fut également décidé d’accepter une nouvelle catégorie d’enfants souffrant de maladies mentales (psychoses). Le désarroi, la surprise que ces nouveaux élèves suscitèrent, conduisit à des questionnements inédits et à la mise en place de projets pédagogiques novateurs. Peu à peu les enfants furent écoutés différemment, entendus dans leurs demandes et dans l’expression de leurs réels besoins.
Pendant plus de dix ans, c’est dans le cadre d’une assemblée générale hebdomadaire réunissant l’ensemble du personnel et des enfants, qu’ont pu se tisser des rapports différents et plus conviviaux entre enfants et adultes.
A la fin des années 70, grâce aux crédits accordés par la Confédération et le Canton de Vaud, ainsi qu’à des fonds propres importants, l’Ecole Pestalozzi réalisait ses nouvelles constructions. Un nouveau collège, et des groupes de vie permettaient d'accueillir, enfin, les premières filles. Comme il n’était pas question d’entrer dans de nouveaux locaux avec des "vieilles" méthodes pédagogiques, l'équipe s'attela à l'élaboration d'un concept éducatif original.

Le nouveau concept pédagogique

De 1978 à nos jours
Dès 1978 le nouveau concept pédagogique était mis en place. Il est aujourd'hui encore partiellement opérationnel.
Les principes de base postulaient que:
- L'enfant était reconnu comme entité propre et à ce titre totalement respectable. La prise en compte de ses originalités, de ses besoins, de ses rythmes, de ses désirs a été le fil rouge sous-tendant l'ensemble du système.
- Par ailleurs, en réaction sans doute au regard "défectologique" d'une certaine tendance de la psychologie, la négation de l'irrémédiable libérait l'espoir et du même coup les créativités de chacun.
- L'enfant appréhendé comme un tout, dans un système voulu global était enfin reconnu comme un interlocuteur valable, et à ce titre, apte à négocier ses volontés, ses désirs et ses besoins.
- La nécessité d'améliorer les capacités expressives des enfants devenant capitale. Deux ateliers d'expression (terre et musique) sont créés, venant étoffer un atelier de peinture déjà fonctionnel depuis plus de dix ans. Ces ateliers s’inspirent des principes de base énoncés par A. Stern.
- Les rapports entre adultes et enfants étaient dès lors totalement différents. Une pédagogie contractuelle, de concertation, devenait possible.

La période s'étendant de 1978 à 1982 pourrait être qualifiée de particulièrement active, enthousiaste, "bourdonnante". Pendant ces quatre ans, l'écart entre les rêves et la réalité a été particulièrement ténu.
De 1987 à nos jours, L'Ecole Pestalozzi, trouve un rythme de croisière plus calme. Les concepts formulés, les structures en place, chacun peut s'adonner à l'affinement de l'outil. Deux phénomènes nouveaux viendront perturber la relative sérénité des professionnels. La crise budgétaire que vit le canton et qui va exiger de nombreuses adaptations de méthodes, d’encadrement, de politique d’investissements. Cela va créer des sentiments d'insécurité chez les collaborateurs, particulièrement préjudiciables à la bonne qualité du climat si nécessaire aux enfants. La relation organique entre l’exploitation agricole et la pédagogie va enfin s’interrompre. En 1991 la ferme est mise en location et cesse d’éroder les budgets par ses déficits.
En parallèle aux restrictions budgétaires, un nouveau type d’élèves est proposé, concernant près d'un quart de l’effectif de la population. Il s’agit des victimes de maltraitances, essentiellement sexuelles, qui depuis quelques années sont mieux dépistées qu'auparavant, grâce notamment à une meilleure sensibilisation du corps enseignant et de la population. De surcroît, et compliquant encore la tâche, depuis quelques années, les professionnels ont à faire face aux phénomènes d’incivilités et violences qui rendent l’approche en concertation plus difficile.

Informations internes des archives

Code d'identification:[02076]

Relations avec des ressources archivistiques

Identification et intitulé de la ressource associé:N 15