Compagnie vaudoise d'électricité

 

Données de base

IdentifiantCompagnie vaudoise d'électricité
 

Infos de prov.

Zone d'identification

Type d'entité:Collectivité
Forme(s) autorisée(s) du nom:Compagnie vaudoise d'électricité

Zone de la description

Histoire:Fondée en 1901 avec l'appui du Grand Conseil vaudois, la Compagnie vaudoise d'électricité s'appelait naguère la Compagnie vaudoise des forces motrices des lacs de Joux et de l'Orbe. Elle prit son nom actuel en 1951.

"L'homme est ainsi fait que le choses qui lui sont proches sont parfois celles qu'il connaît le plus mal. L'entreprise d'électricité n'échappe pas à la règle. Souvent, le client ne s'y intéresse qu'en cas de panne ou de facture jugée excessive. Nous présentons ici, comme introduction au dépôt de nos archives aux Archives cantonales vaudoises, la Compagnie vaudoise d'électricité (CVE), dont l'histoire est indissociable d'une curiosité naturelle : la source de l'Orbe.

Le saviez-vous ? L'eau des lacs de la Vallée de Joux ne s'écoule pas en surface mais par des fissures et des entonnoirs, pour réapparaître enfin à Vallorbe. Ces issues naturelles ne sont toutefois pas suffisantes pour absorber les crues, si bien que des inondations menaçaient à l'époque gravement les propriétés riveraines de ces lacs. Des essais systématiques de remédier à cette situation en améliorant les entonnoirs furent entrepris sous l'égide d'un décret du Grand Conseil datant de 1890. Cependant, la seule solution définitive, qui aurait consisté dans une canalisation artificielle, était trop coûteuse. Un fait nouveau intervint à point : la diffusion de l'électricité. Cet écoulement pouvait devenir la conduite d'alimentation d'une usine hydroélectrique. La vidange des lacs devenait génératrice d'une énergie nouvelle et la dépense prometteuse de profit et de prospérité.

C'est ainsi que sous l'impulsion des événements et avec l'appui du Conseil d'Etat d'alors, le Grand Conseil créait le 22 mai 1901 la Compagnie vaudoise des forces motrices des lacs de Joux et de l'Orbe. Cette société de droit privé allait devenir la Compagnie vaudoise d'électricité par décret du 26 novembre 1951, à l'échéance des premières concessions hydrauliques, d'une durée de 50 ans.

La constitution du capital social initial de 2 millions de francs ne fut pas chose facile. Après déduction du demi-million réservé à l'Etat de Vaud, on offrit en souscription publique pour 1,5 million d'actions et pour 2 millions d'obligations. Seuls les 40 % de ces sommes trouvèrent preneurs, le solde de 60 % restant dans les mains de la Banque Cantonale Vaudoise. C'est donc dans des conditions de confiance précaires que la jeune Compagnie des forces motrices des lacs de Joux et de l'Orbe (FMJ) commença ses activités.

Première centrale : La Dernier

La première étape prévoyait la construction de l'usine de La Dernier à Vallorbe, dont la conduite d'amenée assurerait la régularisation du niveau des lacs de la Vallée de Joux, et l'établissement d'un double réseau distribuant le courant triphasé pour la force motrice et le courant monophasé pour l'éclairage. Ce réseau comprendrait 276 km de lignes principales et 235 km de lignes dérivées, qui alimenteraient 210 communes des régions centrales et occidentalesdu canton, conformément aux limites fixées par le décret de 1901. Quelques localités du pays neuchâtelois et de la France voisine, vers Bois-d'Amont, Morteau et Gex, seraient également desservies par les FMJ.

Les promoteurs de l'entreprise avaient prévu que l'énergie électrique serait livrée à 13'500 volts aux communes, ces dernières assurant la transformation en basse tension et la vente à leurs administrés. Mais les communes refusèrent de faire les frais de leurs réseaux secondaires. La Compagnie dut s'en charger, ce qui alourdit ses charges dans le moment même où les emprunts se révélaient difficiles. En retour, elle demanda aux communes l'octroi de concessions lui assurant le monopole de la distribution sur ces territoires jusqu'à l'échéance de la concession cantonale, en 1951. Cette demande fit scandale mais, après une "fronde" de certaines communes, elle fut malgré tout acceptée.

Fusion avortée

L'usine de La Dernier fut mise en service le 27 septembre 1903. Les premières communes à être alimentées étaient L'Isle et Mont-la-Ville. A la fin de la même année, 39 villages étaient desservis en énergie électrique. Une année plus tard, 210 communes en bénéficiaient. A fin 1905, on dénombrait 40'000 poteaux et environ 1'500 km de réseaux primaires et secondaires. 7'300'000 kWh étaient fournis aux abonnés. Le compte de constructions s'élevait alors à 8,5 millions. A fin 1998, après la réunion de la CVE avec la Société Romande d'Électricité, le groupe, devenu CVE-Romande Energie, présente un bilan consolidé de quelque 1,2 milliard de francs.

Si les difficultés financières ne furent pas épargnées à la jeune entreprise, la consommation de courant augmenta par contre de façon encourageante. Il fallut rapidement augmenter la puissance et la production de l'usine de La Dernier, puis accélérer la réalisation de la deuxième étape prévue : la construction d'une usine en aval, à Montcherand, qui fut mise en service au début 1908.

Des tentatives de réunion des trois principaux réseaux vaudois de l'époque (Société Romande d'Électricité, Société de l'Usine électrique des Clées et FMJ) échouèrent. Tributaires d'un seul cours d'eau, l'Orbe, les FMJ furent alors amenées à s'intéresser à d'autres possibilités de production. C'est ainsi qu'elles acquirent en 1923 la petite usine de La Peuffeyre, à Frenières-surBex, qui appartenait à la Société des Forces Motrices de l'Avançon (laquelle possède encore actuellement une autre usine, en aval). Cette centrale, captant les eaux de l'Avançon d'Anzeindaz, fut reconstruite et mise en service en 1927.

"Cuire à l'électricité"

En 1936, avec la crise économique et la perte des débouchés vers le Jura français et Gex, il devenait nécessaire pour l'économie électrique de trouver de nouvelles utilisations à cette énergie. On se tourna alors vers les applications thermiques, avec un slogan resté célèbre : "cuire à l'électricité". Pendant la guerre, on demanda aux électriciens ce que l'on tirait naguère des combustibles importés. Avec la croissance économique qui se manifesta ensuite, le problème ne fut plus le placement des kilowattheures mais le renforcement des moyens de production et des réseaux. Ce n'est qu'avec la mise en service par paliers des grandes centrales hydroélectriques et des premières centrales nucléaires que l'on disposera par à-coups des marges de production requises par de nouvelles applications, notamment dans le domaine industriel.

Dès 1937, la production des usines de la Compagnie ne permettant plus de satisfaire la demande, on avait commencé à acheter régulièrement du courant à Energie Ouest Suisse eos, coopérative d'approvisionnement des entreprises romandes d'électricité, fondée quelque 20 ans auparavant avec pour buts initiaux, d'une part, de livrer en toute circonstance la puissance et l'énergie que demandent ses actionnaires-preneurs, et, d'autre part, de contribuer à une utilisation optimale de leurs sources de production et réseaux.

A l'approche de la fin des concessions de 1901, des débats animés se déroulèrent devant le Grand Conseil sur l'ensemble du problème de la distribution électrique dans le Canton. On aboutit au décret du 26 novembre 1951, par lequel la Compagnie vaudoise des forces motrices des lacs de Joux et de l'Orbe devenait la Compagnie vaudoise d'électricité, avec la répartition suivante du capital social : 40 % des actions à l'Etat de Vaud; 30 % aux communes vaudoises; le solde étant disponible pour des actionnaires privés (ce capital-actions se monte aujourd'hui à 25,75 millions de francs).

On renonçait donc à la cantonalisation des forces motrices vaudoises, et réaffirmait le devoir de la Compagnie de fournir l'énergie électrique nécessaire aux communes et aux particuliers dans les territoires qui lui étaient confiés. Les concessions précédentes étaient renouvelées pour 80 ans à partir de 1955. Une autre concession était par ailleurs accordée à la CVE pour réaliser une nouvelle "usine des Clées", à Lignerolle (la petite centrale qui était exploitée non loin de là par la Société de l'Usine électrique des Clées serait désaffectée et la société reprise par la CVE). Cette usine moderne, d'une production très intéressante (plus de 100 millions de kWh par année), fut mise en service au cours du premier semestre 1955.

Le 1er janvier 1960, en application d'une convention passée entre les cantons de Fribourg et de Vaud, la CVE rachetait les réseaux des Entreprises Électriques Fribourgeoises dans les régions de Lavaux, du Jorat et de La Broye, jusqu'aux limites de Trey près de Payerne.

L'histoire contemporaine

En 1997, naissait le groupe CVE-Romande Energie, né de la réunion de l'entreprise avec la Société Romande d'Électricité, à Clarens.

Au moment où nous rédigeons ces lignes, il se prépare une véritable révolution dans la branche électrique avec la suppression des monopoles et l'ouverture de son marché. Celle-ci est prévue progressivement, à partir du 1er janvier 2001. Nul doute que les futures archives de cette nouvelle époque comprendront des passages particulièrement intéressants !"
(Le texte est dû à M. Olivier Rapin).

Informations internes des archives

Code d'identification:[00777]

Relations avec des ressources archivistiques

Identification et intitulé de la ressource associé:PP 701