Parisod (Fernand-André)

 

Données de base

IdentifiantParisod (Fernand-André)
 

Infos de prov.

Zone d'identification

Type d'entité:Personne
Forme(s) autorisée(s) du nom:Parisod (Fernand-André)

Zone de la description

Dates d'existence:né le 11.08.1929 - décédé le 21.12.2005
Période d'existence:11/08/1929 - 21/12/2009
Histoire:Fernand-André Parisod naît le 11 août 1929, à Lutry.

Fils d'un "petit employé de banque", FAP passe son enfance dans l'immeuble de l'UBS (Union des Banques Suisses) de Saint-François, à Lausanne, à proximité de la librairie des Frères Gonin, "éditeurs spécialisés dans le livre de luxe". Là, l'enfant curieux qu'il est, trouve de quoi satisfaire sa curiosité, comme les prémisses d'une vie artistique future, longtemps retardée. Fasciné par le monde des trains et doté d'un esprit pragmatique, son père le prédestine à une carrière de mécanicien sur locomotive (FAP s'en souviendra et s'en amusera même dans les interviews). Les années passent. FAP entre à l'Ecole des Métiers de Lausanne pour suivre des études techniques. Dans le même temps, il côtoie des peintres et écrit de la poésie. Des aspirations certes profondes, mais qui ne trouvent guère d'échos ni d'encouragements dans l'entourage immédiat de FAP. Vient le départ, ou la fuite, pour Paris. D'abord ville des espoirs nourris par lejeune FAP, Paris sera la ville des désillusions surtout. Il manque de mourir de faim. Il tourne cette "page particulièrement douloureuse" (Vallotton) de sa vie en rentrant en Suisse, guéri momentanément de ses aspirations qui n'ont pas trouvé à se concrétiser. Avec un titre d'ingénieur en mécanique en poche, FAP travaille dans le domaine de l'optique appliquée. Il construit des appareils et des dispositifs pour des sociétés reconnues comme Hispano-Suiza, Kodak, Sulzer Frères, Paillard, Siemens. Il élabore notamment des studios pour le cinéma et la photographie (une passion naissante et qui perdurera). S'étant mis à son compte dans cette discipline, une vie confortable s'offre à lui. Et FAP... de tout abandonner.
L'année charnière est 1964. Cette année-là, FAP envoie un manuscrit de son poème "Inventaire de l'aimer" au jury du Prix des poètes suisses de langue française (qui le couronnera l'année suivante; avec notamment la sortie d'un disque 45 tours) et se lance dans l'édition. Sa fascination pour le livre (sa structure et son histoire) l'emporte définitivement. Selon François Vallotton, l'édition "immonde" de l'"Inventaire de l'aimer" et plus généralement la "qualité médiocre" des éditions et revues de poésie contemporaine seraient à l'origine de la reconversion pour le moins insolite de FAP. Le premier texte imprimé par le nouvel éditeur se rêvant imprimeur est l'un de ses poèmes, intitulé "Toi la fille". Les années qui suivent sont à considérer comme celles de l'apprentissage d'un langage et d'une technique. Dès lors, FAP collectionnera un matériel d'impression (presses, caractères d'impression, meubles) de jour en jour plus important: découvrant des caractères, se familiarisant avec une presse, oeuvrant à sein d'un atelier. Ainsi commence à germer l'idée d'un conservatoire de l'imprimerie. L'artisan rejoint l'intellectuel, le faiseur de livres, il se découvre penseur de l'imprimerie. En 1967 paraît la Revue de la Reine Rouge, une revue conçue autour d'un seulnuméro. Cette publication collective (plusieurs des poètes qui accompagnent les débuts de l'éditeur-imprimeur sont ici publiés) doit être comprise "comme un acte de naissance éditoriale" (Vallotton). FAP le poète reconnu, le maquettiste, le typographe, l'imprimeur, devient éditeur. Un éditeur atypique au regard de la soixantaine d'ouvrages en plus de trente ans d'activité, chacun tirés entre quelques exemplaires et plusieurs centaines. C'est que FAP est d'abord un bibliophile. Avec une règle absolue: "ne rien réimprimer". La raison d'être d'une entreprise comme celle de FAP (cf. sa maison d'édition) se comprend d'abord et essentiellement par sa revendication d'une "authenticité de l'empreinte" ("Interview Boilat", voir ACV, PP 601/1) et son esprit frondeur ("Faire quelque chose qui n'est pas la réplique bien fidèle du texte"), et nullement par un hypothétique objectif commercial. (Plus tard, il avouera un fichier de quelque 8'000 noms et adresses en guise de clientèle, dont 2'000 sontexploités lors d'une publication ordinaire.) Certes, à ses débuts, le travail d'édition (et d'impression) entrepris par FAP reste peu considéré, sinon discrédité (cf. François Vallotton); la faute sans doute à un autodidacte à la forte personnalité qui a "fai[t] irruption dans une profession sans aucun bagage" comme il le dit lui-même. L'expérience aidant, les années passant, l'oeuvre de FAP (et tout particulièrement la typographie) finit de se dessiner, sans pour autant devenir une unité pleine et monolithique, Parisod niant catégoriquement un quelconque goût passéiste ("Je vis en recherche" avoue-t-il, et d'ajouter: "Mon grand souci, ma grande préoccupation, c'est de trouver aujourd'hui une tradition du futur"). On y reconnaît en premier lieu l'interaction existant entre la forme du livre et son contenu. La diversité de sa production impressionne: recueils de poésie, ouvrages photographiques, livres de peintres, poèmes affiches. Relevons encore, avec François Vallotton, que "l'imageva prendre une part toujours croissante dans son travail". Dès le début des années 1980, FAP travaille sur différents procédés de reproduction photographique. Ainsi, le triptyque sur le photographe lausannois Christian Coigny met à l'oeuvre un nouveau procédé dénommé "Chromostat". Son travail sur l'image (sur les images devrions-nous dire) trouvera son apothéose avec la publication de son ouvrage "London" en 1984, fruit de plus de deux ans de recherches (voir ACV, PP 601/49-51).
Mieux que nous ne serions le faire, deux phrases de François Vallotton suffisent à décrire FAP à l'oeuvre: "Le paradoxe veut ainsi qu'au moment où Parisod a rassemblé une masse incalculable de caractères, le texte est toujours davantage marginalisé par rapport à l'image. Plus fondamentalement, tout se passe comme si le sens de la création ne pouvait rester en éveil sans l'exploration de nouveaux domaines et la maîtrise de nouvelles techniques." (ACV, PP 601/1)
Outre l'édition, un autre projet d'envergure occuperaFAP dès les années 1970: la création d'un véritable conservatoire de l'imprimerie. Pour ce faire, il accumulera pendant des années du matériel d'impression à ses frais, et, en définitive, à ses dépens. Car les différentes tentatives de concrétisation s'échelonneront sur des années. L'entrée en scène de la Municipalité de Lausanne, y apportant une contribution financière, donne au projet d'un musée de l'imprimerie le nom de "Graphirama". Dans le même temps, peu convaincu et/ou peu intégré à ce nouveau projet, FAP s'en distancie (cf. ses absences répétées à croire les procès-verbaux des séances du comité de Graphirama, voir ACV, PP 601/168). Sans doute voit-il son idée lui échapper, lui être enlevée pour le dire autrement. Le projet Graphirama avorta en 1992 après qu'une commission d'arbitrage ait statué en faveur d'un musée suisse de l'imprimerie à Fribourg. FAP trouvera pour ainsi dire une compensation à travers l'organisation, sous l'égide du Centre romand d'arts graphiques (ACV,PP 601/172), d'une importante exposition intitulée "Les presses privées et la typographie créative" au Casino de Montbenon, à Lausanne, en 1990.
Il importe de citer ici son travail photographique et une exposition personnelle au Musée de l'Elysée ("Premières impressions" en 2002) comme les principaux ressorts de l'activité de FAP durant les dernières années de son existence.

FAP décède à La Chaux sur Cossonay le 21 décembre 2005.

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Code d'identification:[00765]

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Identification et intitulé de la ressource associé:PP 601