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Histoire: | Pendant près de deux siècles, de 1685 à 1879, les Baylon ont fabriqué des faïences, d'abord à Lausanne, de 1685 à 1777, puis à Nyon, de 1779 à 1829, et enfin à Carouge, de 1803 à 1879. C'est un peu après 1685 que se place l'arrivée à Lausanne de la famille d'un maître faïencier du Dauphiné, conduite par son chef Abram Baylon (1621-1704), né à Montélimar, en Dauphiné. Accompagné de sa femme, Françoise Tiery, de sa fille aînée et de son gendre, de ses fils dont le plus âgé Matthieu (1670-1731) a un peu plus de quinze ans, et de ses filles cadettes, le potier de terre s'installe à Ouchy et achète une petite propriété à Lausanne. Il construisit un four très modeste, alimenté par les bois environnants; son gendre et ses fils travaillèrent sous ses ordres. Le 8 juillet 1700, Matthieu et son père Abram achetèrent la «Maison de Billens», située à Lausanne, ainsi que le jardin qui lui était contigu. Le 6 août de la même année, le Conseil de Lausanne leur octroya la permission de faire aménager un four dans la Maison de Billens, pour cuire leurs pièces de vaisselle. Matthieu prit ses parents avec lui, laissant la petite fabrique d'Ouchy à son beau-frère, Jacques Lissignol, et à ses jeunes frères François (il mourut en 1708) et Nicodème (il quitta Lausanne pour aller chercher fortune à l'étranger).
Le 24 juillet 1701, Abram fut admis à la bourgeoisie de Lausanne. En 1706, Matthieu épousa Madeleine Vigne qui lui donna onze enfants. Après avoir passé trois ans pour parfaire ses connaissances de céramiste, Moyse (1711-1770), fils de Matthieu, revint à Lausanne; il épousa Judith Marcel et reprit l'entreprise à laquelle il donna un nouvel essor. Ses deux fils Moyse (1736-1793) et Pierre-Samuel (1737-1778) prirent la relève et apportèrent de grands changements sur le plan familial et industriel. Moyse maria une jeune fille de vieille souche vaudoise, Louise-Sophie Dapples (1751-1814). De son côté, Pierre-Samuel se maria, en 1773, avec Marie Navelon.
Après une année à l'étranger et trois à la tête d'une faïencerie à Genève, Moyse trouva à Nyon un emplacement idéal pour créer sa propre manufacture dans une maison au bord du lac. Concurrencé par Jacob Dortu, fabricant de porcelaine, Moyse connut de sérieux ennuis de santé qui provoquèrent sa mort, dans les premiers jours d'avril 1793. Sa femme, aidé de son fils aîné, Albert, prit la direction de l'entreprise et, à la mort d'Albert, en 1803, elle conduisit seule les affaires jusqu'à son décès. C'est son beau-fils, le baron Georges Michel de Niedermeyer qui avait épousé sa troisième fille, Charlotte, en 1800, qui racheta à la famille Baylon la propriété et la fabrique dont il devint le directeur jusqu'à sa mort en 1829.
Alors que la date de cessation de la faïencerie de Lausanne reste inconnue, celle de la fin de la fabrication à Nyon est attestée en 1829.
C'est à l'appel de Louis Herpin (1763-1836), qui créa sa propre fabrique de faïences à Carouge, que Jean-Abram Baylon (1778-1829), fils de Moyse et de Louise-Sophie Dapples, construisit le four à cuire la vaisselle et le moulin à broyer les couleurs qu'il installa à l'entrée de la place du Rondeau, sur le canal qui reçoit les eaux de la Drize et longe les Promenades de Carouge.
Pendant dix ans, Baylon créa et produisit les formes les plus diverses. En 1813, soit deux ans après son mariage avec Marie-Madeleine Franck (1792-1876), il ouvrit sa propre usine qu'il dirigea jusqu'à sa mort. Sa veuve, son beau-père, Antoine Franck, qui meurt subitement le 9 novembre 1830, et son fils aîné Antoine-Louis (1812-1866) reprirent la direction de l'usine.
Après la mort de Louis-Antoine, sa veuve Fanny Baylon-Lautard (1826-1883) dirigea encore la faïencerie pendant treize ans. En 1879, elle vendit la fabrique à Honoré-Joseph Picolas et Jacques Neuenschwander. Elle mit fin ainsi à une entreprise familiale qui, pendant 70 ans, fut l'un des principaux centres de l'activité artisanale à Carouge. |
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