Description | Le chemin d'Henri Cornaz n'est pas la voie ordinaire. Il n'appartient pas à la bonne société yverdonnoise, fière de son rang. Mais il l'a fréquentée dès l'examen d'entrée, à neuf ans, qui sélectionnait les élèves retenus pour le raccordement au collège. Henri Cornaz, sans agressivité, a caractérisé en une formule forte son appartenance à un autre milieu: «Ils étudiaient, j'apprenais».
Le collège ne fut pas pour lui un ascenseur social. Le père imprimeur était d'abord soucieux de préparer son fils à sa succession. C'est donc en Suisse allemande qu'Henri Cornaz apprendra à composer, parlant allemand et suisse-allemand. Plus attiré, comme il le déclare lui-même, par Berlin que par Paris. La Thièle coule au nord.
Les liens : Le théâtre, Benno Besson et Brecht - la musique (Bartok, Berg) et la chanson populaire - le ciné-club - l'Encyclopédie d'Yverdon et de Felice - la politique et le POP ' les tracts imprimés pour la résistance algérienne ' les mouvements pacifistes et culturels de gauche (Connaître) - la mise en valeur du patrimoine yverdonnois - l'amour du métier. Ce n'est qu'une liste. Mais, sous les mots, un engagement de tous les instants comme acteur ou comme amateur éclairé.
La qualité première de Henri Cornaz fut d'être là où «se passait» quelque chose. Le terme, dont on abuse si souvent, de «passeur» s'impose absolument pour caractériser son engagement. Certes, une imprimerie est un lieu de rencontres, où manuscrits, projets d'édition, aboutissent naturellement. Encore faut-il avoir l'intuition de ce qui importe. Henri Cornaz avait ce don. Telle sa découverte du théâtre de Brecht, qu'il fait à Zurich avant son ami de l'Eglise libre Benno Besson.
Henri Cornaz impressionne aussi par sa rigueur. En témoignent celles et ceux qui l'ont connu président du ciné-club d'Yverdon. A partir de cette fonction banale, il conduisait une réflexion sur le cinéma, proposant autre chose que le seul plaisir «d'aller au spectacle». |